Publié le 5 Dec 2024 - 14:38

Faire échec au bâillonnement

 

Aujourd’hui, le ministère de la Communication et du Numérique a publié la liste des médias qui seraient en conformité avec les dispositions du Code de la Presse. Dans l’immédiat, cet acte est générateur d’effets aux conséquences incalculables comme, par exemple, le fait de perdre la possibilité de bénéficier des appuis consentis à la presse à partir des ressources de l’État. Dans le long terme, nous sommes dans l’expectative, car ne sachant pas si le fait de n’être pas reconnu comme un média légalement constitué et inscrit sur la plateforme du Ministère entraînerait une fermeture.

Cette décision du ministère de la Communication est absurde et ne revêt aucune utilité en dehors de la volonté de fragiliser, puis de faire taire des médias jugés subjectivement hostiles et/ou qui refusent de jouer le rôle d’agents de propagande. En effet, logique pour logique et cohérence pour cohérence, si demain, le ministère en charge des Finances et du Budget décidait de publier la liste de toutes les entreprises au Sénégal qui ne sont pas en conformité avec le Code des impôts et celui de la Douane et de leur interdire, subséquemment, de faire affaires avec l’État qu’adviendrait-il ? La réponse coule de source : en pratique, elles seraient nombreuses à être écartées de la commande publique ! Si, le surlendemain, le ministère en charge du Travail faisait de même pour toutes les entreprises exerçant au Sénégal jugées en état de non-conformité par rapport au Code du Travail et au Code la Sécurité Sociale, avec comme corollaire, la décision de les empêcher de participer aux soumissions de marchés (publics et privés), alors ce serait une catastrophe généralisée ! Ce raisonnement absurde pourrait être continué à l’infini avec le ministère en charge des établissements classés non conformes par rapport au Code l’Environnement etc.

Il est clair et évident que la seule motivation qui constitue le soubassement de cette décision absurde serait une volonté de bâillonner les médias trop critiques, voire indépendants de la voie de pensée unique tracée pour tous les sénégalais. Les médias, leurs employés et les organes qui les représentent doivent se battre, alors qu’il est encore temps, pour se soustraire de cette diabolique entreprise de liquidation collective. Un média ou un groupe de presse qui ne se sent concerné aujourd’hui, car faisant partie de la liste publiée aujourd’hui, pourrait faire l’objet d’un ciblage demain. Aucun d’entre eux n’est à l’abri. Collectivement, ils pourraient se montrer forts et capables de se battre pour assurer leur pérennité. Le peuple épris de justice doit se lever et se ranger de leur côté, car ce sont les libertés individuelles fondamentales reconnues par la Constitution à toutes et tous les sénégalais(es) qui sont menacées. Pour rappel, au nombre des libertés individuelles fondamentales consacrées par l’article 8 de la Constitution figurent la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de la presse, le droit à l’information plurielle, etc.

Pr Cheikh Faye

Libérer Moustapha Diakhaté !

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