Publié le 23 Dec 2015 - 14:27
GAMOU 2015

Tivaouane dans une ferveur effervescente 

 

A quelques heures de la célébration de la 114ème édition du Mawlid ou Gamou, c’est déjà l’effervescence à Tivaouane où plusieurs fidèles ont convergé. 

 

Illa Tivaouane. Ce message posté sur plusieurs réseaux sociaux est bien une réalité dans la sainte ville de Maodo qui a commencé à enregistrer, depuis lundi, une grande affluence de pèlerins. Valise sur la tête ou sac au dos ou à la main, les fidèles, bercés par des chants tidianes distillés par des radios, arpentent les différentes rues de la ville en direction de leurs différents lieux d’accueil. La marée humaine désoriente certains pèlerins obligés de recourir aux ‘’actions’’, nom donné aux membres du Comité d’organisation au service de Khalifa Ababacar Sy (Coskas) reconnaissables par accoutrement en vert ou vert et blanc. Des fois, ces guides ne sont pas plus informés que les fidèles dont certains sont arrivés depuis lundi après-midi, pour assister à ce qu’il convient d’appeler la fin du ‘’Bourde’’.

En attendant la célébration de la Naissance du Prophète Mouhamed (PSL) prévue cette nuit, plusieurs fidèles tidianes en profitent pour faire les traditionnels ziara dans les différents domiciles des marabouts, comme celui du défunt khalife général des tidianes, Serigne Mansour Sy, appelé ‘’Boroom Daara ji’’. Devant les mosquées El Hadj Malick Sy et Serigne Babacar Sy, ce sont de longues files d’attente pour un moment de recueillement. La dernière mosquée bat le record d’affluence, vu la place que le premier des tidianes occupe dans le cœur des pèlerins. Mais les nouvelles infrastructures, notamment le ‘’Complexe Seydi El Hadj Malick Sy’’, inauguré samedi passé, suscite la curiosité des fidèles, même s’il n’est pas encore ouvert au public. ‘’Macky a touché le cœur de tous les Tidianes. Serigne Babacar le gratifiera pour son action. En tout cas, à la prochaine élection, je lui dédierai ma carte’’, dit avec enthousiasme un vieux sous le regard appuyé de ses voisins. Au champ des courses, lieu où les Moustarchidines célèbrent le Gamou, c’étaient les derniers réglages hier matin. L’accès est resté difficile pour les fidèles impatients de voir leur guide, Serigne Moustapha Sy.

Problèmes d’eau et d’électricité

La population locale n’est pas en reste dans cette ferveur. Elle est de plain-pied dans les préparatifs, avec plusieurs maisons qui ont fait peau neuve pour accueillir les pèlerins. Jadis calme et désert, le quartier HLM, situé derrière la Préfecture, grouille de monde. Certaines rues sont transformées en cuisine et dortoir par des dahira que ne peuvent contenir les maisons. Des bœufs sont attachés à plusieurs coins de rue. ‘’Je plains les bœufs en ce moment’’, lance d’un ton ironique un garçon à son compagnon. Ce dernier de rétorquer sur le même ton : ‘’C’est minime par rapport à ce qu’ils subissent durant le Magal, avec Cheikh Béthio Thioune.’’

Cependant, malgré les préparatifs, certains quartiers comme la cité Maodo sont confrontés à un problème d’eau et d’électricité. Hier matin, certains résidents étaient obligés d’acheter la bouteille d’eau de 20 litres à 50 F CFA, auprès de charretiers. D’autres ont fini par avoir de l’eau sans débourser, grâce à une distribution faite à la Préfecture où plusieurs camions-citernes ont été mobilisés dans l’après-midi. Contrairement aux promesses tenues par le ministre de l’Hydraulique qui avait assuré une distribution quantitative de l’eau durant le Gamou.

Business contrarié

Le Mawlid, ce n’est pas seulement le côté ferveur. Mais c’est aussi le côté business avec plusieurs sociétés de la place qui se tapent un coup de publicité sur les sachets et bouteilles d’eau distribuées à foison devant les domiciles des marabouts. Un business qui risque ne pas être florissant pour beaucoup de marchands obligés de jouer au chat et à la souris avec les policiers. Car cette année, le commerce est interdit sur plusieurs axes. Si les marchands doivent faire face aux policiers, les gérants de service de transfert d’argent sont confrontés à un problème de connexion. Le flux d’envois donnent souvent du fil à retordre aux usagers, avec le réseau qui se plante constamment, créant l’angoisse chez certains. ‘’Je ne sais pas quoi faire avec le réseau qui s’est planté, alors que je n’ai pas encore fait toutes mes dépenses’’, dit une dame l’air anxieux. A l’image des autres fidèles et populations de Tivaouane, la dame entend se recueillir, mais aussi passer des moments de communion le temps d’un Gamou.

Demain, ce sera au tour de leurs frères chrétiens de célébrer la naissance du Jésus Christ dans la ferveur mais aussi la communion.  

FATOU SY (Envoyée spéciale à Tivaouane)

 

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