Innallaha ma’as sabireen : “Dieu est avec ceux qui endurent”
Endurer, c'est savoir tenir bon. Tenir encore, tenir toujours face à l'injustice. Endurer pour mener un combat légitime, endurer pour se battre pour l'honneur et la dignité humaine.
Historiquement, les combats pour le respect de soi et des autres ont été menés par des acteurs politiques courageux et amoureux de leur patrie, utilisant les médias pour montrer à leurs concitoyens la voie à suivre. Mais ces dernières années, le cadrage de l'information dans le paysage médiatique sénégalais a contribué à façonner l'image d'hommes et de femmes dont les discours contribuent à structurer un espace politique fragmenté, un espace public désorienté. C'est une affirmation que nous prenons le risque de nuancer à la lumière de la percée des réseaux sociaux numériques. Ces derniers offrent de plus en plus des espaces informationnels et communicationnels qui permettent à des sujets interprétants ou à des entrepreneurs moraux de manifester leur indignation en tenant des discours qui dressent le portrait d'acteurs politiques qui laissent souvent s'exprimer leurs intérêts crypto-personnels au détriment de l'intérêt collectif.
Au Sénégal, l'"effet d'amorçage" qui explique les "critères de jugement" utilisés par le public pour se forger une opinion sur les partis et les candidats permet de comprendre la tension sociopolitique qui règne depuis l'annonce de la condamnation d'Ousmane Sonko (candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024 et principal opposant au régime dirigé par le Pr Macky. Sall). Cette tension politique est, en réalité, le résultat d'une divergence d'opinions. Une divergence de points de vue qui aurait dû conduire à la création d'une opinion publique incolore, inodore et impartiale. Car l'opinion publique est avant tout un arbitre, une certaine conscience, la forteresse intérieure d'une nation. Et en tant que telle, elle ne peut et ne doit pas être le fruit de l'action souterraine de certains acteurs politiques pour créer et nourrir des idéaux qui minent notre société et conduisent inévitablement à la détestation de tous contre tous. La crise actuelle, née de "l'affaire sweet beauty", a débouché sur une situation politique sans précédent. Une véritable guérilla urbaine, avec des scènes de violence inouïe, des pillages chaotiques et des pertes humaines.
Pour les uns, ces scènes sont le résultat de manœuvres politiques obscènes sur fond de déclarations mensongères visant à isoler un candidat potentiel à la présidence ; pour les autres, il s'agit d'appels à la violence lancés par des politiciens inconscients, irresponsables et sans profondeur historique. Quoi qu'il en soit, chaque camp fait des déclarations destinées à influencer l'opinion publique. Cela crée une fracture importante dans le pays, avec deux blocs que l'on peut facilement qualifier de deux camps irréconciliables, deux camps qui veulent inévitablement avoir raison sur tout. Néanmoins, aucun parti ne devrait chercher à remporter la victoire dans cette crise politique sanglante. En vérité, la victoire vient de l'aide d'Allah : "Ida ja-a nasroul-lahi wal fath".
Comme le bois mort de la nation sénégalaise, ces acteurs politiques qui prennent en otage le Sénégal et le peuple sénégalais, doivent cesser de manipuler les masses et privilégier leurs propres intérêts, en sacrifiant sans gêne des vies humaines. De plus, ces âmes insensibles, par leur tortuosité, sont en train de déconstruire ce qui a toujours été le socle de notre beau pays : la volonté commune de vivre ensemble, traduite par la devise un peuple, un but, une foi.
Avec une certaine persistance, nous devons envoyer un message clair à ces acteurs : ils doivent arrêter, car nos frères meurent comme des mouches sans que personne ne s'en émeuve. Nous avons l'impression que leur objectif est clair : affaiblir les cordes qui tiennent notre belle pirogue, celle-là même qui nous permet de naviguer pour construire un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous.