Publié le 12 May 2012 - 12:13
KARIM WADE, FARBA SENGHOR, PAPE DIOP

La bonne chasse aux sorcières

 

 

Et c’est parti pour, peut-être, un long feuilleton de chasse aux biens mal acquis. Présumés de s'être enrichis de façon peu vertueuse pendant la gouvernance d'Abdoulaye Wade, plusieurs dignitaires de l'ancien régime pourraient être inquiétés par les magistrats de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, réactivée par le président de la République après trois décennie de sommeil. En ligne de mire, des membres de la famille du président sorti. En premier lieu, son fils Karim Wade, auquel on prête volontiers de multiples biens personnels ou placés en prête-nom. Dans une récente parution, EnQuête informait déjà que les biens de ce dernier étaient sérieusement pistés dans des villes en France, notamment. Sa gestion décriée de l'Anoci, mais aussi son implication dans les plus gros projets des deux mandats de son père (Aéroport Blaise Diagne, Plan Takkal, Sénégal Airlines, privatisation de la Sonacos devenue Suneor, etc.) devraient être passées au crible. Mais il est loin d'être le seul. A son sujet et pour les autres, les résultats de commissions rogatoires mises sur pied par l'Etat seront déterminants. Compagnon historique de Me Wade, Pape Diop serait également dans le collimateur des juges. Son «cas» a été évoqué entre ces lignes il y a quelques semaines, notamment ses propriétés immobilières. Néanmoins, le président du Sénat se dit prêt à la confrontation judiciaire avec ses «détracteurs», convaincu d'avoir «acquis» ses biens «immenses» en toute licéité.

 

 

Plan Jaxaay, passeports numérisés...

 

L'ancien ministre et ex-chargé de la mobilisation du Pds n'est pas en reste. Fantasme ou vérité, on glose beaucoup sur les «milliards» qu'il aurait planqués dans un ou plusieurs comptes bancaires. On le dit propriétaire d'un ou de multiples immeubles, mais Farba Senghor n'en pipe mot. EnQuête a tenté de l'interroger le mois dernier, il avait répondu n'avoir rien à cacher. C'est sûrement le cas pour d'autres «cibles» du pouvoir, comme l'ex-ministre de la Décentralisation Aliou Sow, l'ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye dont le parc automobile est jugé impressionnant. Mais aussi de Abdoulaye Baldé, le maire de Ziguinchor qui, répondant un jour par rapport à l'origine de sa «fortune», disait que ce sont des amis arabes qui en sont à l'origine. Sans oublier Oumar Sarr, maire de Dagana et responsable du Plan Jaxaay, un gouffre à 52 milliards de francs Cfa ; ni Ousmane Ngom avec le marché déclaré «irrégulier» des passeports numérisés des Malaisiens.

Au centre de tout cela, il y aura bien sûr Abdoulaye Wade en personne, soupçonné de ne pas être étranger à ces magouilles durement sanctionnées à la présidentielle du 25 mars 2012.

 

Amadou Ndiaye

 

 

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