Publié le 22 Feb 2018 - 22:20
LA BAVIERE ET LE SÉNÉGAL COMBATTENT L’EMIGRATION

‘’Ce n’est pas la mort qui m’effraie, mais une vie sans avenir’’

 

Fruit d’une coopération fructueuse entre l’Allemagne et le Sénégal, la naissance du centre Bavarois-Réussir Sénégal vise à fixer les jeunes Sénégalais dans leur pays et les pousser à abandonner toute velléité d’émigration clandestine.

 

‘’Ce n’est pas la mort qui m’effraie, mais une vie sans avenir’’. Cette phrase est d’un jeune émigré thiessois de 29 ans qui a pris les pirogues à destination de l’Espagne et qui, finalement, a échoué à Las Palmas. Après avoir été secouru et pris en charge par les éléments de la Croix-Rouge espagnole, le jeune Diabel a été refoulé du territoire de Franco à bord d’un avion. En partant, il avait emporté toutes les économies de sa famille qui ont contribué à enrichir les bandes de passeurs. Un autre jeune Thiessois du nom de Victor Tine (20 ans) a, lui, décidé de suivre une formation en technique solaire au centre Don Bosco construit par le diocèse de Thiès. Après ses études, il y a trouvé son compte et parvient à prendre en charge sa famille.

Ces deux exemples, révélés hier à Thiès par la ministre de l’État libre de Bavière, en charge des Relations internationales, lors de l’inauguration du centre Bavarois-Réussir au Sénégal, en disent long sur les pièges que recèlent les chemins de l’exil vers l’Occident qui n’est plus un Eldorado. D’après le docteur Beate Merk, les jeunes Sénégalais peuvent rester sur place, travailler pour eux-mêmes, pour leurs familles et participer, en même temps, à la construction de leur pays. Aussi, soutient-elle qu’il suffit de créer les conditions pour les retenir. D’où la mise en place, à Thiès, de ce centre qui vise la création d’emplois et de perspectives d’avenir pour les jeunes.

Avec les 30 millions d’euros investis au Sénégal pour les activités de formation, notamment dans les domaines de l’agriculture durable, de l’agro-écologie et en énergie solaire au bénéfice des jeunes, le Dr Merk affirme que cela peut permettre de fournir des revenus et des perspectives d’avenir aux jeunes. ‘’Aucune mère ne souhaite voir son fils partir pour un voyage qui met sa vie en péril. Aucun père ne souhaite ne jamais revoir son fils. Aucun fils ne souhaite échouer à l’étranger. Le Sénégal a besoin de ses enfants. Victor a su que le soleil brille sur son pays, le Sénégal, et va participer à sa construction et faire profiter à sa famille sur place. Il croit en sa chance au Sénégal. Il a su que l’Afrique est le continent des opportunités. Tous les jeunes Sénégalais doivent penser la même chose. Nous voulons que tous empruntent le chemin de Victor Tine’’, recommande le docteur Beate Merk.

Poursuivant son propos, la ministre d’État des Affaires européennes et des Relations internationales dans la chancellerie d’État de Bavière, demande également aux jeunes Sénégalais d’être fiers de leur pays et qu’ils regardent l’avenir avec ‘’courage et optimisme’’. L’avenir, dit-elle, appartient à ceux qui le dessinent et agissent.

Lueur d’espoir

De son côté, l’évêque de Thiès soutient que ce centre va permettre aux jeunes de déployer ‘’leurs potentialités sur place’’ et d’acquérir des compétences qui leur ouvrent de réelles perspectives d’avenir pour le développement du pays. ‘’Le centre Bavarois-Réussir au Sénégal est une maison qui offre le bien-être à tous, car il est bâti sur les valeurs partagées de l’amitié, de la fraternité et de la solidarité. Au nom du diocèse de Thiès, j’apprécie cette belle et noble initiative. En effet, les sirènes de la migration tourmentent les jeunes, déstabilisent beaucoup de familles, inquiètent notre église diocésaine et hypothèquent le développement de notre pays. Pour notre part, nous ne cesserons de sensibiliser sur le danger de l’aventure migratoire’’, soutient monseigneur André Guèye.

Cependant, il regrette que les uns et les autres soient confrontés à la difficulté de pouvoir proposer à la jeunesse une alternative qui lui donne confiance en elle-même. Mais, dit-il, l’espoir est encore permis, avec la naissance dudit centre. ‘’Ce centre constitue une lueur d’espoir pour nous. Et sur le plan spirituel, il traduit, pour nous, l’action de la providence divine qui, à travers les relations que tissent les humains, fait briller son soleil sur tous (...). Les diocèses de Thiès et de Bamberg (en Bavière) sont fiers de constater que le jumelage tissé depuis 10 ans, serve de porte de coopération bilatérale germano-sénégalaise. Les deux diocèses ont largement contribué au financement et à la restauration de ce centre. Je souhaite que cette coopération fructueuse puisse bénéficier aux jeunes Sénégalais pour qu’ils ne veuillent pas changer de pays, mais plutôt changer et transformer leur pays pour y vivre dignement’’, préconise le président du dialogue inter-religieux au Sénégal.

Monseigneur André Guèye de dire tout son engagement à soutenir le programme ‘’Réussir au Sénégal’’, afin qu’il puisse être une ‘’réussite totale’’ au ‘’pays de la Téranga’, au grand bonheur de sa jeunesse et surtout des plus pauvres.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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