Publié le 12 Aug 2012 - 15:20
L'AUTRE RÉPONSE À LA QUESTION (2ère partie)
Où Va Macky Sall ?

 

 

 

 

Deuxième levier : De la primauté de la patrie sur le(s) parti (s)

Assumer un Nouvel ordre de priorités, c’est assumer le souci du pays dont les intérêts priment sur les logiques partisanes. C’est articuler l’action politique autour de l’essentiel, et l’essentiel, c’est le devenir de la communauté dans son ensemble et non un destin individuel. Le 25 mars est, entre autres, une critique radicale de la politique centrée sur les intérêts de clan. C’est ainsi que s’éclaire l’option du Président Sall pour une vaste coalition des forces vives de la Nation dont Benno Bokk Yaakaar est, aujourd’hui, une expression admirable. Ce rassemblement politique n’est pas un choix de circonstance. Il résulte d’une conviction forte que la politique implique une très bonne part de partage ou, alors, elle est vouée aux jeux et enjeux entre acteurs uniquement mus par leurs intérêts particuliers.

 

Le Sénégal est, en effet, un pays en construction, confronté à des défis primaires : minimum social pour chaque citoyen, infrastructures de base, soins de santé, eau potable, déficit alimentaire, faible niveau d’industrialisation, gap scolaire, très lente évolution de l’agriculture vers la modernité… Sur une période plus ou moins longue, le pays devra faire face à ces gaps qui ont une forte dose d’historicité car étant historiquement datés. Jamais on n’entendra des candidats dans une élection aux Etats Unis, en Allemagne, au Japon, en France ou en Belgique aborder ce genre de questions sinon sous l’angle de la qualité. Dans tous ces pays, ces questions ont historiquement trouvé des solutions. Ainsi, il est impératif de réaliser des consensus forts sur la base de convergences minimales assumées autour desquelles l'ensemble des Sénégalais se retrouvent. Cette approche va au-delà des forces politiques. Elle interpelle également les forces sociales et la société civile.

Dans cette perspective, la politique ne peut plus être considérée uniquement comme la confrontation permanente ente majorité et minorité. Elle requiert, dans certaines circonstances, une concentration maximale sur des objectifs communs, des objectifs qui transcendent les clivages et surplombent les différences.

 

Il est donc impératif de tenir ferme sur la logique Benno Bokk Yaakaar, de ne pas céder à la tentation sectaire, de consolider l’alliance stratégique, de s’ouvrir à tous les souffles féconds, y compris aux bastions démocratiques de l’ancien parti au pouvoir qui ont participé à l’événement crucial du 25 mars 2012. Le Président Sall construit ainsi les bases d’une action collective cohérente et riche de la diversité de ses acteurs qui doivent apprendre à travailler ensemble, à identifier ensemble les convergences minimales et à bâtir ensemble les consensus nécessaires à la paix et la stabilité du pays engagé dans la voie du développement véritable. Une telle option n’altère en rien l’autorité du Président de la République. Elu confortablement par 65.8% des Sénégalais, il a une légitimité incontestable et une base populaire solide pour exercer toutes ses prérogatives constitutionnelles, décider et impulser les réformes indispensables. Il reste ainsi le centre ultime de décision dont l’éthique est soutenue par un projet de gouvernance sobre, vertueuse et efficace.

 

Troisième levier : De la gouvernance sobre, vertueuse et efficace

La rationalisation des structures de l’Etat par la suppression d’une soixantaine d’agences et de directions sur fond de mise en cohérence, la synergie des corps de contrôle de l’Etat, la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite et plusieurs mécanismes prévus dans la prévention et la lutte contre la corruption inscrivent l’Etat dans une nouvelle trajectoire faite de sobriété, de vertu et d’efficacité. La nouvelle gouvernance vise aussi, opportunément, à faire émerger un appareil administratif performant et efficace, soucieux de la qualité des services offerts aux usagers et apte à se hisser à la hauteur des appareils productifs pour le développement.

 

Une telle manière de considérer la gouvernance est inséparable de l’impératif de porter la démocratie au plus haut des normes standard qui consacrent pleinement les libertés collectives et individuelles, l’ancrage d’institutions fortes, la participation active des citoyens à la vie de leur pays. Il est évident que la qualité de la gouvernance, dont la règle d’or est la transparence, induit des performances certaines dans la mise en œuvre des stratégies de développement. Elle rassure, en effet, les investisseurs nationaux comme étrangers, les partenaires au développement et les milieux financiers.

 

Dans cette perspective, l’Etat devient à la fois un régulateur, un stimulateur, un garant de l’équité et de l’égalité de tous devant la loi, un gardien vigilant du bien commun, un agent distributeur de justice, soucieux de la gestion rigoureuse des ressources publiques et sobre dans son fonctionnement. C’est le contraire même de l’Etat dispendieux, interventionniste à souhait, dominé par les logiques partisanes et incapable de prendre de la hauteur pour incarner l’intérêt général, l’unité de la nation et la cohésion de la société.

 

Pour conclure

Un Nouvel ordre de priorités, la primauté de la patrie sur le parti et le projet de nouvelle gouvernance : tel est le tracé de pensée et d’action du Président Sall. Adossé à ces trois leviers, le Sénégal peut renforcer la reconnaissance internationale dont il bénéficie et, par conséquent, la légitimité de sa voix partout où se décide le devenir du monde. En somme, le Sénégal affirme davantage sa posture d’allié stratégique et de partenaire crédible dans la construction d’un espace sous-régional et international de paix et de sécurité.

FIN

Par El Hadj Hamidou KASSÉ

Conseiller Spécial du Président de la République

 

 

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