Publié le 10 Oct 2013 - 13:50
LIBRE OPINION – JARAAF

Quelle solution pour juguler la crise ?

 

 

Voilà que resurgissent une fois de plus, les démons de la division dans le sport sénégalais. Cette fois-ci, malheureusement c’est le mythique club du Jaraaf qui en fait les frais. Un club qui a toujours renvoyé au monde sportif sénégalais, l’image de club le plus structuré, renfermant en son sein les dirigeants au sens de responsabilité des plus élevés et savant se retrouver dans les moments les plus difficiles, pour laver le linge sale en famille. De ce point de vue, il est des choses à regretter doublement.

D’abord, que cette crise naisse à partir d’ambitions, aussi nobles que celle du contrôle de la présidence du club, déclinées par deux parmi ses membres les plus imminents et qu’ensuite, elle se soit déroulée dans un contexte où l’unisson autour de l’équipe nationale est vivement souhaité. Au regard des ambitions affichées pour le club par les deux antagonistes de la crise, il n’est même pas permis de douter de leur sincérité à porter les couleurs du Jaraaf le loin possible plus. Il faut reconnaître tout de même que, eu égard à tout ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux, les méthodes et pratiques utilisées pour remplacer le Président Wagane ne sont pas des meilleures et sont aux antipodes des dispositions statutaires qui gouvernent les organisations associatives. Cela renvoie à l’image d’un complot alors que, comme le dit le Président Wagane, le Jaraaf nous a habitués à mieux que ça.

C’est vrai qu’il est généralement souhaité qu’en matière de renouvellement des instances, surtout dans le mouvement associatif, le consensus à même de garantir la continuité dans l’unité, prévale. Toutefois, le consensus suppose un accord préalable des parties et à défaut, c’est le vote qui s’impose. Il reste entendu que ce vote pour qu’il puisse garantir la transparence et l’équité doit, non seulement s’adosser aux textes mais également que les électeurs remplissent les conditions et à temps opportun. Malheureusement, toutes les crises qui naissent des renouvellements des instances au niveau des clubs de football, révèlent des dysfonctionnements relatifs très souvent à l’identité et à la légitimité de l’électeur.

A ce niveau les textes sont plus que jamais  clairs. Seulement, au Sénégal, il y a lieu de s’interroger sur cette propension à vouloir toujours faire fi de l’application des textes qui, dans tous les cas, restent le seul et unique élément auquel, il faut faire recours en cas de conflit. C’est dommage qu’en cas de conflit de ce genre, on sert toujours la même rengaine avec des antagonistes s’accusent  mutuellement de remplir la  salle de nervis pour perpétrer un coup de force et se faire élire Président. Dommage pour le sport sénégalais ! Plus grave encore pour un club comme le Jaraaf qui, au-delà de la parenthèse Lamine Diack-Wagane, a toujours été un modèle dans ce domaine. Il est temps que la tutelle (ministère de l’Intérieur), la Fédération ou toute autre structure habilitée mette de l’ordre dans tout cela, et que la tenue de réunion des renouvellements des instances se fasse régulièrement dans les conditions requises (ventes régulières des cartes de membre).

Il est également à déplorer que des arguments à base régionaliste soient utilisés pour écarter tel ou tel autre candidat à la présidence d’un club quel qu’il soit, sous nos cieux. Cet argument est d’autant plus gênant qu’il est orienté vers un homme comme El Hadj Diouf, vice-président sortant qui, quoiqu’on dise, est régulièrement allé au charbon pour défendre les intérêts du Jaraaf avec beaucoup d’engagement. N’étions-nous pas tous fiers de voir en tant que Sénégalais, Pape Diouf diriger l'Olympique de Marseille ? Nous pouvons même admettre qu’assumer la charge de présidence de club de football requiert des qualités telles que la sagesse, la capacité de pouvoir fédérer et de rassembler qui font défaut semble-t-il à El Hadj Diouf. Mais est ce une raison pour tordre les textes afin de lui barrer la route ?

Aussi paradoxal que cela puisse être, des personnalités citées par la presse, supposées appartenir à l’un ou l’autre des deux camps et qui ont eu à assumer des responsabilités dans ce pays, semblent cautionner ce contresens. Attention ! Les armes d’aujourd’hui peuvent se révéler fatales demain contre son utilisateur d’hier. En valeur intrinsèque, El Hadj comme chez Cheikh peuvent diriger le Jaraaf. La question est de savoir lequel des deux peut porter le club au niveau que l’assemblée générale, seule souveraine à élire un président, voudra qu’il soit porté. Chaque camp crie à la victoire. L’un des camps tentant de mettre l’autre devant le fait accompli, en mettant en place un bureau ; pendant que ce dernier brandit la menace d’une saisine de la justice. Bataille judiciaire sur fond de légitimité contre légalité en perspective et dont l’issue laissera forcément des séquelles préjudiciables au bon fonctionnement du club avec les risques de division aux conséquences incalculables qui s’ensuivront, surtout quand on connait certaines de nos réalités. Quelque soit le camp qui aura le dernier mot dans un tel contexte, il n’y aura pas de vainqueur mais un seul perdant, le Jaraaf.

A défaut d’amener El Hadj à renoncer au nom de l’intérêt du club qu’il dit lui-même, avoir contribué à le porter au niveau où il se situe, il faut pour sauver ce dernier, trouver un homme de consensus pour conduire une période de transition. Cette période mise à profit devrait  permettre de se retrouver et de faire le meilleur choix possible qui agréerait tout le monde. Le football sénégalais a besoin de clubs forts qui pourront lui valoir des lendemains glorieux. Il ne faudrait pas que ce qui est arrivé à la Jeanne d’Arc arrive au Jaraaf. 

 

Mamadou FAYE

Hamo /Scat-Urbam

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