Publié le 18 Feb 2015 - 23:27
LIBRE PAROLE

La Coalition, le new deal politicien.

 

Il faut reformer l’Etat archaïque avions-nous tenté de persuader les pouvoirs publics. Aujourd’hui, il y a lieu tout autant de les interpeller pour initier la reforme de la politique en réduisant les partis afin qu’une coalition ne soit plus portée à la tête  de l’Exécutif et du législatif.

 Le « coalitionnisme » a dénaturé le champ politique et déteint sur la décision et la démarche  avec des errements, des chantages ou empêtrements des idées, en fonçant tout droit vers la confusion et  le fiasco total.  Nous avions tenu à alerter l’opinion sur un tel flou  apolitique.

L’ancien président soutenait que le Sénégal sera toujours dirigé par une coalition comme déclinant une aberration en faisant autrement du militantisme mu en clientélisme. Confirmation avec l’élection de l’actuel président qui s’adjuge des 65 % des suffrages coalisés alors qu’il n’en détenait que le tiers.

Nous  ne faisons pas de l’esprit et ne versons nullement dans la caricature en relevant les aspects saillants de la vie politique. Comme nous l’affirmions qu’il ne s’agissait pas de réinventer la roue mais qu’on devait procéder par synthèse en écrémant la quintessence de l’expérience ou la longue pratique de la chose publique.

Deux approches érigées en principe exigeraient d’abord l’appartenance à une formation politique que l’on substitue aujourd’hui à une famille puis le consensus des grands dignitaires  qui valide la candidature du prétendant au trône, sous forme de tontine politique avec l’apport des lobbys. Du coup, les perdants légitimes se confinent au rôle de « coalisant » et non d’opposant.

A l’instar de toute coalition, Benno Bokk Yakaar ne serait qu’une hydre qui végète avec ses dinosaures en sénescence, malgré leur volonté de vouloir régner véritablement sous la coupole du leader au pouvoir. C’est le new deal  politicien, conçu et scellé par un code de conduite, et chacun s’y soumet strictement selon son apport aux  suffrages, s’échappant du coup au mauvais sort, voire mort politique.

Au terme d’un compagnonnage de trois ans, le constat est là : aucun des coalisées ne consentirait à rompre les liens se cramponnant à cette bouée de sauvetage et nul ne s’aventurerait à couper le cordon à son détriment quitte à fondre dans l’APR  comme le FEP, le PPC and Cie retrouvant ici Macky 2012 et l’autre Benno Siggil Sénégal et ces moult associations comme FMCB…

La  transhumance est ainsi consacrée par l‘APR (par la voix de son Maitre) pour son maintien au pouvoir et obtenir un second mandat. Ses portes sont grandement ouvertes et c’est la ruée vers l’or, les fonds et les sinécures. Le pacte du « win-win » politique. Un deal qui risque de détruire le militantisme et faire abhorrer la chose politique.

Une expérimentation au Mali avec ATT, un pouvoir sans opposition au détriment du peuple, indique à souhait la conséquence tacite. La nature ayant horreur du vide, finalement c’est l’armée  qui s’incruste dans la brèche pour combler le vide ou plus tard  boucher par les rebelles.

Pour se massifier l’APR s’agrège de particules diverses et disparates constituées de hâbleurs opportunistes et transhumants : un greffage hétéroclite d’associations politiques et petites familles politisées, provoquant une hypertrophie à l’instar du PDS qui finira par imploser en APR, Bok Guis guis entre autres dizaine de « partillons ».

En conséquence, la politique est en train de mourir, entrainant avec elle la débâcle des partis AFP, PS les plus structurés à cause d’une bataille d’objectifs (non candidature en 2017) et générationnelle mais aussi l’insignifiance chronique et le déclin des partis de la deuxième génération  « dépolitisés », souffrant de déficit de moyens et d’un manque de leadership.

Réformer consistera à restructurer les partis par des courants Gauche, Droite et Centre comme l’exige l’orthodoxie démocratique à l’image des USA avec des républicains et des démocrates. Nul ne pourra inventer une autre voie pour prétendre ériger un ensemble organique avec des objectifs clairs.

 Le bon sens admettrait d’’innover en permettant de créer des extrêmes apparemment assimilables  et implicitement « coalisables ». Du coup, on limite exprès les partis à une demi-dizaine sans en enfreindre les règles démocratiques et violer la constitution. Cette pléthore de « parti-Mpe » (micro petite entreprise) ou « association-GIE » nous mènera à coup sur vers l’implosion sociale et le chaos politique si on ne verrouille pas.

« Reformer, l’enjeu est d’élargir et de renforcer le régime des libertés collectives et individuelles, dresser des remparts contre les injustices et rendre aux citoyens la plénitude de leurs droits tout en respectant leurs devoirs, » dixit le Chef d’Etat.

Réformer et raviver la vraie politique devront nous amener à rééquilibrer les pouvoirs, élargir et partager les prérogatives mais aussi les déléguer à des démembrements, contrairement à l’Article 47 de la Constitution de 1963 léguant au Président des pouvoirs exceptionnels. Une aberration en octroyant à un seul individu cette tâche démiurgique.

La dernière modification de 2009 de la Loi Constitutionnelle ne déroge pas à la règle en ses ART 42-43-45 (avec des pouvoirs exorbitants) et alléger ne traduit pas dépouiller mais non plus retour à l’imbroglio de 1962 (confusion et instabilité) du parlementarisme ; il s’agit tout juste d’éviter  l’accaparement des pouvoirs qui nuit le pouvoir.

Nous insistons sur la loi de 2009 qui stipule, le présidentialisme modéré ou déconcentré, devra être conservé en  laissant à un Premier Ministre le soin de piloter l’Exécutif même en évitant la crise de dualité  avec son président et le parricide prématuré ; autrement du bicéphalisme, avec des relations plus heurtées comme rapports avec son mentor, pouvant conduire à l’embastillement sous moult prétextes.

 En évitant la dictature d’un régime présidentiel concentré et ses troubles politiques, économiques et sociaux, on devra tout autant mettre fin à la cohabitation critique des Pm encombrants, accusés de trahison. On cherchera le juste milieu ou faire la part des choses, entrainant la démission du président comme SG du parti, rompant tout lien politique.

La Constitution de 1967-70 limitait la durée du Président à 4 ans et des pouvoirs  législatifs circonscrits et ne dépassant une telle durée dès lors que leurs gestions restent liées et les consultations organisées simultanément pour le renouvellement des hommes pour lutter contre le retour du  dauphinat ou la dévolution automatique.

Du coup, le numéro de 2 du parti doit être coopté comme Pm pour défendre sa DPG, ou un chef de parti désigné en remplacement de l’ancien devenu Chef de l’Etat comme le veut le principe de la séparation des pouvoirs et tous les autres chefs de parti de la coalition devraient suivre le pas.

 Il faut inclure le referendum révocatoire pour éviter le 23 juin afin de parer une éventuelle mascarade ou tripatouillage des textes. Faire en sorte  qu’il n’y ait plus de velléité de se cramponner au trône du pouvoir. Tout autant, on devrait encore verrouiller afin de nous épargner des pirouettes  pour revenir illégitimement aux commandes comme Chef d’Etat.

Il faudra cadenasser tout le dispositif afin de rompre d’avec la routine qui grise, désoriente l’élu et dévoie. Des études  seraient disponibles pour montrer que le pouvoir commence à faire des effets négatifs  à partir d’un  certain moment, donc date limite à laquelle il faut le lui reprendre avant toute aliénation.

Au Sénégal où l’on se vante d’être pacifiste et démocrate, l’on feint d’éluder l’implication d’un pouvoir authentique détenteur du patrimoine  culturel  immatériel, voire coutumier, pouvant invoquer nos mânes, qui serait d’un apport conséquent. Tout système politique africain doit être fondé sur son structuralisme, en vue de pérenniser ce climat social.

Ce qui suggère de mettre sur pied un Conseil des Sages regroupant le spirituel, le coutumier et la ploutocratie devant entourer les trois autres pouvoirs, notamment l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, en jouant le rôle de médiateurs de la République, alors que ce modèle de l’Ombudsman semble inadapté sous les tropiques.

D’ailleurs, ce Conseil des sages, avec des assistants qualifiés dans tous les domaines devant tenir tous les trois mois une séance de consultation, va  recueillir les doléances des sénégalais à transmettre pour exécution par contrainte puisque doté de toutes les prérogatives…et les dinosaures politiques seraient reconvertis devenant membres d’office.

Tout autant, La rupture  ne saurait être une affaire de l’Etat mais celle de tous les sénégalais en optant pour la participation citoyenne et inclusive pour contourner les incongruités. Dès lors que la visibilité politique  s’impose pour dessiller  les mandats. Du coup,  les malentendus et les coups de force,  pouvant paralyser le système électoral, seront déjoués ou amoindris

Aurait-on omis de plancher sur ces reformes et élaborer une feuille de route globale nous menant vers la rupture  totale comme le préconisait le Yoonu Yokkute? Le concept des Assises (la panacée sociale), de réflexion d’acteurs politiques et de la société civile, l’aurait envisagé et l’on ne peut concevoir une telle faillite.

Les ruptures sont loin ici d’être engagées et complètes dans leur conception. Ceci devait amener à laver à grande eau l’acte politique pour contribuer la démocratie en modernisant les institutions et dont l’objectif est de créer un niveau standard et impersonnel pour l’épanouissement du NTS (nouveau type de sénégalais), dépendant d’un mode de gouvernance et nouveau type de gouvernement.

Pour construire la paix et faire prospérer le pays, le Chef de l’Etat doit convier tous les détenteurs d’un savoir ou expérience à contribuer d’une manière inclusive à l’élaboration des reformes que les experts commis devront exploiter en les mettant en confrontation avec les éléments standard. Autrement, on doit aller  jusqu’au bout  dans la rupture avec toute la rigueur requise.

Reformer, c’est un tout et en profondeur et qui dit rupture engage une mutation totale avec deux impacts positifs : la démocratie et l’émergence. C’est dire que tout est lié, voire inhérent englobant la Réforme du climat des affaires, de l’Ecole et des Institutions dans un contexte de tout numérique.

La vraie rupture commence par rompre d’avec la « politique business » qui consiste à faire profiter, une minorité de  « coalitionnistes », militants et d’amis de sinécure, une mentalité atavique que nos dirigeants ne semblent encore vouloir s’en départir à cause de leur népotisme invétéré. Et la fronde imminente risque d’engendrer une chienlit. Il faut se faire violence pour servir dignement le Sénégal.

Abou DIAKO   (aboudiako@gmail.com)

 

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