Publié le 25 May 2018 - 23:03
MISE EN APPLICATION DU PARRAINAGE

Macky déroule, l’opposition se radicalise

 

Avec la mise en place, mardi dernier, de la Commission ad hoc sur le parrainage, le président de la République file tout droit vers la concrétisation de sa réforme. Mais c’est sans compter sur la disponibilité de l’opposition dite significative de participer à une quelconque discussion autour du parrainage qui, dans son essence, est, selon elle, ‘’une loi antidémocratique’’.

 

Le fossé se creuse davantage entre le président de la République Macky Sall et son opposition dite significative. Sur les questions électorales, depuis le lendemain des législatives de 2017, les deux parties n’arrivent pas à accorder leurs violons et à parler le même langage. Et la récente mise en place de la Commission ad hoc sur le parrainage n’est pas pour arranger les choses. Au contraire, elle exacerbe la situation et pousse même le Parti démocratique sénégalais et ses alliés traditionnels à se radicaliser. Ils campent ainsi sur leur postulat de départ : boycotter tout cadre de concertation initié par le régime.

‘’Nous n’avons pas participé à la première concertation dirigée par Seydou Nourou Bâ. Nous n’allons pas, non plus, participer aux travaux de cette commission, pour la simple et bonne raison que c’est un dialogue de sourds que le président Macky Sall a imposé à son opposition’’, précise d’emblée le Dr Cheikh Tidiane Seck du Pds,  interrogé hier par ‘’EnQuête’’.

Rupture de confiance

Selon le président de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl), il y a des préalables à régler avant toute concertation avec l’opposition dite significative. Outre la confiance qu’il faut impérativement rétablir entre les différents acteurs du jeu politique sénégalais, il exige une discussion sur l’ensemble du processus électoral et non uniquement sur le parrainage, la garantie que les conclusions de ces discussions seront adoptées telles qu’elles sont et ‘’non pas laisser le soin à Macky Sall d’arbitrer, de choisir ce qui l’arrange et de rejeter ce qui ne l’est pas’’. A cela, il ajoute la nomination d’une personnalité neutre qui doit organiser les élections, l’audit du fichier électoral, la distribution des cartes d’identité, la révision de la Cena, etc. Sans ces préalables, il soutient qu’ils ne peuvent pas dialoguer avec un président de la République ‘’qui ne tient pas compte des opinions de son opposition’’. ‘’Nous ne pouvons pas accepter que Macky Sall soit arbitre. Lors des dernières concertations, les gens ont noté des points de désaccord, cela ne l’a pas empêché d’aller vers le parrainage. Donc, l’expérience nous a montré que Macky Sall ne fait que ce qui l’arrange sur le plan politique, pour obtenir un second mandat. Nous n’avons pas confiance en lui pour aller à des discussions comme celles-là’’, fulmine le Dr Cheikh Tidiane Seck.

Outre ces préalables, le responsable libéral relève qu’un mémorandum a été rédigé à la sortie des élections législatives de 2017 et que le président Macky Sall n’a pas tenu compte des griefs de l’opposition. ‘’En lieu  et place, il a mis en place sa propre commission’’, déplore-t-il.

‘’Manque de volonté de dialoguer’’

Cependant, pour le porte-parole de la Ligue démocratique, c’est faire preuve d’un manque de volonté de dialoguer que de poser certains préalables pour participer aux travaux de la Commission ad hoc sur le parrainage. Selon Moussa Sarr, si l’opposition a un mémorandum sur le processus électoral, ce n’est pas au président de la République qu’elle doit la remettre, elle doit l’exposer au sein des cadres de concertation sur le processus électoral. ‘’Ce n’est pas au président qu’il faut remettre ce document. S’ils ont des propositions pour améliorer le système électoral, ils doivent aller les soumettre au cadre de concertation. Ils auront tort de continuer à boycotter les concertations, ils doivent y aller et donner leurs points de vue. C’est ça qui est juste et c’est ce qu’il faut faire en démocratie’’, sermonne-t-il. Réplique du patron des cadres libéraux : ‘’Nous n’avons aucune proposition à faire sur le parrainage. Nous le rejetons dans son entièreté. Nous n’en voulons pas parce qu’il remet en cause la nature du parti politique au Sénégal et le mode d’élection du président de la République. Vous ne pouvez pas prendre des décisions à dix mois des élections sur un sujet aussi important sans en discuter avec l’opposition. Ce n’est pas possible.’’

Sûr de son fait, Dr Cheikh Tidiane Seck estime qu’il ne peut y avoir de concertations politiques dans ce pays sans le Pds et ses alliés. ‘’Si véritablement le pouvoir est sérieux pour organiser des élections libres, transparentes et démocratiques gages de stabilité et de paix au Sénégal, il doit parler avec le Pds et ses alliés. Je pense qu’un président de la République imbu de l’intérêt national devrait prendre langue avec cette opposition pour trouver des consensus’’, estime-t-il.

Mais pour Moussa Sarr, on ne peut pas dialoguer avec quelqu’un qui ne le veut pas. ‘’L’opposition a tort de boycotter systématiquement toutes les concertations au sortir des législatives de 2017. Depuis la fin de ces élections, elle n’a participé à aucune concertation ; cela pose problème dans une démocratie. Si nous voulons avoir des élections mieux organisées que celles du 30 juillet 2017, il est important que nous puissions nous concerter. Mais l’opposition ne peut pas avoir comme politique systématique le boycott’’, rumine le porte-parole de la Ld. Il appelle ainsi l’ensemble des acteurs politiques du pouvoir comme de l’opposition à participer à ces concertations pour trouver un consensus autour des modalités d’application du parrainage. Parce que, relève-t-il, le parrainage a été voté à l’Assemblée nationale et c’est devenu une loi qui s’impose à tout le monde. ‘’Nous sommes tous d’accord sur le principe de la rationalisation des candidatures pour l’organisation  des élections dans ce pays. De ce fait, il est important d’aller à ces concertations et de faire des propositions. En tout cas, au niveau de la Ld, nous nous sommes préparés et notre représentant va y aller avec des idées concrètes’’, déclare-t-il.

La société civile déserte la Commission ad hoc sur le parrainage

 De son côté, bien que membre du Comité de suivi des recommandations du fichier électoral et de tous les autres cadres de concertation sur le processus électoral, la Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections (Pacte) a, cette fois, décidé de se mettre en retrait de la Commission ad hoc sur le parrainage. ‘’La Pacte à laquelle appartient notre organisation, le Gradec, a décidé de ne pas participer à la Commission ad hoc sur le parrainage, pour être dans une posture de médiateur. Nous préférons, pour le moment, ne pas prendre part à cette concertation’’, confie Ndiaga Sylla. Le membre du Gradec d’ajouter : ‘’Avant l’adoption de la loi sur le parrainage, nous avions rencontré le président de la République pour tenter une médiation. Il était question de mettre en place une commission. Malheureusement, cette commission ad hoc est différente de celle que le président avait prévu de mettre en place. On a préféré donc maintenir notre posture de médiateur et de facilitateur du dialogue politique’’, explique-t-il.

ASSANE MBAYE

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