Publié le 28 Aug 2013 - 14:05
PÈLERINAGE AUX LIEUX SAINTS DE L’ISLAM

 En l'absence du Sénégal, les Saoudiens sauvent les voyagistes privés

 

 

Plus de peur que de mal. Les 6 000 pèlerins sénégalais peuvent pousser un ouf de soulagement. Le Groupe Burhan du mutawif Abdoul Wahid Burhan (qui s'occupe des pèlerins africains non arabes) a signé la lettre d’engagement qui devra permettre aux voyagistes privés de remplir toutes les formalités relatives au «Hadj».

 

Depuis La Mecque où il se trouve, le secrétaire général de l’Union nationale des organisations privées pour le Hadj et la Oumra (Unofom), Sadibou Seck, a exprimé toute sa satisfaction après le sauvetage in extremis du pèlerinage côté privé. «La situation s’est décantée aujourd’hui (mardi 27 août) grâce à Abdoul Wahid Burhan, le mutawif du Sénégal. Il s’est substitué, en tant que citoyen saoudien solvable, aux autorités sénégalaises en vue de ne pas décevoir les attentes de nos compatriotes», a-t-il indiqué. «Désormais, les pèlerins des voyagistes privés pourront se rendre aux Lieux Saints de l’islam dans les meilleures conditions. Il a signé la lettre d’engagement du Sénégal. Nous sommes en train de régler les dernières formalités», s’est-il réjoui lors d’un entretien téléphonique avec EnQuête.

 

«Quand on change de tête, le système est paralysé»

Pour autant, le silence assourdissant du Commissariat général voire de l’Etat du Sénégal dans cette affaire suscite des interrogations. D’un côté, on met en avant un problème d’expertise et de compétences du fait que le commissariat général ne disposerait pas d’un personnel outillé et expérimenté. «Quand on change de tête, c’est le système qui est paralysé. Il s’y ajoute qu’avec son rang (commissaire général), ses proches n’osent pas lui dire la vérité», souffle un habitué du pèlerinage contacté par nos soins.

D’un autre côté, on craint que l’Etat sénégalais ne cherche à se désengager vis-à-vis des voyagistes privés. «C’est  une tradition de voir l’Etat couvrir le privé en versant une caution qui lui sera remboursée après le hadj. Maintenant, si l’Etat ne veut plus être leur garant, c’est son droit. C'est pourquoi le commissariat général n’est pas responsable de cette situation», explique un interlocuteur qui a préféré garder l'anonymat. Selon un ancien membre du commissariat, «si les voyagistes privés constatent une rupture, ils doivent se tourner vers la tutelle. Avec plus 70% des pèlerins, ils doivent s’organiser plus et mieux».

 

«L'Etat veut-il se désengager ?»

Les autorités sénégalaises seraient-elles dans une logique de rompre les amarres avec les voyagistes privés, s'interroge-t-on ? Pour Sadibou Seck, «ce serait là une très mauvaise manière de se désengager. Il faut que le commissariat général cesse de se positionner en concurrent du privé, c'est source de dysfonctionnements. Il est nécessaire donc de mettre un terme aux suspicions et que le dialogue soit rétabli dans l’intérêt de tous».

Pour rappel par ailleurs, 24 pèlerins sénégalais s’étaient fondus dans la nature l’année dernière en Arabie Saoudite. Toutefois, relativise le secrétaire général de l'Unofom qui regroupe 37 des 45 voyagistes privés, «les responsabilités étaient partagées. On s’est rendu compte que les fuyards venaient autant des voyagistes privés que de la commission».