Publié le 21 Aug 2025 - 20:02
SÉNÉGAL

Riche mais classé pauvre par des indicateurs biaisés par le FMI

 

Le Sénégal est présenté à l’international comme un pays pauvre, avec un PIB d’environ 30 milliards USD et une dette qui, selon certaines estimations, dépasserait 119 % du PIB. Pourtant, ces chiffres reposent sur un modèle de calcul hérité du FMI et des institutions financières internationales, qui ne tiennent pas compte du capital naturel et stratégique du pays. Ce modèle, conçu pour les économies industrialisées, réduit notre richesse à la seule production annuelle monétarisée et ignore la valeur réelle de nos ressources. C’est pourquoi, sur le papier, nous apparaissons pauvres, alors que dans les faits, nous disposons d’un patrimoine immense.

Le Sénégal possède pourtant des atouts considérables : des réserves de gaz et de pétrole (Sangomar, GTA, Yakaar-Teranga) qui représentent plusieurs dizaines de milliards USD en valeur future, plus de 40 millions de tonnes de phosphates, du zircon, de l’or, du titane et du fer. À cela s’ajoutent une zone halieutique parmi les plus poissonneuses du monde et un potentiel écologique inestimable en crédits carbone grâce aux forêts, aux mangroves et aux zones humides. Si ces richesses étaient intégrées dans les indicateurs économiques, la valeur nette du Sénégal serait largement supérieure à sa dette officielle, renversant complètement l’image que l’on projette sur notre pays.

Ce paradoxe est renforcé par la dépendance aux exportations brutes : nous exportons le phosphate, le zircon ou le poisson sans transformation, perdant ainsi la majeure partie de la valeur ajoutée. Les institutions internationales appliquent alors leurs méthodes de calcul, où la dette est comparée à un PIB artificiellement faible, ce qui donne une image de surendettement et de fragilité. En réalité, le Sénégal peut financer son propre développement à partir de son capital naturel et humain, mais le système actuel de mesure nous enferme dans une logique d’assistance et de dépendance.

Aucune réforme dictée par ces mêmes institutions ne changera cette réalité, car le problème est structurel : la méthode de calcul elle même est biaisée. Le véritable enjeu pour le Sénégal est donc de redéfinir ses propres indicateurs de richesse, en intégrant son capital naturel et écologique, et de réorienter sa politique économique vers la transformation locale et la valorisation interne. Le Sénégal n’est pas pauvre : il est rendu pauvre par une grille de lecture inadaptée qui l’empêche de se percevoir comme ce qu’il est réellement un pays riche, capable de financer son développement sans dépendre de modèles importés.

Dr Seydou Bocoum
LAREM / UCAD

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