Publié le 18 Jan 2012 - 18:55
POST-POINT

Vérité et justice

Qui protège Abdoulaye Faye dans l'enquête relative à l'assaut de la mairie de Mermoz-Sacré-coeur ? Pourquoi celui qui est présenté comme l'Administrateur du Parti démocratique sénégalais (PDS) est-il resté intouchable, inatteignable, par les hommes de la Sûreté urbaine du Commissariat central de Dakar pendant la semaine d'''investigations'' policières ?

 

Avec les nouvelles arrestations opérées par la Section de recherches de la Gendarmerie, suivi du contrôle judiciaire exercé sur une partie de la bande assaillante du 22 décembre, on ose espérer que l'enquête a résolument pris une tournure rassurante pour l'ensemble des acteurs politiques et sociaux ulcérés par les manquements manifestes relevés dans le dossier remis au Procureur de la République.

 

 

L'idée n'est pas de faire d'Abdoulaye Faye, haut dignitaire du parti au pouvoir, et d'éventuels autres commanditaires présumés, des coupables en puissance dans une affaire extrêmement grave. L'enjeu est simple : il faut que toutes les personnes dont les noms ont été cités dans les auditions faites par la police soient entendues et que la rigueur de la loi s'abatte sur elles. Au nom de la justice et des règles élémentaires d'équité entre citoyens.

 

 

En relâchant dans la nature un homme qui semble être au cœur des pogroms survenus devant l'édifice municipal de Mermoz, le juge a sans doute ses raisons, sa tactique et sa stratégie. Soit. Mais comment se fait-il que Barthélémy Dias croupisse encore en prison alors que monsieur Abdoulaye Faye, nommément cité par des assaillants lors des interrogatoires de police, ne fasse encore l'objet d'aucune inquiétude ?

 

On peut être franchement ignare en procédures judiciaires, nul en droit, mais le bon sens restera toujours une valeur universelle partagée. Des considérations politiques ont trop souvent parasité l'indépendance des juges dans le management des événements judiciaires pour que l'on ne soupçonne pas une main noire dans l'affaire en question.

 

 

A partir du moment où un garde de corps du président de la République comme Baye Moussé Bâ dit Bro se trouve régulièrement cité dans ce dossier, c'est Me Abdoulaye Wade en personne qui est interpellé. Le chef de l’Etat a bien tenté d’ouvrir la voie aux enquêteurs en prenant l’engagement de ne protéger personne. S’il l’a dit en sachant que l’un de ses hommes de confiance serait dans le coup, c’est tout à son honneur. S’il l’a dit en sachant que Bro serait coupable mais qu’il a décidé de le sauver, ça devient grave. S’il l’a dit en ignorant que le sieur Bâ aurait des choses à se reprocher, c’est que lui-même ne serait plus en sécurité.

 

 

C’est pourquoi il est indispensable, aujourd’hui plus que jamais, que le juge prenne courageusement ses responsabilités et fasse ce que le droit et la raison ordonnent de faire. Contre Abdoulaye Faye et Baye Moussé Bâ, s’ils sont coupables. Ou alors, que l’on dise aux Sénégalais, une fois pour toutes, que dans l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré-cœur, il ne s’est agi finalement que de petits idiots téméraires qui ont accepté de risquer leur vie pour quelques broutilles monétaires.

 

 

Un garde du corps présidentiel : ça devient grave. Où le président est au courant que ses plus proches …... trempent dans le banditisme d'Etat ; où il n'en sait rien et c'est encore beaucoup plus grave

 

Momar DIENG

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