Publié le 11 Oct 2013 - 16:42
POST-POINT par Momar Dieng

Macky Sall, un président qui ne tourne pas rond

 

Finalement, Macky Sall n'a rien d'extraordinaire ! On le présumait respectueux de sa parole, il se révèle en politicien ordinaire, froid exégète de la “loi” qui voudrait que “la fin justifie les moyens”.

On le pressentait un tantinet rigoureux pour suppléer au laxisme dévastateur et assassin d'Abdoulaye Wade, il choisit de

nous apparaître sous des habits d'hypocrisie un peu trop larges pour des épaules qui ne font pas forcément bon ménage avec la minceur.

On le voyait en maréchal stabilisateur des organes institutionnels de la République, on le surprend en tenue de caporal manipulateur de calendrier grégorien. On le soupçonnait positivement - quoique... - d'être un fan de la transparence, lui souhaite nous convaincre qu'il est en fait plus proche du dissimulateur public perdu par ses intrigues privées...

Le report annoncé par le Premier ministre des élections régionales, municipales et rurales à une date ultérieure est un scandale absolu et indigne des promesses de rupture faites au peuple sénégalais après le cauchemar du wadisme. La légèreté incompréhensible et complètement inconsciente par laquelle Aminata Touré en a fait part sur Radio France

Internationale devrait être une source d'inquiétudes. Car, à l'entendre parler de la question posée avec une désinvolture qui a sûrement intrigué notre consœur qui l'interviewait, c'est bien l'autoritarisme qui filtrait de ses propos.

Dans la forme et dans le fond de son “discours” radiophonique, c'est une femme sûre de son pouvoir, de sa puissance et – ce serait logique - de sa destinée, qui avait comme tenu à nous dire que les textes de lois qui organisent le calendrier électoral républicain sont manipulables suivant les desseins. Surréaliste, à ce niveau de responsabilités !

A dire vrai, ce n'est pas le report (éventuel) en soi des scrutins locaux qui est condamnable si la mise en oeuvre de “l'acte 3” de la décentralisation devait constituer une avancée concrète dans le renforcement de la gouvernance locale et de la promotion de l'engagement citoyen au Sénégal. Ce qui est détestable, c'est le recours au forcing rappelant l'arrogance

et la suffisance qui, hier seulement, snobaient les forces démocratiques nationales attachées à la consolidation du pacte républicain face à la boulimie maladive des libéraux.

En politique, une seule chose est extraordinaire : l'existence d'hommes et de femmes exemplaires. Mais sous nos cieux, on en cherche, on n'en trouve peut-être qu'une dizaine sur un siècle. Avec un tel ratio, dur d'envisager le meilleur pour un pays qui tourne déjà en rond depuis plus d'un demi-siècle.

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