Publié le 13 May 2023 - 22:57
RASSEMBLEMENT F24 D’HIER

Le problème de Yewwi gâche la fête

 

Le mouvement F24 a réussi le pari de la mobilisation, hier. Toutefois, ce rassemblement a permis de voir à quel point la coalition Yewwi Askan Wi est en train de s'étioler, de se diviser. Khalifa Sall a été hué. Ses partisans et ceux de Sonko se sont bagarrés.

 

Dans l’après-midi de ce vendredi, au cœur d’une foule immense, Mamadou Moustapha Badji s’est frayé un chemin et a réussi à se placer juste derrière les barricades, à quelques petits mètres du podium où se succèdent les leaders du mouvement Forces vives du Sénégal (F24).  Vêtu d’une chemise écossaise bleu marine braillée dans un pantalon bleu, d’une veste noire assortie de chaussures de ville, le professeur de mathématiques a parcouru 56 km, par ses propres moyens, pour assister au rassemblement initié par des partis politiques et des organisations de la société civile. ‘’Sonko point ! Sonko cinquième président ! Tous les autres politiciens ne sont là que pour embellir’’, lance le jeune homme aux lunettes et à la voix forte. Il est loin d’être le seul à porter ce genre de message. ‘’Koug beug diam, na nga and ak Sonko’’ (‘’celui qui veut la paix n’a qu’à se ranger derrière Sonko’’), lance un autre jeune.

Le leader de Pastef/Les patriotes était en effet l'absent le plus présent, hier. Ses militants et sympathisants étaient fortement présents à ce rassemblement dont la réussite de la mobilisation rappelle les temps forts de M23 (Mouvement du 23 juin).  ‘’Sonko laa niouy topeu, (nous sommes derrière Sonko, en wolof), chantaient-ils en chœur, tout au long de la mobilisation.

Il faut dire que l’on a notamment assisté à la suite de la bataille entre Ousmane Sonko et Barthélemy Dias. En effet, à son arrivée à la manifestation, le leader de Taxawu Sénégal a été bloqué à l’entrée par les partisans de Pastef. Pis, lorsque son tour de prise de parole est arrivé, les fidèles d’Ousmane Sonko ont repris, en chœur, les chants et ont hué pendant un bon bout de temps Khalifa Sall. Ce dernier est ainsi resté plusieurs minutes sur le podium. C’est Déthié Fall qui a permis de décrisper la situation, en jouant les bons offices. Une prise de parole forte qui a fait mouche, un temps. ‘’Khalifa Sall et Ousmane Sonko ont cheminé ensemble à travers Yewwi pendant très longtemps. Ils sont partis partout dans ce pays pour porter des combats. Si vous voulez que cette union aille très loin, il faut aller vers l'essentiel’’, a-t-il lancé à la foule, non sans demander des applaudissements pour lui le leader de Taxawu.

Mais lorsque Khalifa Sall prit la parole, on entendit à peine ce qu’il disait. Les ‘’pastéfiens’’ n’ont pas voulu l’écouter.  Il a quand même tenté de faire passer son message. ‘’Ça ne sert absolument à rien, ce que vous faites. Ce n’est pas ce qui nous amène ici. Ce n’est pas comme ça qu’on va réussir à faire partir Macky Sall. Ça ne mène à aucun résultat. Ça ne nous honore pas’’, a-t-il lancé à la foule hostile. Avant de tempérer : ‘’Nous sommes contents de cette belle mobilisation. Nous sommes contents de votre engagement. Et nous félicitons tous ceux qui sont derrière l’organisation.’’

Beaucoup craignaient pour sa sécurité. L’inquiétude se lisait sur les visages. Mais sa garde rapprochée a réussi à l’escorter sans trop de difficultés.

Mais des affrontements ont éclaté entre ses partisans et ceux d’Ousmane Sonko. Ce, avant même son départ. D'après certaines indiscrétions, Barth risquait gros, s’il avait mis les pieds à la place de la Nation. Yewwi Askan Wi semble à l’agonie.

Rebelote pour Pape Djibril Fall

Pape Djibril Fall a également eu sa dose. Comme lors de sa dernière présence à la place de la Nation, il a essuyé des huées et des quolibets. Cette fois-ci, aucun projectile n’a été lancé dans sa direction, mais les intimidations l’attristent, même s’il a tenté de cacher son mal-être.

Au-delà de cette tache noire, le pari de la mobilisation a été réussi. Ndèye Aminata Niang est venue de Thiès. L’air frêle, malgré les bousculades, cette voilée d’à peine 20 ans garde sa détermination. Elle ne baisse guère sa pancarte. ‘’F24, non à la candidature au troisième mandat. RV/Réewum Ngor’’, peut-on dire sur le tableau de cette partisane de Thierno Alassane Sall. ‘’Je suis venue combattre le troisième mandat. Ça ne passera pas. C’est ça qui m’amène ici’’, dit-elle.

T-shirt noir, drapeau vert-jaune-rouge autour du cou, Abdoulaye Sy vient de la banlieue, de Fass Mbao. Il est arrivé sur le site de la mobilisation depuis 14 h. ‘’En 2011, le peuple s’était levé pour combattre la troisième candidature et  l’oppression. L’histoire se répète. Nous sommes dans le devoir de venir ici et combattre cela’’, indique-t-il. Il dénonce également cette velléité d’empêcher la candidature de certains leaders, à la prochaine élection présidentielle. ‘’Tout ça et les difficultés de la vie font qu’on doit se lever pour dire non à la gestion nébuleuse de Macky Sall’’, conclut-il.

Le politicien Moussa Diop ne dit pas le contraire. ‘’La dernière fois que j’étais venu ici, c’était en 2012, pour combattre le troisième mandat. J’ai l’impression qu’on s’était battu pour rien. J'espère que Macky Sall fera machine arrière’’, dit-il.

BABACAR SY SEYE

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