Publié le 18 Oct 2018 - 20:45
RETARD DANS LA MISE EN ŒUVRE DU FSS, SITUATION GENERALE DANS LES UNIVERSITES…

Le Saes sur le pied de guerre

 

Le Bureau national du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a invité, hier à Thiès, l’État du Sénégal à travailler à rendre effectif le Fonds de solidarité sociale (Fss), en vue de restaurer la dignité de leurs collègues retraités et de penser aussi à résoudre définitivement tous les maux qui plombent le secteur de l’enseignement supérieur. Sans quoi, les syndicalistes n’excluent pas d’user de leurs moyens habituels pour pousser l’État à réagir.

 

Après la signature du protocole d’accord entre le gouvernement et le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) en mars 2018, une accalmie a été notée dans les universités publiques du pays. A part les événements tragiques du 15 mai 2018 à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) qui ont eu pour conséquence la mort de feu Fallou Sène.

Cependant, l’année universitaire 2018-2019 risque de connaître des perturbations, selon le Saes. Ce syndicat a fait face à la presse, hier à l’École polytechnique de Thiès (Ept).

Outre la ‘’question cruciale du Fonds de solidarité sociale qui est un point nodal’’ de l’accord signé avec le gouvernement, l’organisation syndicale a passé en revue toutes les autres questions relatives au bon déroulement des enseignements dans les universités sénégalaises. Selon le secrétaire général national dudit syndicat, toutes ces questions doivent être réglées pour permettre à tous de se projeter vers une année universitaire ‘’stable et paisible’’. Certes, certains points relatifs au protocole d’accord sont en train d’être mis en œuvre. Il n’en demeure pas moins que ‘’la question cruciale du Fonds de solidarité sociale, qui est un point nodal de notre accord avec le gouvernement, est toujours en souffrance’’, regrette le Pr. Malick Fall. Mais, ajoute-t-il, ‘’c’est dans ce cadre que le Saes souhaite faire part à l’opinion publique nationale et internationale de sa position sur les différentes questions de l’heure pour une rentrée universitaire apaisée.

Sur le Fss, le Saes reste toujours ouvert, tout en exprimant sa fermeté et sa détermination à œuvrer pour le respect des engagements pris par le gouvernement sous l’autorité de Monsieur le Premier ministre. Si aucune évolution positive n'est observée, dans les prochains jours, le Saes se réserve le droit de prendre toutes les mesures appropriées pour faire respecter ces engagements’’, menace le syndicat des enseignants du supérieur dans la déclaration liminaire lue par son secrétaire général.

Poursuivant son propos, Malick Fall soutient que des efforts ont été consentis et des démarches entreprises pour rendre effectif le Fonds de solidarité sociale. En revanche, précise-t-il, c’est le directeur général de l’Enseignement supérieur, administrateur du fonds, qui est ‘’coupablement inactif’’, en plus de certains recteurs qui refusent de s'acquitter de leurs cotisations au Fonds de solidarité. ‘’Les agents comptables particuliers (Acp) font preuve d’inconvenance. La Direction du Trésor public gère ses dépenses quotidiennes. Pendant ce temps, certains de nos vieux retraités meurent, d’autres sont incapables de se prendre en charge sur le plan médical, même si nous voulons rester prudents. Le Saes demande au gouvernement d’instruire ses services déconcentrés de respecter les engagements auxquels il a souscrit’’, prévient l’enseignant en biologie animale à la faculté des Sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

L’ombre des universités publiques

Dans la quasi-totalité des universités publiques du pays, la rentrée est loin d’être effective. Des difficultés y sont notées et varient d’une université ou d’un campus pédagogique et social à un autre. L’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) se caractérise par un retard dans le démarrage effectif des enseignements en octobre. Le Crous est passé par là. L’instance qui gère le social à l’Ugb a sorti un avis (courrier n°0001103) en date du 2 octobre pour informer les étudiants du report de l’ouverture du campus social à une date ultérieure, en raison de ‘’l’indisponibilité des restaurants universitaires, suite au non-paiement, par l’État du Sénégal, d’une dette de plus de 1 milliard 600 millions due aux prestataires de ces restaurants’’. Face à cette situation, le Pr. Malick Fall et Cie soulignent que les enseignants sont dans ‘’l’incapacité d’assurer leur service d’enseignement, faute d’étudiants’’.

Alors que l’Ugb, selon le syndicaliste, compte déjà une année de retard et que cette situation qui ne contribue pas à rétablir un climat de ‘’sérénité indispensable pour un bon déroulement des activités pédagogiques’’ ne doit en aucun cas perdurer. ‘’Le Saes rappelle que c’est un problème de restauration causé par le non-paiement des bourses aux étudiants, qui avait déclenché les violents événements du 15 mai 2018, qui ont eu pour conséquences la mort tragique de l’étudiant Fallou Sène ainsi que le saccage des locaux du rectorat et du Crous. Du coup, le Saes appelle les autorités à prendre leurs responsabilités et à accompagner les responsables du Crous pour l’ouverture effective du campus social avec les services de restauration, dans les plus brefs délais’’, tempête Malick Fall.

Scandales financiers à Thiès

Si à Saint-Louis, le démarrage tardif des cours est causé par l’indisponibilité des restaurants, à Thiès, il est constaté que le non-achèvement des chantiers et quelques scandales financiers sont à l’origine des maux dont souffre l’Université de Thiès (Ut). Une situation qui n’agrée guère le Saes.

‘’Le Saes, constatant avec regret et amertume les scandales financiers qui secouent l’Université de Thiès, demande que les rapports produits par les missions de vérification soient portés à la connaissance du Conseil d’administration. Le Saes soutient sans réserve les actions initiées pour une gestion plus transparente des deniers de l’Ut et exige la finition des chantiers quasiment à l’arrêt depuis plusieurs mois, dans les plus brefs délais. Cette situation déplorable empêche le développement et l’envol de l’Université de Thiès’’, dénonce Malick Fall, invitant par la même occasion l’agent comptable particulier (Acp) à remettre au recteur Ramatoulaye Diagne Mbengue tous les relevés du compte courant de l’université.

A l’Université Assane Seck de Ziguinchor, deux éléments ont retenu l’attention des syndicalistes. Il s’agit du désastre écologique causé suite au ‘’désherbage chimique’’ décidé par l’administration rectorale et le retard noté dans la livraison des chantiers. A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la situation reste dominée par les problèmes de finances et la finition des blocs pédagogiques entamés depuis longtemps.

Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur exige le paiement des primes de recherche et de voyages d’études, le règlement de la question lancinante des indices et avancements (calcul et paiement des rappels), le paiement du rappel lié aux allocations familiales dues par l’Ucad, l’audit du Contrat de performance de l’Ucad (Cdp-Ucad), la finition des infrastructures pédagogiques entamées depuis longtemps.

Les difficultés en cours dans les universités citées plus haut sont aussi ressenties dans les trois autres : celle du Sine-Saloum El Hadj Ibrahima Niass qui doit démarrer avec environ 2 000 étudiants, Alioune Diop de Bambey et Virtuelle de Sénégal.

Pour cette année, le Saes entend se battre pour obtenir, de l’État du Sénégal, l’amélioration des conditions de vie des étudiants dans toutes les universités du pays. 

GAUSTIN DIATTA (THIES)

 

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