Menuisiers et bijoutiers crient leur ras-le-bol
Le secteur informel occupe une place prépondérante dans l'économie nationale. À Saint-Louis, malgré sa contribution significative au dynamisme économique local, il rencontre de nombreuses difficultés. Des obstacles qui entravent son développement et son épanouissement. Pour renverser la tendance, des artisans de la vieille cité lancent un appel pressant pour un accès facile aux financements et aux intrants.
Les marchands ambulants, les petits commerces et les artisans de Ndar opèrent souvent dans des conditions précaires. Une situation qui limite non seulement leur productivité, mais impacte également leur qualité de vie. Les véritables difficultés du secteur informel dans la ville de Saint-Louis reflètent les grands défis auxquels est confrontée l'économie informelle au Sénégal.
Pour le président des menuisiers en bois de Saint-Louis, il est indispensable de mettre en place des politiques et des programmes adaptés pour favoriser le développement durable du secteur. “Les artisans de Saint-Louis font face à des défis majeurs en termes d'accès aux financements. Les taux d'intérêt élevés, les garanties demandées et les procédures complexes nous rendent difficile la vie pour obtenir des prêts ou des crédits. Nous ne pouvons plus investir dans nos entreprises, acquérir de nouveaux équipements ou développer de nouveaux produits. Le mètre cube de bois coûte excessivement cher. Ensuite, le matériel importé nous mène une terrible et déloyale concurrence”, a déclaré Oumar Nguer Ndiaye.
Par ailleurs, l'accès limité au crédit et à la formation constitue un autre obstacle significatif pour les acteurs du secteur informel à Saint-Louis. Sans possibilité de bénéficier de financement pour développer leurs activités ou d'accès à des programmes de renforcement des compétences, les artisans peinent à améliorer leurs conditions de travail et à diversifier leurs sources de revenus.
Le manque d'appui à l'artisanat décrié
Face à ces difficultés, il est impératif, pour les autorités locales, les institutions financières et les parties prenantes concernées de prendre des mesures concrètes pour soutenir les artisans de Saint-Louis. “Pour faciliter l'accès aux matières premières, nous réclamons des solutions telles que la mise en place de programmes de microcrédit adaptés, le renforcement des partenariats public-privé. Nous exigeons également la simplification des procédures administratives qui peuvent contribuer à stimuler la croissance et la pérennité de ces secteurs d'activités essentiels”, a-t-il ajouté.
C'est le même cri du cœur qui a été lancé par les bijoutiers de la ville tricentenaire. Pour les travailleurs de l'or et de l'argent, énormes sont les écueils rencontrés sur la route des financements et de l’accès aux matières premières nécessaires pour dynamiser et développer leur secteur d'activité. “Les bijoutiers sont les parents pauvres de l'artisanat. Ils rencontrent toutes les peines du monde pour se procurer de la matière première. Le prix de l'or est très cher, de même que les autres intrants du secteur. Pire, ils peinent à écouler leurs produits, faute d'un bon marché. Les bijoutiers manquent aussi d'appui pour surmonter les obstacles financiers auxquels ils font face“, a dénoncé Galass Karé de l’Association des jeunes bijoutiers de Saint-Louis.
En facilitant l'accès aux financements et aux matières premières pour les artisans de Saint-Louis, il est possible de soutenir le développement économique local, de promouvoir l'artisanat traditionnel et de renforcer la compétitivité de ces secteurs sur le marché national et international. Les efforts conjoints des acteurs publics et privés sont nécessaires pour répondre à cet appel urgent et pour accompagner ces professionnels talentueux vers un avenir plus prospère et durable.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)