Publié le 22 Dec 2022 - 14:26
TAMBACOUNDA - AFFAIRE BINETA CAMARA

La Cour d’appel déboute la défense 

 

Hier, la Cour d’appel de Tambacounda a évoqué l’affaire Bineta Camara. Elle a suivi le parquet et confirmé la décision prise en première instance. Le prévenu écope de la réclusion criminelle à perpétuité.

 

C'est dans une salle d’audience pleine comme un œuf que s'est jugée en appel, hier, l'affaire Bineta Camara, la fille de l'ex-directeur général de l'Agence de développement local (ADL), Malal Camara. Les faits, dans cette affaire qui a longtemps défrayé la chronique à Tambacounda, remontent au 18 mai 2020.

À l'entame du procès en appel, qui a connu quelques reports, le conseil de la défense, Maître Clédor Ciré Ly, a soulevé deux  exceptions. La première concerne le manque de sincérité des officiers de la police judiciaire (OPJ). Selon Me Ly, dans cette affaire, les enquêteurs n'ont pas été loyaux. Ils ont tout simplement manqué de sincérité.

En effet, l’avocat estime que les enquêteurs n'ont pas rapporté ce qu'ils ont vu, entendu et constaté, conformément à la procédure pénale. Puisque, dans le procès-verbal (PV), on parle du sous-vêtement blanc d’un homme, tacheté de sang, retrouvé sur la scène du crime, pour corroborer la thèse de la tentative de viol. Mais cette preuve matérielle n’apparait nulle part. 

Ensuite, le PV fait état de la présence, à côté de la victime trouvée morte et à moitié nue, d’un slip rouge. Là aussi, l’avocat de la défense se demande : où est passé ce slip ? Ces éléments amènent la défense à faire constater la manipulation de la scène de crime. Pour Me Ly, les OPJ n’ont pas été sincères dans leur PV ; pis, ils ont manipulé la scène de crime dans le seul but d’incriminer son client. 

La seconde exception a trait au décalage entre l’interpellation de son client et la notification de ses droits. Pour la défense, le prévenu doit être informé, dès son interpellation. Or, en l’espèce, selon le PV, l’accusé a été interpellé le 20 mai à 10 h 30 mn, mais n’a été informé des charges contre lui et de son droit d’être représenté qu’à 16 h. Ce qui constitue une violation de la loi, à en croire la défense.

Le juge de la cour ayant pris acte des exceptions soulevées dans la forme, a autorisé la tenue du procès dans le fond.

Vêtu de blanc, le prévenu Pape Alioune Fall a plaidé non coupable pour tentative de viol et meurtre. Il faut noter qu’en l’espèce, pour la tentative de viol, le prévenu a toujours plaidé non coupable, depuis l’enquête préliminaire jusqu’à l’instruction. Par contre, il avait avoué, pendant cette même instruction, avoir étranglé sa victime jusqu'à ce que mort s'ensuive. La reconstitution des faits du 31 juillet en présence du procureur, du juge et du commissaire de police avait corroboré ses dires.

Mais devant le juge de la cour d’appel, l’inculpé a nié avoir étranglé la victime. Il prétend n’avoir jamais eu l’intention de donner la mort à Bineta.

Selon l’accusé, en venant à la maison, ses intentions étaient tout simplement de demander à la victime de plaider sa cause auprès de son père. “Je lui ai dit qu’après des années de compagnonnage, son père préférait récompenser des filles venues récemment”. S’étant sentie offensée par ses propos, Bineta, dit-il, l’a insulté, puis empoigné, avant de lui demander de quitter les lieux.

Ensuite, la fille, poursuit-il, s’est dirigée vers sa chambre de sa maman. L’accusé dit avoir voulu la calmer, mais celle-ci s’est saisie d’un pot de fleurs pour le frapper. C’est ainsi qu’il l’a repoussée violemment. Elle est tombée et son visage a heurté le pied du lit. La pommette droite, ajoute-t-il, a éclaté et le sang s’est mis à gicler. Il déclare avoir voulu aider la victime, mais elle s’est mise à se débattre de toutes ses forces. Ce qui explique, selon lui, les griffures sur sa poitrine et le devant du cou de la jeune fille.

Ayant entendu quelqu’un frapper à la porte de la maison, il ajoute avoir pris peur et a escaladé le mur pour s’enfuir. En partant, il a emporté le portable de la victime qui, selon lui, n’arrêtait pas de sonner. La perquisition de sa chambre a, d’ailleurs, permis la découverte du téléphone minutieusement dissimulé sous le matelas du prévenu.

‘’Le foulard doublement noué était très serré autour du cou de ma nièce’’

Les témoins, qui sont arrivés les premiers sur le lieu du crime, ont confirmé avoir trouvé la victime à moitié nue, la robe relevée jusqu’au niveau du buste, sans petite culotte. Ils affirment également avoir trouvé le foulard de la défunte noué autour de son cou. ‘’Le foulard doublement noué était très serré autour du cou de ma nièce’’, a révélé Alassane Samb, l’oncle de la victime. 

Dans cette affaire, le parquet et les avocats de la défense ont toujours été sur la même longueur d’onde. Ce qui a amené d’ailleurs le conseil de la défense à rappeler au maître des poursuites qu’il devait poursuivre à charge comme à décharge. Une interpellation à laquelle le concerné n’a pas manqué de répondre : ‘’On me reproche de ne plaider qu’à charge sur cette affaire. Mais c’est parce que les faits à charge sont constants et têtus”, a-t-il expliqué.

Pour les avocats de la partie civile, la victime, décrite comme une fille pieuse, réservée et très discrète, n’aurait jamais attaqué violemment le prévenu sur le seul fait que ce dernier lui aurait fait des remarques par rapport au comportement de son père. La partie civile s’est également interrogée sur le caleçon du prévenu tacheté du sang de la victime. Comment le sang de la victime a atterri sur le caleçon de l’accusé, si ce dernier ne s’est pas déshabillé ?

C’est fort de ces remarques que la partie civile et le procureur général ont requis la confirmation de la décision de la chambre criminelle.

Le juge, après avoir rejeté les exceptions soulevées par la défense, a déclaré la procédure régulière dans la forme et dans le fond. Il a ainsi confirmé la décision en première instance, en condamnant le prévenu, déclaré coupable de tentative de viol et de meurtre, à la réclusion criminelle à perpétuité.

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AFFAIRE BINETA CAMARA 

Maitre Ly dénonce la non-exploration de la piste menant au vigile Malick Diop

Hier, au sortir du tribunal, Me Ciré Clédor Ly a annoncé son intention de se pourvoir en cassation, avant de revenir longuement sur le meurtre de Bineta Camara. Il est convaincu que son client dit la vérité et que la piste menant au vigile Malick Diop aurait dû être creusée, pour la manifestation de la vérité.

Dans l’affaire Bineta Camara, fille de l’ex-directeur général de l’Agence de développement local (ADL), l’avocat de la défense, Me Clédor Ciré Ly, estime qu’une piste sérieuse pour la découverte de la vérité a été négligée.

‘’En effet, le premier suspect, en l’occurrence le gardien de la demeure de la famille Camara, n’est pas exempt de tout soupçon. Il y a des faits qui jouent contre lui qui n’ont pas été éclairés. Il prétend que le sang trouvé sur les habits de ce dernier et sur les rideaux de sa chambre au domicile de la victime peut prouver la présence de celui sur le lieu du crime, après le départ du prévenu’’.

Pour rappel, c’est sur la base de ce sang trouvé que le vigile a été interpellé le premier et placé en détention dans les locaux de la police. Ensuite, la réquisition des appels téléphoniques par la Sonatel a montré aux enquêteurs que, quelques instants avant les faits, la victime a reçu un appel qui a duré 16 secondes. L’appel en question a été fait aux alentours du lieu crime. L’exploitation a montré que le numéro qui a appelé la victime était celui de Pape Alioune Fall.

L’enquête a abouti à l’interpellation de ce dernier et la fouille de sa chambre a permis de retrouver le portable de la victime minutieusement dissimulé sous le matelas.

C’est ainsi que la piste du vigile a été abandonnée. Pour Me Ly, son client a toujours nié avoir essayé de violer la victime et devant la barre, il a nié l’avoir étranglée.

Maitre Ly se demande pourquoi ne croit-on pas son client, quand celui-ci dit que quand il a repoussé violemment la victime qui l’agressait, cette dernière est tombée le visage sur le pied du lit. Et ce choc a créé une crise de la victime qui est asthmatique. Essayant de l’aider, il a entendu quelqu’un frapper à la porte, il a eu peur et s’est enfui, en escaladant le mur de derrière.

Le conseiller de la défense pense qu’il est possible que le vigile se soit introduit dans la chambre pour essayer d’assouvir son désir sexuel, au moment où la fille était faible, avant de finir le travail en l’étranglant.

L’avocat repose cette thèse sur, d’abord, le fait que le vigile, au moment où on attendait l’arrivée des limiers, est entré dans la salle de bain pour se laver.

Interrogé sur cet aspect devant la barre, le vigile, entendu comme témoin, a répondu : ‘’J’ai pris un bain, parce que j’étais en sueur. Je venais de faire l’amour avec ma femme chez moi avant de venir. Je voulais être propre.’’

La femme du vigile, interrogée lors de l’instruction, avait dit qu’elle avait effectivement entretenu un rapport protégé avec son mari, au moment où elle voyait ses règles. Elle prétend que ce sont ses menstrues qui ont entaché les habits de son mari.

Devant la cour, le vigile a pourtant affirmé que sa femme ne voyait pas ses règles, au moment des faits.

Pour Me Ly, la divergence de ces deux propos aurait pu amener les enquêteurs à suivre cette piste.

C’est à la lumière de ces remarques, ainsi que l’absence de preuves matérielles énoncées dans le procès-verbal des enquêteurs : le sous-vêtement tacheté de sang jamais retrouvé, le prétendu slip rouge à côté de la victime également invisible, que le conseil s’est dit attristé par ce verdict de la Cour d’appel.

Mais il avertit que la partie est loin d’être terminée, car il compte se pourvoir en cassation. 

En tout état de cause, il se dit persuadé que son client a commencé le travail qui a mené à la mort de la jeune fille de 23 ans, mais que quelqu’un a terminé la besogne après lui.

Boubacar Agna Camara (Tambacounda)

 

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