Publié le 19 Jun 2021 - 02:18
VIOLENCES CONTRE UNE COLLEGUE A KEBEMER

Les professeurs de philosophie annoncent une grève de 72 heures

 

Les enseignants et professeurs de philosophie s'indignent de l'humiliation publique dont leur collègue Ndèye Awa Loum a été victime. Ils menacent de paralyser le système, si rien n’est fait.

 

La violence prend ses aises au sein de l’école. Mais les professeurs de philosophie refusent cet état de fait, notamment le mauvais comportement de certains élèves envers le corps professoral. Ils ont tenu un point de presse, hier à la Fastef, pour dénoncer ces attitudes. Le professeur El Hadj Songhé Diouf a relevé et dénoncé les différentes agressions dont ont été victimes les enseignants, dernièrement.

Singulièrement, dit-il, ce cas scandaleux à Kébémer. ''Nous sommes là pour dénoncer la violence qui a été portée contre notre collègue Ndèye Awa Loum qui enseigne la philosophie à Kébémer''. L'enjeu, a-t-il dit, est double. D'abord, a-t-il soutenu, c'est une femme. Ensuite, il trouve inconcevable, dans un espace scolaire, que de pareilles violences puissent se dérouler sans que des sanctions très fortes ne soient prises et portées à la connaissance du grand public. 

Dans cette affaire, le professeur était en train de faire cours et se trouvait au tableau, lorsque, soudain, un élève a surgi et l'a étreinte. Il a fallu, raconte, une morsure sur le bras pour que l'élève dessert son étreinte. ''La situation est grave. Elle aurait pu être tuée'', martèle-t-il. Pire, poursuit-il, l'élève a tranquillement repris les cours.

Le professeur Songhé Diouf regrette ''qu'une femme soit tabassée, livrée à elle-même, comme dans une jungle et que toute la population locale se solidarise et avance comme argument que l'élève serait un déficient mental. Quand bien même il serait un déficient mental, qu'est-ce qu’il a à faire dans l'espace scolaire ? On ne devrait pas attendre qu'il agresse quelqu'un pour venir dire : c'est un déficient mental''. Il considère que cet argument est irrecevable.

Il estime que les rapports entre élèves et professeurs sont devenus violents. Une violence intolérable à l'école où on transmet les valeurs fondatrices du vivre-ensemble. Le professeur d’avertir que l'école, qui est la dernière citadelle, si elle s’écroule, ce qui reste de la société va s'effondrer. 

Des sanctions réclamées

Les professeurs de philosophie, qui ont déjà prévu une grève de 72 heures, vont se concerter pour voir comment porter ce combat. Ils se réservent le droit de passer à la vitesse supérieure, si ce problème n’est pas pris en charge par les autorités, dont ils attendent des sanctions nécessaires et la protection des travailleurs, de manière générale.

De son côté, le Syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes) menace de suspendre les cours, si rien n'est fait. Le premier secrétaire général adjoint, Ibrahima Guèye, qui occupe la même fonction à la Confédération des syndicats autonome (CSA), prévient que si rien n’est fait, les enseignements-apprentissages vont être arrêtés, jusqu’à ce qu’ils obtiennent toutes les garanties pour s’acquitter de leur tâche.

Car la relation entre élèves et enseignants ne peut se résumer à des coups de poing.

Il a exprimé la solidarité de l’ensemble des travailleurs du Sénégal aux collègues enseignants victimes de violences de la part des apprenants.

‘’Les enseignants appellent à la responsabilité de l’Etat’’

Ibrahima Guèye appelle à la responsabilité de l'État et des autorités qui doivent prendre toutes les dispositions utiles pour sauvegarder et assurer la sécurité des enseignements-apprentissages. De même que les professeurs de philosophie. Il considère que la violence qui sévit dans la société ne peut être importée à l'école.

Les enseignants, qui sont éparpillés et dénués de défense, ne sauraient être laissés à leur sort. Ils ne sauraient tolérer que les élèves, qu’ils sont censés enseigner, encadrer et éduquer, se retournent contre eux.

Actuellement, souligne Ibrahima Guèye, des professeurs sont agressés, des salles de classe caillassées, des élèves qui reçoivent de mauvaises notes trouvent des prétextes pour s’attaquer aux enseignants. ‘’Aucun enseignement-apprentissage de qualité ne peut se dérouler, s’il n’y a pas de sécurité, parce que celle-ci est un élément fondamental par rapport à la stabilité de cet enseignant. Au Sudes et à la CSA, cette question a été au cœur des discussions dans nos instances. C’est pourquoi, à Kébémer, la section du Sudes a publié deux à trois déclarations sur cette question que nous avons fait parvenir à la presse’’.  

Le constat du premier secrétaire général adjoint du Sudes est que le pays sombre dans une violence, à la limite, institutionnalisée et acceptée. Pire, dit-il, l’opinion publique assiste sans réagir, ni exprimer une solidarité, une condamnation. La société, martèle-t-il, va à la dérive.

Aida Diène 

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