Publié le 7 Nov 2013 - 12:00
VIRAGE A L’ALLIANCE POUR LA REPUBLIQUE

Macky passe ABC à la guillotine

 

C’est une situation qui ne pouvait plus durer sous peine de fragiliser le Président de la République dans ses fonctions régaliennes, mais aussi le Président de l’Alliance pour la République. La dyarchie politique qui régnait au sommet du parti au pouvoir a été cassée cette nuit par Macky Sall, exaspéré par l’activisme de son ancien camarade Alioune Badara Cissé. Ce dernier vient d’être exclu du Directoire et du Secrétariat exécutif de l’Apr. Par la même occasion, il a été démis de ses fonctions de Coordonnateur national du parti.

 

L’information est tombée tard cette nuit. Alioune Badara Cissé, jusqu’ici coordonnateur national de l’Alliance pour la République (APR), a été démis des dites fonctions qu’il occupait pratiquement depuis la naissance de l’Apr. La sanction contre le premier ministre des Affaires étrangères de l’ère Macky Sall a même été élargie car ABC n’est plus membre du Directoire national et ne siègera pas non plus au Secrétariat exécutif. « Mais il reste membre de l’Alliance pour la République », précisent nos sources.

Ces mesures sont une réponse aux « attitudes et déclarations en contradiction avec les orientations de notre parti », indique-t-on.  « On peut constater sur une longue période une série inacceptable d’actes posés » par Me Alioune Badara Cissé « en dehors des canaux admis » par l’Apr, mais qui ont souvent été des attaques « contre nos alliés » de la coalition Benno Bokk Yaakaar, affirme-t-on dans les cercles du parti présidentiel.

Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est venue de Saint-Etienne (France) lors du meeting du mouvement dit des Abécécédaires, une structure proche du ci-devant coordonnateur national de l’Apr. Entre autres déclarations, il avait dit ceci : «Notre rencontre de ce jour est historique en ce qu’elle intervient à un moment où notre parti, l’Alliance pour la République, en profonde léthargie depuis l’accession au pouvoir de son candidat, le Président Macky Sall, n’arrive pas à remplir certaines de ses fonctions essentielles. »

Puis dans l’élan du meeting forézien, ABC s’était interrogé : « Qu’est-ce qui s’est passé pour que la continuité de l’Etat ne se ressente depuis le 25 mars (2012) que dans un corps à corps permanent entre l’Etat et les populations comme si certains venus d’ailleurs avec la complicité de partis politiques et d’une société civile bien de chez nous, avaient fini par accorder au Président Abdoulaye Wade sa rallonge de 9 mois à deux ans contre la volonté populaire ? »

Puis dans un ultime assaut, il s’était adressé au Président de la République : « Monsieur le Président de l’Alliance pour la République doit se réveiller avant qu’il ne soit minuit car il est le seul et unique responsable des difficultés que vit le parti. »

Pour les responsables de la formation présidentielle, la sortie de Saint-Etienne a été pour Alioune Badara Cissé, une occasion de « saper l’autorité du Président de la République et du Président de l’Alliance pour la République ». Par conséquent, « il faut qu’il assume ses déclarations car nous, nous assumerons nos actes. »

Quasiment poussé à la sortie, Alioune Badara Cissé pourrait-il devenir un martyre, ainsi que l’a été Macky Sall lors de son départ du Parti démocratique sénégalais après l’épisode de l’Anoci à l’Assemblée nationale ? A l’Apr, on ne s’en émut même pas. « Il ne sera pas un martyre car nous n’avons fait que réagir à ses actions », souligne un responsable du parti. « En plus, il ne faut pas oublier que le poste de coordonnateur national duquel il vient d’être déchu, il ne l’a jamais mérité car sa nomination a résulté de la confiance du Président de la République… »

ABC a-t-il senti la guillotine s’approcher de lui ? En tout cas, EnQuête est en mesure de révéler que pas plus tard que ce week-end, l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise avait déjà libéré le logement de fonction qu’il occupait « illégalement » depuis plusieurs mois alors qu’il n’en avait plus droit, à l’instar des anciens ministres Ibrahima Sall (Education) et Aly Cotto Ndiaye (Jeunesse). Le directeur du patrimoine bâti de l’Etat, dans un entretien avec EnQuête, avait d’ailleurs révélé que des sommations leur avaient été envoyées.

Ces sanctions contre Alioune Badara Cissé mettent un terme à plusieurs années d’amitié fraternelle et de proximité politique qui le liaient au Président de la République depuis l’époque de la bataille contre les Wade. Une rupture comme seule la politique sait en produire…

MOMAR DIENG

 

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