Jammeh candidat à un cinquième mandat présidentiel

Le Président Yahya Jammeh est officiellement candidat à un cinquième mandat, en vue de la présidentielle prévue dans son pays en décembre prochain. Il a officiellement été investi par son parti l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) lors d'un congrès qui se tient jusqu’à ce vendredi à Kanilai, le village natal du dirigeant gambien.
L'investiture de Yahya Jammeh intervient dans un contexte politique et socio-économique particulier marqué par une crise économique profonde et les stigmates de la tentative avortée de coup d’Etat de décembre 2014. Un épisode qui a vu le régime se braquer systématiquement contre l'opposition. Yahya Jammeh a dans la foulée mis en place une réforme du code électoral gambien qui multiplie jusqu'à cinq mille fois la caution à payer pour être candidat à une présidentielle. Ses opposants devront désormais débourser 500 000 dalasis (12 500 dollars US), pour prétendre le battre à une présidentielle, en plus de devoir renouveler la reconnaissance légale de leurs partis politiques au coût de 12 500 dollars US. Ils devront aussi installer des sièges, dûment agréés dans les sept régions du pays.
Malgré les cris de désapprobation de son opposition qui accuse le régime de préparer une fraude massive, en plus de vouloir lui barrer la route, c'est sur la base des réformes de l'homme fort gambien que la présidentielle de décembre prochain se prépare. D'ailleurs, au moment où les délégués du parti présidentiel poursuivent leurs assises, l'opposition gambienne est une nouvelle fois déchirée par ses divisions. L'échec des multiples tentatives de trouver un candidat unique et les divergences sur une participation ou un boycott de cette échéance électorale ont clairement validé un départ en ordre dispersé pour affronter Yahya Jammeh.
C’est ainsi que 24 heures avant l'investiture de Yahya Jammeh, l'opposant Halifa Sallah, un sociologue gambien, a été désigné candidat officiel du parti de l'Organisation démocratique du peuple pour l'indépendance et le socialisme (PDOIS) à l'élection présidentielle de cette année. Sa nomination a été validée lors d'une primaire ayant sanctionné un congrès de ce parti, mercredi. Il reste maintenant au parti PPP de l'ancien président Dawda Kairaba Jawara et l'UDP de l'avocat Ousainou Darboe de se déterminer sur la conduite à tenir.
Sous-officier de l'armée au moment de prendre le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat, Yahya Jammeh règne sans partage depuis 22 ans sur la Gambie. Et quelle que soit la forme d'organisation que l'opposition gambienne entend adopter pour le confronter, l’homme fort de Banjul compte savourer la première étape vers une nouvelle légitimation de son pouvoir par les urnes. Pour cela, le chef de l’Etat islamique de Gambie parraine, à partir de ce jeudi, trois grands concerts du jeune musicien sénégalais Waly Seck, en ligne droite avec le congrès de l’APRC.
Mame Talla Diaw