Publié le 28 Jul 2025 - 19:20
ENQUÊTE SUR L'UTILISATION DES TIC AU SÉNÉGAL

Les ménages citent le coût élevé des abonnements et le manque d'infrastructures

 

Les résultats de l'enquête nationale sur les technologies de l'information et de la communication au Sénégal (Entics 2024) de l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) ont été rendus publics. Les ménages citent surtout le coût élevé des abonnements et le manque d'infrastructures comme obstacles majeurs.  

 

L'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a livré, avant-hier, les résultats de l'enquête nationale sur les technologies de l'information et de la communication au Sénégal (Entics 2024). L'objectif était de permettre à l'ARTP de disposer de statistiques pertinentes, complètes, fiables et à jour faisant ressortir de façon objective la situation du Sénégal en matière d'accès et d'usages liés aux Tic. Il permet aussi d'apprécier le développement des technologies de l'information et de la communication, d'évaluer l'intensité de leur utilisation (usages et fréquence), connaître les équipements d'accès, déterminer les types d'utilisation des Tic (communications, commerce électronique, réseaux sociaux, partage et échange d'information, applications mobiles, etc.), connaître le degré et le type de connexion à Internet selon la localisation géographique (milieu de résidence), identifier les compétences à l'utilisation des Tic (aptitudes, maîtrise des offres disponibles, etc.), avoir un retour de terrain sur certains indicateurs du secteur des Tic et comparer l'évolution de certains indicateurs par rapport à la situation de 2009.  

L'enquête a porté sur 1 755 ménages répartis dans tout le pays (Dakar, autres villes et zones rurales), issus des données du RGPH-5 et couvrant 117 districts de recensement (DR).  

Concernant les difficultés d'accès à Internet, les ménages citent surtout le coût élevé des abonnements et le manque d'infrastructures comme obstacles majeurs.  

Pour l'accès aux Tic selon le milieu de résidence, elles sont devenues, selon le document, un moteur clé du développement, adoptées par 99,3 % des ménages. Malgré cette généralisation, des disparités subsistent selon la zone : 100 % à Dakar, 98,9 % dans les autres zones urbaines et 99,1 % en zone rurale.  

L'accès aux équipements varie légèrement selon le sexe du chef de ménage : 99,4 % des ménages dirigés par des hommes en disposent, contre 99,1 % pour ceux dirigés par des femmes, révélant une faible disparité selon le genre.  

L'accès aux équipements est élevé (plus de 99 %) chez les ménages dirigés par des personnes âgées de 35 ans et plus, mais reste légèrement inférieur pour les tranches 15-24 ans (95,3 %) et 25-34 ans (98,8 %).  

L'accès aux équipements est universel (100 %) pour presque toutes les catégories socioprofessionnelles, sauf chez les indépendants agricoles (99,2 %), non agricoles (99,9 %) et les apprentis où le taux chute significativement à 78 %.  

La possession des équipements varie selon le milieu de résidence. Le smartphone est le plus répandu (89,1 %), suivi de la télévision (59 %). Les zones urbaines, surtout Dakar, concentrent les équipements modernes, tandis que les équipements traditionnels comme la radio dominent en zone rurale.  

L'utilisation des équipements varie selon la zone de résidence et le sexe du chef de ménage. Le smartphone est le plus utilisé (88,7 %), suivi de la télévision (57,1 %). Son usage est plus élevé en zone urbaine, notamment à Dakar. Les ménages dirigés par des hommes utilisent plus le smartphone (87,6 %) et le téléphone mobile (57,9 %), tandis que ceux dirigés par des femmes privilégient le smartphone (92,5 %) et la télévision.  

Âge moyen des équipements   

La plupart des équipements des ménages ont entre 1 et 3 ans, notamment les smart TV (54,1 %), les télévisions (50,2 %), les ordinateurs portables (61,7 %) et les smartphones (45,3 %). Les modèles de moins d’un an sont aussi fréquents, surtout pour les smartphones (44,5 %) et les tablettes (37,5 %).

La non-possession d’équipements s’explique surtout par l’absence de besoin pour certains équipements (téléphone fixe, ordinateur de bureau, parabole) et le prix trop élevé (52 % pour la smart TV, 48,4 pour le smartphone). Les raisons secondaires incluent l’utilisation difficile (6,1 %) et l’analphabétisme (3 %).

Selon la note, 81,7 % des ménages utilisent l’ordinateur pour l’Internet, 48,6 % pour les loisirs, 45,3 % pour la bureautique. Le travail à domicile (36,9 %) et le télétravail (16,6 %) suivent. Le e-commerce (4,1 %) et les démarches administratives (6,6 %) sont peu fréquents.

Les smart TV sont majoritairement utilisées pour la télévision classique (95,7 %). L’IPTV (9,1 %) et YouTube (50,7 %) sont plus populaires à Dakar. Les jeux (3,6 %) et autres usages (0,7 %) restent marginaux, surtout en milieu rural.

L’utilisation des tablettes varie selon les zones, avec une prédominance des jeux/applications (77,3 %), loisirs (54,7 %) et navigation Internet (39,6 %). Les appels sont moins fréquents (23,3 %) et le commerce électronique reste marginal (<5 %). Ces tendances sont similaires à Dakar, dans les autres zones urbaines et rurales, bien que plus faibles en milieu rural.

L’usage des smartphones dans les ménages montre que 100 % les utilisent pour des appels, 64,6 % à Dakar pour la messagerie, 15,9 % pour le e-commerce et 86,2 % pour Internet.

L’usage du téléphone simple est principalement vocal, avec 99,3 % pour la réception et 98,6 % pour l’émission d’appels. Les fonctions avancées sont très faibles : Internet (1,4 %), jeux (0,7 %) et e-commerce (0,2 %). La messagerie touche 17,5 % des ménages, surtout chez les indépendants non agricoles (22,9 %).  

L’accès aux équipements par les individus selon le milieu de résidence a montré que plus de 80 % des individus possèdent au moins un équipement, avec des disparités marquées : 97,6 % à Dakar, 88 % dans les autres zones urbaines hors Dakar et seulement 75,5 % en milieu rural.

L’utilisation varie selon les équipements. Les smartphones (95,2 %), téléphones simples (91,9 %) et smart TV (90,6 %) sont les équipements les plus utilisés de façon quotidienne. Plus de la moitié des individus utilisent les objets connectés (clés USB, câbles, etc.) 69,7 %, l’ordinateur (54,4 %) et la tablette (65,5 %) quotidiennement.

Les principales raisons d’usage du téléphone ou de la tablette sont les appels (émission : 98,0 %, réception : 99,1 %), suivis des loisirs (62,0 %), d’Internet (59,8 %) et de la messagerie (41,7 %). Le e- commerce reste marginal (7,6 %).

Accès à Internet par le ménage selon le milieu de résidence

L’accès à Internet à domicile au Sénégal est faible : seulement 19,4  % des ménages ont une connexion à domicile par un abonnement. À Dakar, ce taux est de 43,8 %, contre 16,3 % dans les autres zones urbaines et près de 3 % en milieu rural, révélant une forte disparité territoriale avec une concentration nette dans la capitale.

Parmi les ménages n’ayant pas d’accès à Internet à domicile par leur propre abonnement, 13,3 % utilisent des alternatives, comme se connecter chez des voisins. Ce recours est très marqué à Dakar (39,2 %), modéré dans les autres zones urbaines (14,8 %) et quasi inexistant en milieu rural (0,2 %).

Le téléphone mobile est l’équipement principal d’accès à Internet à domicile. Il est suivi par l’ordinateur (37,8 %), la smart TV (32,1 %) et la tablette (14,4 %). La console de jeu reste marginale (0,9 %).

La fibre est le principal mode de connexion à Internet à domicile, utilisée par 49,8 % des ménages, suivie de la box Wi-Fi (27,4 %), de l’Internet mobile (11,4 %) et de l’ADSL (9,6 %). À Dakar, 64,2 % des ménages utilisent la fibre, contre 65 % des ménages dans les autres zones urbaines hors Dakar qui utilisent la box Wi-Fi.

Parmi les ménages sans accès à Internet, 65,64 % invoquent le coût élevé de l’abonnement. D’autres raisons incluent l’absence de téléphone fixe ou mobile (27,4 %), le manque d’électricité (18,7 %), l’indisponibilité d’ordinateurs (10,4 %) et les problèmes de couverture réseau (9,7 %).

L’accès à Internet hors domicile repose principalement sur le smartphone, utilisé par plus de cinq individus sur dix. L’ordinateur portable est utilisé par 5,5 %, la tablette par 0,7 % et le téléphone mobile classique par 0,4 %.

Pour les ordinateurs portables, 42,8 % des utilisateurs optent pour l’Internet mobile, suivis de la box Wi-Fi (28,9 %) et de la fibre (19,2 %). Les ménages disposant de tablettes se connectent majoritairement via box Wi-Fi (53 %). Les détenteurs de smartphones privilégient l’Internet mobile (80 %), de même que ceux disposant de téléphones mobiles classiques (57,1 %).

La majorité des connexions Internet hors domicile se font via ordinateur portable (65,2 %) et smartphone (63,2 %) et s’effectuent sur le lieu de travail. Les lieux d’enseignement sont privilégiés pour les détenteurs de tablettes (52,2 %), tandis que les points d’accès publics attirent 44,4 % des utilisateurs de téléphones mobiles classiques.

L’utilisation d’Internet hors domicile est majoritairement quotidienne : 77,4 % des utilisateurs de smartphones se connectent chaque jour et 75,6 % des utilisateurs d’ordinateurs portables. Pour les téléphones mobiles, 69,8 % des utilisateurs ont aussi une fréquence quotidienne. En revanche, la tablette est moins utilisée quotidiennement, avec 26,4 % des individus s’y connectant une fois par semaine.

L’utilisation des applications mobiles sur les tablettes est marginale (1,6 %), avec 2,6 % à Dakar, 1,5 % dans les autres zones urbaines et 0,9 % en milieu rural. Les usages des applications mobiles sur smartphones sont importants (78,3 %), surtout à Dakar (89,9 %) et dans les autres zones urbaines (77,2 %). Les utilisations des applications mobiles sur ordinateurs sont peu fréquentes (6 % nationales).

À Dakar, les enfants passent en moyenne 4,1 heures sur les tablettes

L’utilisation des tablettes par les enfants de 3-11 ans est faible : 14,9 % à Dakar, 3,9 % dans les autres zones urbaines, 0,7 % en milieu rural, soit 3,7 % au total. Les smartphones sont plus utilisés : 51,9 % à Dakar, 36,3 % dans les autres zones urbaines, 22,7 % en milieu rural, moyenne de 31 %.

L’utilisation d’applications mobiles sur tablettes, smartphones et smart TV par les enfants varie selon les zones. Sur tablette, YouTube est plus utilisé à Dakar (84,8 %) mais est absent en zone rurale (0 %) où 88,7 % préfèrent d’autres applications.

TikTok atteint 16,7 % à Dakar, 35,4 % dans les autres zones urbaines. Sur smartphone, YouTube est utilisé par 91,3 % à Dakar, TikTok par 34,9 % ; en milieu rural, TikTok (40,6 %) dépasse YouTube (31,3 %).

À Dakar, les enfants passent en moyenne 4,1 heures sur les tablettes, 3,2 heures sur les smartphones et 4,0 heures sur les smart TV. Dans les autres zones urbaines, le temps baisse à 3,4 heures (tablettes), 2,0 heures (smartphones) et 0,8 h (Smart TV).

En zone rurale, ils passent 3,6 heures sur tablette, 2,0 heures sur smartphone et 3,0 heures sur smart TV.

Les filles de 3 à 11 ans passent en moyenne 4,7 h/j sur tablette, contre 3,0 h/j pour les garçons.

Pour les smartphones, les filles utilisent 2,4 h/j ; c’est légèrement plus que les garçons (2,2 h/j). En revanche, les garçons passent 4,2 h/j sur smart TV, contre 3,3 h/j pour les filles.

Évolution des Tic au Sénégal

Par ailleurs, selon la note, entre 2009 et 2024, l’accès aux Tic a évolué au Sénégal. La possession d’ordinateurs a légèrement augmenté (11,5 % à 16 %), tandis que les téléphones portables ont fortement progressé (hausse de 14 points, atteignant 97,7 %).

En revanche, les téléphones fixes ont chuté de 14,5 % à 5 %.

L’utilisation d’Internet à domicile au Sénégal a connu une forte progression, passant de 4 % en 2009 à 19,4 % en 2024. Cette évolution s’explique par la diffusion des smartphones, l’extension des réseaux mobiles et de la fibre.

Entre 2009 et 2024, la connexion à Internet hors domicile est passée de 80 % à 56,4 %. La baisse des cybercafés, autrefois essentiels, reflète cette transformation des habitudes de connexion des ménages au Sénégal.

CHEIKH THIAM

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