Deux employés évoquent une agression, pour leur défense

Moussa Sy et Mamadou Fall encourent deux ans d’emprisonnement ferme, si le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar suit le réquisitoire du parquet. Ils sont poursuivis pour abus de confiance portant sur 30 millions de francs CFA au préjudice de leur employeur.
Moussa Sy, Mamadou Fall et Cheikh Alioune Mbaye Cissokho ont été appelés à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Travaillant tous dans la même boîte, ils sont traduits en justice par leur patron Ibrahima Guèye. Il leur est reproché le délit d’abus de confiance.
Envoyé à la banque pour retirer un chèque de 30 millions de francs CFA, Moussa Sy, qui devait en principe être accompagné de Mamadou Fall, n’a jamais remis l’argent à son boss.
En effet, il a dit à ses supérieurs qu’ils ont été victimes d’une agression, à hauteur de Mermoz, alors qu’ils étaient à bord d’un scooter. Sur ces entrefaites, une plainte contre X a été déposée afin que leurs bourreaux soient retrouvés et arrêtés. Entretemps, un autre de leur collègue, Cheikh Alioune Mbaye Cissokho, célèbre le baptême de son enfant et convie les autres agents de la société à la fête. À cause de cette cérémonie, ce dernier a été cité dans l’affaire. En effet, selon le plaignant, Alioune Mbaye Cissokho, qui perçoit un salaire de 80 mille francs CFA, a fêté en grande pompe la naissance de son enfant. Ce, dit-il, après avoir changé la chambre à coucher de son épouse. De l’autre côté, les limiers qui, pour les raisons de l’enquête, ont visionné les vidéos des caméras de surveillance à l’extérieur de la banque, remarquent que les trois individus, qui étaient à bord de deux scooters, n’ont pas été fauchés par des agresseurs qui étaient sur une moto, comme ils l’avaient prétendu. Selon les policiers, les images montrent les trois individus discuter pendant quelques secondes avant de partir en empruntant la même direction.
Face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar, le plaignant Ibrahima Guèye conforte ses soupçons sur le trio en évoquant la présence de Cissokho sur les lieux que rien ne peut expliquer. À l’en croire, c’était son jour de repos. Pour sa défense, Cissokho, qui clame son innocence depuis le début, explique qu’il a rejoint ses collègues quand ceux-ci lui ont fait part de leur agression. S’agissant des revenus utilisés pour la célébration du baptême de son fils, il soutient : ‘’La partie civile m'a offert 100 000 F. C'est un ami qui a décoré gratuitement la bâche, avant de m'offrir 70 000 F CFA.’’
Pour sa part, Moussa Sy revient sur le film de leur agression. ‘’J'ai demandé à Mamadou Fall de me conduire à la banque. Après avoir retiré les 30 millions de francs CFA, je l'ai retrouvé dehors. Une fois au rond-point Elton Mermoz, on a été percuté. Modou ne pouvait plus maîtriser le Jakarta. Le sac était devant. C'est après notre chute que le sac a été dérobé par un individu qui était à bord d'une moto. Les choses se sont passées très vite. Je n'ai vu que la main du voleur’’, a relaté ce marié et père de quatre enfants. Son co-prévenu Mamadou Fall, qui s’en est tiré avec des séquelles, de marteler : ‘’Ma tête a cogné le trottoir. Ce sont les sapeurs-pompiers qui m'ont transporté à l'hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Je ne savais pas ce qu’il y avait dans le sac, même si c'était la quatrième fois que je transportais Moussa à la banque.’’
Des dénégations qui ne confortent pas les avocats de la partie civile. Après avoir demandé que les prévenus soient reconnus coupables, ils ont réclamé pour le compte de la société à titre principal la restitution des 30 millions de francs CFA et 10 millions en guise de dédommagement.
Après avoir requis la relaxe d’Alioune Mbaye Cissokho, le représentant du ministère public a demandé que Moussa Sy et Mamadou Fall soient reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés et qu’ils soient condamnés à deux ans d’emprisonnement ferme.
Réquisitoire qui n’a pas lieu d’être, selon les avocats des prévenus. D’après eux, aucun élément de preuve n’a été présenté pour entrer en voie de condamnation. Ils ont ainsi sollicité la relaxe de leurs clients.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 21 septembre.
MAGUETTE NDAO