Publié le 24 Mar 2019 - 14:47
ABUS SEXUEL SUIVIS DE GROSSESSE SUR SA FILLE DE 14 ANS

Le quinquagénaire écope de 10 ans de prison

 

Dix ans de prison, c'est la peine prononcée, hier, par le procureur du tribunal de grande instance de Mbour, contre le quinquagénaire Amadou Wade, condamné pour abus sexuels suivis d'une grossesse sur sa fille adoptive de 14 ans.

 

Dans le populeux quartier de Téfess, Amadou Wade vit avec sa femme muette et ses trois enfants, une fille et deux garçons. Leurs voisins entendaient, tous les matins, la fille M. Faty, 14 ans, traiter son beau-père de pervers. Ils taxaient alors la petite fille d'impolie. Avec la récurrence des scènes, Astou Diagne, qui loue deux chambres à Amadou Wade, s’est mise à observer M. Faty. Elle a remarqué la transformation corporelle de la fille. Ce constat fait, elle a mené sa petite enquête.

Venue témoigner à la barre du tribunal de grande instance de Mbour, Astou Diagne explique : ''Un jour, mes enfants m'ont dit que M. Faty avait insulté son père, en le traitant de 'thiaga' (pervers). Le lendemain, la maman de M. Faty m'a interpellée. Et, par des gestes, elle m'a expliqué que la nuit, elle avait vu son mari coucher avec sa fille. J'ai commencé à surveiller la petite et j'ai remarqué qu'elle avait les seins rebondis. Je lui ai alors demandé si elle avait commencé à voir ses règles. Elle m'a dit que oui. Et que, depuis le dernier ramadan, elle ne les avait plus vues. M. Faty et sa mère, qui était au courant des agissements de son mari, ne sortent jamais de la maison. C'est Amadou Wade qui va au marché et fait toutes les courses.'' 

En tant que mère de famille, Astou Diagne s'est inquiétée. Elle raconte : ''J'ai dit à M. Faty de dire à son père que je voulais l'emmener à l'hôpital, à mes frais. Quelques jours après, elle m'a dit que son père ne voulait pas qu'elle aille voir un médecin.'' C'est ainsi qu’Astou Diagne a saisi Bigué Ndao, plus connue sous le nom de ‘’Yayou Talibé’’ dont ‘’EnQuête’’ a fait le portrait. Cette dernière s'en est ouverte aux agents de l'Action éducative en milieu ouvert (Aemo). C’est ainsi que M. Faty a été entendue par l'assistante sociale, Aminata Ndiaye. Elle lui a raconté que, chaque nuit, le mari de sa mère venait la rejoindre dans son lit pour entretenir des rapports incestueux. Conduite chez la gynécologue de l'hôpital de Mbour, une grossesse est diagnostiquée. 

Sachant que les patates sont cuites, Amadou Wade quitte le quartier. Il se retranche au quartier de Falokh. Mais il est retrouvé par Yayou Talibé qui n’a pas lâché l’affaire. Elle l’a conduit à la police.

''Je suis stérile'', se défend le prévenu

Devant le tribunal de grande instance de Mbour, Amadou Wade réfute les faits, en brandissant la thèse de son impuissance et de son stérilité. Depuis le début de cette affaire, le quinquagénaire a toujours nié les faits. Dans le procès-verbal de la police, il a dit aux policiers qu'il n'était pas viril. Devant la barre du tribunal, il a réitéré les mêmes déclarations.
''La mère de M. Faty est ma dixième femme. Je n'ai jamais eu d'enfant avec aucune d'entre-elles'', s'est défendu A. Wade. Le juge lui a demandé pourquoi alors il interdisait à sa famille de sortir.  ''Tout père de famille n'aimerait pas voir sa famille traînée dehors'', a-t-il répondu. 

Ainsi, tout le long des débats d'audience, le quinquagénaire a campé sur ses dénégations. ''Je suis impuissant. Je ne suis pas viril'', a-t-il martelé. Le juge lui a rétorqué : ''Il y a un vaccin qui permet de savoir si vous l'êtes.''  Toute honte bue, il a ajouté tout bas : ''Je ne suis pas viril''.

''Il n'est pas mon père. Il m’a mise enceinte'', accuse M. Faty

Flottant dans sa tenue taille basse et tenant son bébé de sexe masculin né le 30 janvier dernier, M. Faty a fait face à son bourreau, hier. Avec ses gestes et paroles enfantins, seul le bébé qu'elle tient dans ses bras montre qu'elle est entrée dans la vie adulte, contre son gré. Lorsque le juge lui demande qui est Amadou Wade pour elle. De façon innocente, elle répond : ''Personne.'' Une réponse qui n'a pas manqué de soulever l'ahurissement de l'assistance. ‘'Ce n’est pas ton père ?'', interroge le juge.

'' Non. Il m'a mise enceinte'', répond la jeune maman. ''Que faisait-il ? Combien de fois a-t-il entretenu des rapports avec toi ?''. L’adolescente : ''La nuit, il venait me trouver pour coucher avec moi. Je l'ai dit à ma mère. Il a couché avec moi, à plusieurs reprises. Après, il m'a dit que j'avais un serpent dans le ventre. Il m'a donné des décoctions d'arbres. Il dit qu'il n'est pas viril. Il l'est, parce qu'il m'a engrossée. Il est le père de mon enfant.''

D'après le procureur, M. Faty est victime d'une agression sexuelle de la part d'une personne exerçant une certaine autorité sur elle. ''Au service de l'Aemo, M. Faty s'est confiée à Aminata Ndiaye. Une contrainte était exercée sur elle. On ne peut pas enfanter sans avoir entretenu un rapport sexuel'', a soutenu le procureur.

Le tribunal a accepté son réquisitoire, en condamnant Amadou Wade à 10 ans de prison. Il devra payer une amende de trois millions de francs Cfa à sa fille adoptive.

KHADY NDOYE (MBOUR)

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