Publié le 7 Mar 2013 - 02:35
ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

 Allah a bon dos

 

 

L’accident de la circulation qui a eu lieu vendredi dernier, au rond-point de Liberté 6, et qui a coûté la vie à une fillette de sept ans a meurtri le cœur de plus d’un. Une vie de perdue dans un accident, c’est une mort de trop. Qui que puisse être la victime. Lorsqu’il s’agit d’un enfant, la douleur ne peut être que plus pénible encore. Aussi bien pour sa propre famille que pour tout autre parent. Ce qui rend la peine plus dure à supporter, c’est que, au nom du fameux «ndogalou Yallah», argument passe-partout pour justifier tout et n’importe quoi, les faiseurs de tort ne sont nullement inquiétés après leurs forfaits. Ils ne sont même pas livrés à leur conscience, au cas où ils en auraient une.

 

L’histoire qui suit devrait, au moins, leur donner une idée de l’ampleur des dégâts que les auteurs de tels actes et d’autres actes similaires peuvent causer à toute une communauté, à toute une société. Peut-être se, alors, (re)mettraient-ils en question, pour se prouver à eux-mêmes qu’ils ont bien une conscience.Ceci est une histoire vraie. Faisant ses courses dans une des « Grandes Surfaces » de la place, Khaly (appelons-le ainsi) remarqua la présence d’un petit garçon au rayon des jouets. Madior (c’est le nom que nous prêterons à l’enfant) tenait dans ses bras une jolie poupée, l’air tristounet. Il avait demandé à son accompagnatrice : « Tata, est-que j’ai assez d’argent pour acheter cette poupée ? » Il tendit sa main droite, dévoilant ainsi son insignifiant contenu. La réponse de sa tante ne l’égayait pas. Et d’ajouter : « Attends-moi ici, j’arrive. » Et elle partit.

 

Khaly, qui suivait discrètement la scène, s’approcha du petit garçon d’à peu près cinq ou six ans, et lui demanda : « C’est pour qui cette poupée ? » « Je voudrais l’acheter à ma petite sœur. Elle voulait tellement que le Père Noël la lui donne comme cadeau ». « Il va la lui apporter. », reprit Khaly « Non, le Père Noël ne peut pas aller là où se trouve ma sœur maintenant. Je vais la remettre à maman pour qu’elle la lui apporte ». Et le petit garçon de poursuivre, les yeux embués de larmes. « Papa m’a dit que maman allait bientôt rejoindre ma sœur. Je l’ai prié de dire à maman de m’attendre pour que je lui remette la poupée. Je vais aussi remettre à maman cette photo. Comme çà elle ne m’oubliera jamais. Madior tendit alors à Khaly une photo et ce dernier l’y reconnut, tenant la fameuse poupée dans ses bras. La photo a été prise quelques minutes plus tôt, dans ce même magasin. L’émotion gagna Khaly. Il s’arrangea pour que Madior puisse rentrer avec la poupée, sans se douter moins du monde que c’est lui qui l’a payée…

 

Plus tard, Khaly se souvint d’un récent accident de la circulation, d’une telle violence qu’il avait fait la une des journaux et le tour des RP, pendant des jours. L’accident était causé par un chauffeur en état d’ivresse. Les victimes : une fillette morte sur le coup et sa mère, gravement blessée. Ces victimes étaient-elles de la famille de Madior ? Khaly eût le cœur meurtri lorsque, quelques jours après sa rencontre avec le petit Madior, il revit le triste visage de ce charmant garçon sur les pages des journaux, tenant dans une main la poupée qu’il voulait offrir à sa chère petite sœur morte, et dans l’autre main, la photo qu’il voulait remettre à chère maman pour qu’elle se souvienne encore de lui. Dans l’au-delà. Sur la photo publiée dans la plupart des journaux, Madior était entouré de ses quatre parents. Un chauffeur inconscient lui a arraché des êtres à qui il vouait un amour sans nul autre égal.

 

Khaly pria pour le repos de l’âme des défunts parents de Madior, et promit de revoir le malheureux petit garçon et son aussi malheureux papa. Quant à moi, je m’incline pieusement sur la dépouille de cet enfant qui a perdu la vie dans l’accident évoqué plus haut. Cette fille aurait pu être ma fille. Elle aurait pu être votre fille ou celle d’un quelconque chauffeur. Allah ait son âme innocente.

Amine.

 

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