Publié le 3 Dec 2019 - 21:42
AUTOROUTE DE L’AVENIR

Modalités d’extension de la concession  

 

Quelques cadres d’Eiffage expliquent pourquoi le bail sur l’autoroute de l’Avenir est passé à 30 ans.

 

Qui mieux que Loïc Dorbec, de Eiffage Concessions, pour expliquer les mécanismes encore controuvés du ‘‘bail’’ sur l’autoroute à péage communément appelé ‘‘autoroute de l’Avenir’’ ? Eiffage Concessions exploite les 42 km de cette autoroute reliant Dakar à l’aéroport international de Diass dont la durée de concession est de 30 ans (elle expire en 2039).

‘‘Il faut un équilibre économique à une concession. C’est l’investissement qu’on fait initialement. Si l’Etat ne met pas d’argent, il faut naturellement payer plus cher la concession ou faire une durée plus longue. C’est un choix de la personne publique de faire varier les paramètres (...) En face d’une durée de concession, il y a le tarif, ou pas de subvention’’, explique M. Dorbec qui recevait mardi dernier un groupe de journalistes sénégalais au siège du groupe à Vélizy-Villacoublay.

En octobre 2018, une baisse de 33 % a été enregistrée sur le tarif du péage, passant de 3 000 à 2 000 F Cfa pour Dakar - Aibd ainsi que sur les autres sections. Ce coût ne devrait pas augmenter sur toute la durée de la concession, soit les vingt années à venir. Une clause de partage des fruits est également incluse dans le contrat. Le document prévoit aussi pour l’Etat, ou tout autre investisseur institutionnel, d’entrer à hauteur de 25 % au capital de la Senac.

Aucune clause de renégociation ne figure dans le contrat, mais les discussions sont en cours entre l’Etat (Apix) et Eiffage sur les compensations suite à cette baisse. ‘‘L’Etat sénégalais a choisi de faire un mix. Il y a effectivement une part qui a été subventionné directement par lui et une autre apportée par l’argent privé (...) Il y avait une certaine inquiétude des bailleurs de fonds internationaux sur la possibilité de pérenniser cette réalisation. Aujourd’hui, les Sénégalais prennent l’autoroute et considèrent que c’est normal. On n’était pas nombreux à parier sur la capacité de s’inscrire à 20-25-30 ans. La dernière autoroute de 92 km qu’on a gagnée, la Route Centre Europe - Atlantique (Rcea), est de 48 ans. Si vous donnez une durée plus longue aux concessionnaires, vous n’avez pas besoin de subventions, vous payez moins cher’’, poursuit M. Dorbec. L’acceptabilité du projet ne fait pas doute pour les concessionnaires de l’autoroute de l’Avenir.

‘‘La relation dans la durée est très compliquée, mais on s’entend bien avec les autorités concédantes’’, explique, pour sa part, Christian Cassayre de la Fondation Eiffage. D’après lui, la compagnie a 93 ans d’existence au Sénégal qui se trouve être son principal ancrage en Afrique. Le pays concentre le tiers des activités hors des ancrages historiques que sont l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne. ‘‘Le principal risque de la concession est la stabilité politique. Mais on pense être légitime au Sénégal’’, poursuit-il.

Une bretelle Cicad - Aibd prévue

Malgré son adoption, cette infrastructure routière est obligée de se conformer à une demande plus croissante. ‘‘C'était une première, car personne ne savait comment les usagers sénégalais allaient réagir au projet. Maintenant, les critiques que nous avons, c’est : Il y a beaucoup de trafic. Le risque trafic était pris par Eiffage, car l’État a clairement dit que ce n'était pas son problème’’, a avancé Alioune Badiane, le directeur général adjoint de Eiffage Sénégal. L’implantation du Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), ultérieure à la réalisation de l’autoroute, a obligé la compagnie à se réajuster. ‘‘Aujourd’hui, il y a Diamniadio qui n’était pas prévu. C’est une opportunité dont il faut tenir compte. De ce fait, on a ouvert l’échangeur du Cicad sans péage’’, affirme M. Dorbec. Un nouvel aménagement est également nécessaire, puisqu’il est impossible de rejoindre l’infrastructure aéroportuaire à partir du Centre de conférences de Diamniadio. ‘‘Une bretelle est prévue pour ceux qui veulent quitter le Cicad et se rendre à l’aéroport de Diass. Nous avons un projet d’avenant. Nous nous sommes mis d’accord, en début d'année 2018, avec l’Apix sur un avenant au contrat pour la réalisation de cette bretelle et d'autres aménagements. Nous attendons que l’Apix transmette le projet d’avenant au ministère des Finances pour valider’’, explique Loïc Dorbec.  

Kms3 : la pose des 38 km de canalisation en cours

En dehors de l’infrastructure routière et de la centrale solaire de Ten Mérina Dakhar, le groupe français est également dans les starting-blocks pour le projet hydraulique de Keur Momar Sarr 3 (Kms3) qui devrait pourvoir, au besoin, de 550 mille mètres cubes d’eau/jour la capitale sénégalaise. La troisième station de traitement et de pompage d'eau et d'acheminer jusqu'à Dakar depuis Keur Momar Sarr en passant par Thiès. Le maître d’ouvrage est la Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal (Sones). Un projet de sept lots dont Eiffage Sénégal et Génie civil sont adjudicataires du lot 2. En tout, 38 km de pose de canalisation et 65 chambres de vanne pour faire fonctionner. ‘‘L'objectif premier est certes d'alimenter Dakar, mais à terme c'est aussi d'alimenter une partie des villes situées à côté de ces canalisations, le long du tracé. Un projet de 22,2 milliards hors taxes. Les travaux ont démarré en avril 2018 et la pose complète des 38 km devrait avoir lieu à la fin de ce mois de novembre’’, explique pour sa part Alain Poloni d’Eiffage en Afrique. 

Tout indique que la compagnie devrait avoir fini, en avril 2020, la date butoir, contrairement aux concessionnaires des autres lots confrontés à une problématique de libération d'emprise. 

OUSMANE LAYE DIOP

 

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