Publié le 11 Mar 2017 - 15:26
AVIS D’INEXPERT PAR JEAN MEÏSSA DIOP

Le succès des Lionceaux et l’exploit du Barca

 

Tout éclatant que soient les succès consécutifs des Lions U-20 du Sénégal (joueurs de foot âgés de moins de 20 ans) en Coupe d'Afrique de leur catégorie, l'enthousiasme pour les saluer est moins ardent sur les réseaux sociaux comparés à l'explosion qui continue d'agiter des Sénégalais se réjouissant de la chipotée de 6 buts à 1 infligée par le club espagnol Barça à son adversaire français du Paris-Saint-Germain (Psg). Même on se surprend à découvrir des journalistes parmi ces "hispanophiles".  C'est à se demander si l'exploit de l'équipe nationale sénégalaise ne pèse d'aucun poids affectif sur celui de lointains Catalans.

Aucune des  quatre fameuses ‘’Lois de la proximité dans le traitement de l'information’’ ne semble opérer dans l'appréciation du comportement de nos jeunes footballeurs qui, pourtant, ne devraient déparer l'illustre décor du Football Club de Barcelone. Certes, il y a quelque chose de chauvin quand une loi de l'agencement dans le choix des sujets à traiter par le journaliste doit obéir à des critères que sont les proximités géographiques, sociales, psychoaffectives et chronologiques. ‘’La Corrèze avant le Zambèze’’, avait dit en boutade le journaliste et homme  politique français, Raymond Cartier.

De même, nous pourrions exiger que des Sénégalais férus de foot vibrent d'abord et plus pour les Lionceaux que pour Barça. Mais par un extraordinaire pouvoir d'auto projection, l'essentiel de la presse sportive en arrive à provoquer chez ses compatriotes un phénomène de projection si puissant qu'un Sénégalais jouant à Arsenal vaut à son club les faveurs de nombre de ses compatriotes. Un sentiment si fort qu’on écrit ‘’le Liverpool de Sadio Mané…‘’, Et tant d’autres équipes ressenties comme, pour ainsi dire, sénégalaises… Et même un ressortissant peut ne pas y jouer, mais des supporters sénégalais en savent plus sur ce club étranger et leur championnat que sur leurs siens propres.

Lors d’une  discussion, un étudiant en journalisme avoua plus connaître les clubs de la Liga espagnole que ceux du championnat de football sénégalais. Difficile de ne pas crier à l’incongruité. Et lui, soutient à tout crin qu’entre une information sur le Real de Madrid et une autre sur le Jaraaf de Dakar, son cœur ne balance pas pour mettre en exergue la première quel que soit l’intérêt mineur qu’elle peut avoir comparée à la seconde. Là aussi, on ne peut lui donner entièrement tort quand on connaît l’extraordinaire attraction du football espagnol pour tous les férus de ce sport. La loi psychoaffective opère contre elle-même et cette autre qu’est la géographie. Il faut alors s’y faire. Et en se laissant guider, dans son choix, par ses préférences subjectives (excusez la redondance !), le journaliste finit par les transmettre (pour ne pas dire imposer) à son public.

Des quotidiens L’Observateur, l’As, Libération et Vox Populi lequel tient l’information exacte sur la cellule de la Maison d’arrêt et de correction où séjournent le maire de Dakar, son collègue édile de la Médina ? Tous les quatre titres ont, dans leur édition du 9 mars 2017, annoncé à leur Une (barre à sa une comme le ressassent avec un fort mauvais goût certains présentateurs de la revue de presse) que Khalifa Sall, maire de Dakar, s’est retrouvé dans la même cellule où fut enfermé Karim Wade. Ah oui ! Elle est devenu forcément symbolique voire fétiche cette cellule qui gagne en intérêt éditorial. Mais, l’information est pourtant si mince ! En séjournant dans une cellule autre que celle où se retrouva Karim Wade, Khalifa Sall ne peut-il pas, à son tour, ‘’sanctifier’’  son compartiment. Un maire d’une capitale, incarcéré, c’est quand même tout un symbole.

Est-ce une information aussi que d’annoncer que Khalifa Sall s’est fait apporter dans sa cellule un Coran, un chapelet et un tapis de prière ? Là aussi, c’est mince. Se munir de ces objets d’expression et de la pratique de la piété est un réflexe de premier ordre chez un musulman. Tant mieux si cela peut aider à faire mousser une titraille…

 

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