Publié le 26 Nov 2021 - 00:04
CHARTE NON-VIOLENCE, NOMINATIONS DANS LA JUSTICE, LOCALES…

Les vérités de Sonko

 

Le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef/Les patriotes), Ousmane Sonko, a convié, hier, la presse pour expliquer les raisons de son refus de signer la charte dite de la non-violence. Il a aussi abordé plusieurs autres questions dont le récent chamboulement de la magistrature.

 

Encore une fois, Ousmane Sonko a craché du feu, hier. L’opposant au régime a encore tiré sur le président Macky Sall qu’il considère comme le premier promoteur de la violence. Il déclare à ce sujet : ‘’Le seul homme violent qui a le pouvoir de brûler ce pays s’appelle Macky Sall. Et je vous garantis qu’il n’hésitera pas à le faire. Il a une seule stratégie, c’est celle du chaos.’’  En effet, M. Sonko déclare être un homme de paix et a toujours milité dans ce sens.

La charte de la non-violence, initiée pour apaiser l’atmosphère politique, a été au cœur de son face-à-face, hier, avec la presse. Selon Ousmane Sonko, il n’y pas lieu de la signer, car lui et les siens ‘’ne sont pas des partisans de la violence’’, mais au contraire, ‘’ils sont pour la paix’’. Il laisse ainsi entendre que celui qui incarne la violence, ‘’c’est le régime en place, qui attaque, insulte, complote…’’. Et en donnant des preuves, il a listé un certain nombre d’attaques dont il dit avoir été victime. Ce, depuis que le parti a obtenu son récépissé en 2015. ‘’Nous sommes dans l’obligation de résister, car l’opposition n’est pas un crime, c’est un droit constitutionnel. Ce n’est pas parce qu’on est opposant qu’on doit être un souffre-douleur’’. 

‘’Je ne signerai pas ce pacte’’

Toutefois, il n’a pas hésité à réitérer son refus de signer la charte de la non-violence. ‘’Je ne signerai pas ce pacte’’, dit-il. Et ce, pour diverses raisons. Le candidat, arrivé troisième lors de la Présidentielle de 2019, se veut très prudent vis-à-vis de cette charte et se pose un certain nombre de questions : ‘’Quelle est la valeur exécutoire de cette charte ? De quel pouvoir disposons-nous pour contraindre les uns et les autres à l’appliquer ? Mais, mieux encore, quand on a la Constitution, qui est la charte fondamentale, le Code pénal, le Code de procédures pénales et l’ensemble des lois et règlements, la justice, des procureurs, des juges qui ne peuvent pas régler la question, comment une charte pourrait-elle le faire ?’’

Sans oublier de rappeler le mémorandum qui avait été présenté au chef de l’État, à l’issue des violences du mois de mars 2020. Selon Ousmane Sonko, il y a une charte qui est déjà là. Il explique : ‘’Si on veut vraiment un pacte, il est là. Le mémorandum, structuré autour de dix points. On peut en citer, par exemple, l’ouverture d’une enquête pour identifier, traquer, arrêter et juger les auteurs des crimes qui ont été commis ; l’indemnisation des familles des victimes et des blessés ; la cessation de toutes les traques injustifiées contre les opposants ; la déclaration publique de M. Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat, de restituer le droit civique à des opposants qui en ont été injustement privés…’’.

Ceci dit, il demande ‘’humblement au Cadre unitaire de l’islam d’aller vérifier où en est-on avec ces questions et de reprendre cette affaire, au lieu d’ouvrir un autre dossier comme le pacte de non-violence qui risque de retourner à zéro et d’enterrer ce qui s’était passé’’.  

Et pour s’indigner du silence des uns et des autres, pendant les violences de mars 2020, il rappelle : ‘’Entre les médiations qui ont été engagées au mois de mars et maintenant, les agressions verbales, physiques, judiciaires et policières ont repris, et pourtant, personne n’a réagi. Nous n’avons vu personne pour en parler et pour condamner.’’

Il suggère, à ce propos, que c’est leur riposte, en tant que victimes de ‘’ces violences d’État’’ qui est à l’origine de la création de cette charte. 

Il fulmine : ‘’ Parce que ceux-là qui sont tout le temps attaqués, tabassés, blessés, tués ont dit qu’ils ne se laisseront plus faire qu’on se lève pour créer une charte. Nous n’avons jamais attaqué personne. Nous sommes toujours sur la défensive.’’

Le leader du Pastef, par ailleurs candidat à la mairie de Ziguinchor, prend aussi du recul vis-à-vis de ce pacte, par mesure de précaution. En effet, il s’abstient de signer de crainte de se porter préjudice. C’est ce qu’il explique : ‘’On ne veut pas qu’on nous enferme, car pour un homme de principe, une signature, ça vaut ce que ça vaut. Imaginez que je signe ce pacte et que, demain, Macky Sall décide de tripatouiller les élections, on nous dira que nous ne pourrons rien faire, parce que nous avons déjà signé la charte. Et ce sera la même chose pour le troisième mandat.’’

‘’L’indépendance de la magistrature, une illusion’’

Dans sa déclaration, il a aussi parlé de la justice. Il dénonce ‘’la mascarade qui a eu lieu avec le Conseil supérieur de la magistrature où chaque conseiller se tient avec son lot de complots, de règlements de comptes, où on assiste à l’exclusion de magistrats qui n’ont commis aucune faute que leur dignité et leur indépendance, mais aussi à la promotion de béni-oui-oui’’.

Et d’ajouter : ‘’Cela va continuer, tant que le président de la République et son ministre de la Justice vont siéger au Conseil supérieur de la magistrature. Ça, c’est des survivances de régimes dépassés, qui ne garantit pas la séparation des pouvoirs. Tant qu’il y aura ce système, c’est illusoire de parler d’indépendance de la magistrature. C’est l’Exécutif qui choisit ses juges qui vont travailler pour lui, en jugeant en sa faveur et non pour le peuple sénégalais.’’

D’après ses propos, le départ de Bassirou Guèye ne changera rien. L’ancien procureur de la République et son remplaçant sont pareils. ‘’Le départ de Bassirou Guèye ne me réjouit absolument pas, car c’est la même chose, lui et celui qui arrive. Peut-être que ce sera pire. N’oubliez pas que M. Amadou Diouf vient de la chambre d’accusation. Et il y a trois mois, il s’était empressé de classer sans suite le fameux dossier des 94 milliards. J’avais annoncé au mois de juillet passé qu’on avait promis à ce monsieur le poste de procureur et l’histoire m’a donné raison. Voilà pourquoi il sera prêt à obéir au doigt et à l’œil aux injonctions et instructions de Macky Sall’’.

Sortie prochaine d’un ouvrage sur la décentralisation

En outre, il a informé le public de la sortie prochaine de son troisième ouvrage qui traite de la décentralisation : ‘’Ce qui fait notre profil politique, c’est notre capacité à être dans le débat qualitatif, de proposition, de réflexion, de rédaction. C’est pourquoi, dans les prochains jours, nous présenterons notre troisième ouvrage que nous avons coécrit sur notre vision de la décentralisation. Pour moi, un homme politique doit proposer, dire aux Sénégalais ce qu’il pense, voit et comment il le voit.’’

Toujours d’après ses dires, il va présenter un programme pour non seulement Ziguinchor, mais pour toute la Casamance, en vue des prochaines élections municipales de janvier 2022.      

EL HADJI FODÉ SARR (STAGIAIRE)

 

Section: