Publié le 12 Feb 2014 - 23:05
CHEIKH TIDIANE DIÈYE, DIRECTEUR EXÉCUTIF ENDA/CACI

Le négociateur

 

Docteur en études du développement, ce quadragénaire infatigable, issu d'une famille monogame et père de quatre enfants, est un globe-trotter à cheval entre Dakar, l'Afrique et le reste du monde. Sa casquette la plus connue est celle de l'expert reconnu dans la défense lucide des pays du continent face aux ogres d'un commerce international qu'il voudrait plus humain et moins égoïste.

 

A la vue de cet homme attablé au comptoir d'un café, il y a un piège ! La démarche sûre et décontractée, pantalon et chemise assortis, barbichette bien rasée et sourire sympathique, Cheikh Tidiane Dièye présente tous les traits du gendre idéal recherché par de potentielles belles-mères. Mais ne vous fiez pas aux apparences ! Car derrière ce physique d’un mètre 82, se cache un négociateur opiniâtre qui défend férocement «les intérêts de l’Afrique et de la Cedeao», partout où se jouent les enjeux du commerce international. Comme dans les Accords de partenariat économique (APE).

Directeur d’Enda/Cacid (Centre africain pour l’intégration, le commerce et le développement) depuis 2012, il avoue avoir fait plus de 48 pays. Véritable globe-trotter, cet homme à l’allure énergique et au pas pressé vit au rythme des déplacements en Afrique et dans le monde. Le reste du temps, c'est escale à son bureau d'Enda d'où il coordonne programmes et initiatives autour du commerce et de l'intégration économique en Afrique de l'Ouest.

Et cela lui aura coûté une de ces peurs : «(...) retrouver mes bagages au bas de la porte d’entrée de ma maison, au retour d’un voyage, du fait de mes nombreuses absences», confie-t-il à un ami avec un brin de sourire. Heureusement pour lui, «le téléphone et Skype» existent, même s'il compte d'abord «sur la compréhension de (son) épouse». Après «plus de dix ans de mariage», ça lui paraît jouable !

«Talibé tidiane»

Né en Casamance en 1971, baccalauréat en 1992 au lycée Djignabo de Ziguinchor, Cheikh Tidiane Dièye est un ex-pensionnaire de l’Institut des hautes études internationales et du développement de Genève (IHEID). Docteur en Études de développement depuis 2008, il ne perd pas de temps pour rejoindre le dense réseau d'experts travaillant pour l’Ong Enda Tiers monde. Fils d’un grand commerçant de Ziguinchor dignitaire de la confrérie Tidiane, il se définit ainsi : «généreux et conciliant».

Pour un négociateur en commerce international, c'est le moins que l'on puisse attendre de lui. L’esprit du Collège Amilcar Cabral qu'il fréquente à partir de 1984, ancienne base arrière du PAIGC dans la lutte de libération contre le colon portugais, lui a inculqué les vertus du combat pacifique, celui des idées et des arguments, au service des «plus faibles». En bon «talibé tidiane», issu d’une famille polygame, il suit les traces du père «très porté sur le social», et s'oriente vers la sociologie dans les études supérieures.

«Leadership naturel»

Ce solitaire, comme un poisson au cœur de ses vrais amis, réputé très proche de sa vingtaine de frères et sœurs, est aussi doté d’un «leadership naturel». «Il n'a jamais rechigné à exercer des postes de responsabilité, depuis le poste de responsable de classe jusqu'à celui de président des étudiants sénégalais de Suisse en passant par le Foyer du lycée Djignabo», témoigne Bathie Ciss, son ami depuis plus d'une décennie.

Mais, s'empresse-t-il de préciser : «Ce n’est jamais pour se mettre en avant.» Plutôt fonceur, «Cheikh» n'en regarde pas moins là où il met les pieds. La turbulence n'a jamais été le fort de cet ancien de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, lieu d'obtention de sa maîtrise en sociologie. «Au contraire, il était tout à fait sage», le défend sa grande sœur Binetou Dièye. Plutôt «têtu», rectifie un de ses amis, «surtout lorsqu'une idée trotte dans sa tête, alors impossible de l’en départir».

Un certain 23 juin 2011

«Acteur politique non partisan», comme il se réclame, Cheikh Tidiane Dièye ne se contente pas seulement de murmurer à l’oreille des gouvernants ou des décideurs de la  société civile africaine. Sur la foi de ses fonctions de coordonnateur des Programmes commerce, intégration régionale et développement (ENDA), il n’a pas hésité à franchir (momentanément) le Rubicon de la politique en s’engageant dans le Mouvement du 23 juin 2011. C'était pour être fidèle à son idéal d’équité politique bafouée par le pouvoir libéral de Me Abdoulaye Wade, dit-il avec calme et une certaine émotion.

Co-président et co-rapporteur de la commission sur les valeurs, l’éthique et les questions sociétales des Assises nationales en 2008, ce père de quatre enfants troque alors son micro d'expert du développement pour les barricades, les estrades et les grenades lacrymogènes de la place de l’Obélisque et d'ailleurs dans Dakar, pour relever le défi du combat pour «la dignité du peuple». «Quand il s'engage, dans un combat où dans un mouvement, rien ne l’arrête et tout le monde doit marcher à son rythme», affirme Bathie Ciss. Plutôt que de se transformer en faiseur de roi, ce partisan du «self made man» est retourné à son bureau de la Rue Carnot au lendemain du 25 mars pour continuer son autre combat : celui  de l’intégration économique de l’Afrique.

«Panafricaniste»

Imprégné de la culture de la neutralité – l'influence helvète serait-elle passée par là ? – il se veut «apolitique» mais ne craint pas de s’engager, au besoin, sous les couleurs de son pays, lors de grandes rencontres internationales pour défendre l’idéal d’un meilleur devenir à son pays et à l’Afrique.

Citoyen du monde et polyglotte, il reconnaît parler plus de 5 langues mais reste très attaché à ses terroirs gandiolais et casamançais. «J’ai créé une association pour venir en aide à mon ancien école Lieutenant Alioune Badara Diallo, ainsi qu’aux parents d’élèves les plus démunis par l’attribution de fournitures et des bourses d’études», dit-il avec fierté.

Mais son grand dada reste les prêches en faveur de «l'unité économique de l'Afrique», entre les amphithéâtres de l’Institut de développement économique et de la planification (IDEP) ou de l’Université à Dakar, et ceux de la Trade capacity building and training center à Arusha (Tanzanie) où il contribue à la formation des futurs cadres africains depuis 2009.

MAMADOU MAKHFOUSE NGOM

 

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