Publié le 16 Sep 2021 - 20:44
COALITION DE L’OPPOSITION AUTOUR DU PDS

Abdoul Mbaye et Cie face au rouleau compresseur libéral

 

La coalition de l’opposition regroupée autour du PDS, du CRD et de la coalition Jotna et des alliés du PDS comme Bokk Gis Gis et AJ/PADS, entend jouer les trouble-fêtes lors des Locales du 23 janvier 2022. Toutefois, le risque d’une forte représentation du parti d’Abdoulaye Wade est susceptible de créer des remous au sein de la coalition qui est toujours en gestation. Les leaders de la coalition veulent, en outre, se donner le temps de la concertation pour, disent-ils, offrir une alternative crédible aux populations locales.

 

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les libéraux refaire parler d’eux. Après avoir claqué la porte des discussions pour la formation de la coalition Yewwi Askan Wi (2 septembre), les camarades de Me Abdoulaye Wade ont décidé de mettre sur pied, le 9 septembre dernier, une nouvelle coalition de l’opposition autour du Congrès de la renaissance démocratique (CRD) et de la coalition Jotna. Même si, plus tard, Thierno Alassane Sall (République des valeurs) et le parti (mouvement Ensemble) du juge Hamidou Dème se sont rétractés, les libéraux peuvent se targuer d’avoir opéré un vrai coup de force avec l’arrimage à la galaxie libérale des formations comme l’ACT d’Abdoul Mbaye et Tekki de Mamadou Lamine Diop, et des partis de la coalition Jotna dirigée par le docteur Abdoulaye Niane. Les alliés traditionnels Bokk Gis Gis de l’ancien maire Pape Diop et AJ/PADS de Mamadou Diop Decroix seront aussi de la partie.

La configuration de cette nouvelle alliance devrait prendre forme dans les prochaines semaines. ‘’Je ne peux pas me prononcer sur cette question, pour le moment. Le moment venu, nous ferons un état des lieux sur l’état d’avancement des discussions’’, déclare Mayoro Faye, le porte-parole du PDS. Quant à la rétractation du juge Hamidou Dème et de Thierno Alassane Sall par rapport à leur participation à la nouvelle coalition, le responsable libéral à Saint-Louis botte en touche. ‘’Le PDS, ni la coalition ne sont pas concernés par cette affaire, dans la mesure où on n’a jamais discuté avec Thierno Alassane Sall et le juge Hamidou Dème. Les discussions ont eu lieu avec les plénipotentiaires du CRD représentés par Pape Sarr (LD/Debout), Abdoul Mbaye (ACT) et Mamadou Lamine Diallo (Tekki). Je crois que c’est une affaire qui concerne le CRD’’, déclare le responsable libéral.

Amadou Dieng, le porte-parole du mouvement Tekki : ‘’Nous sommes dans les dernières formalités. Nous travaillons pour trouver un nom, un logo, avant d’engager la campagne’’, déclare-t-il, avant de préciser que cette nouvelle coalition est l’émanation d’une volonté de changement de plusieurs entités politiques. ‘’Ce n’est pas le PDS qui a créé la coalition. Ce sont des entités politiques qui existaient bien avant avec le CRD, qui s’est ouvert à Jotna, puis au PDS et ses alliés. Ce qui est important pour nous, est de bâtir des équipes autour du conseil municipal pour changer la donne. Chaque formation a son idéologie propre et on peut se retrouver pour mener des combats à travers la coalition. On va voir les meilleures têtes de liste qui vont permettre à la coalition de gagner’’, s’exclame le responsable politique de Tekki.

Risques de volonté hégémonique du PDS au sein de la coalition

Selon les analystes, la volonté hégémonique du Parti démocratique sénégalais, qui est de loin la principale force dominante dans cette coalition et qui dispose d’une forte base militante, risque de poser problème. En outre, la présence de grandes personnalités politiques du PDS et la constitution de bastions libéraux dans la banlieue dakaroise, à Kaolack ou dans le sud du pays, pourraient laisser craindre une volonté de suprématie de la part du parti de Me Wade. La volonté de vouloir présenter leurs candidats dans les plus grandes circonscriptions fera-t-il imploser la coalition ? Les alliées vont-ils se contenter d’un rôle de supplétifs, lors des prochaines joutes électorales ? Autant de questions qui sont mises sous le tapis et qui présagent d’horribles migraines aux concepteurs des listes de la coalition. 

‘’Nous n’avons pas senti une volonté hégémonique de la part du PDS et rien ne nous amène vers cette conclusion. Nous sommes en train de discuter entre organisations d’égale dignité pour trouver des accords pour déterminer un périmètre de discussions. Nous avons un objectif commun qui est d’installer dans les communes et départements des équipes crédibles. C’est l’enjeu pour nous d’aller au secours des populations. La priorité à la base pour les arbitrages. Pour les investitures, en cas de blocage, la direction va prendre le relais’’, déclare Pape Sarr, Secrétaire général par intérim de la Ligue démocratique/Debout.

Forces et faiblesses de la nouvelle coalition

De son côté, le Dr Moussa Diop souligne que cette domination du PDS est inévitable, dans la mesure où il constitue de loin la principale force de frappe dans la coalition. ‘’Le PDS qui, historiquement, est plus ancien, techniquement plus expérimenté, localement mieux représenté, peut se prévaloir d'une véritable légitimité et d'une force électorale. Ce qui n'est pas le cas de l'ensemble des acteurs de la coalition. Or, il faut être réaliste, le PDS est là pour peser de tout son poids, mais surtout agrandir sa base. Parce que l'enjeu, c'est de constituer une vraie force politique au niveau local et mettre la pression au pouvoir en place’’, déclare l’analyste politique.

Toutefois, la coalition doit surmonter quelques faiblesses liées à l’absence de proximité idéologique entre les différents partis et mouvements de la coalition et des problèmes d'ancrage au niveau local et de poids électoral de certaines formations.

En ce qui concerne les chances de cette nouvelle coalition aux Locales, le consultant en communication se veut optimiste : ‘’Cette coalition pourra résister et aller sereinement aux élections, par sa capacité à construire des consensus autour d'une stratégie électorale bien ficelée. Il n'est pas excessif de dire qu'il y a un vent anti-Macky, anti-APR, anti-BBY... Les coalitions de l'opposition ne pourraient profiter de cette situation qu'en bâtissant des consensus forts et en canalisant les rivalités possibles en interne.’’

MAKHFOUZ NGOM

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