Publié le 30 Aug 2021 - 17:42
COMMENTAIRE LEÇON DE VIE

Il n’a jamais été hypocrite !

 

Le moment n’est peut-être pas opportun. Les usages recommandent de ne rien faire qui soit de nature à briser l’élan d’unité nationale qui prévaut dans le pays. Mais pour nous, la disparition surprenante et dévastatrice du médiateur Alioune Badara Cissé, vaut bien plus qu’un simple concert d’uniformisme, où chacun se sentirait contraint de chanter avec les colombes. Du défunt, les témoignages sont presque unanimes. Ils peuvent se résumer en deux phrases : Il était bon avec toutes les qualités qui vont avec. Il était doté d’un savoir encyclopédique, avec tout ce que cela requiert, en matière de connaissances, en matière de culture. Bref, c’est l’un des meilleurs fils du Sénégal qui s’en va… Tutti quanti !

Tel est le discours en vogue ; un discours que nous partageons entièrement. Mais qu’en avons-nous fait ? Il est venu, il a vécu, il est parti. Comme tant d’autres Sénégalais, aussi valeureux, mais enterrés avec leurs rêves d’un Sénégal meilleur, plus juste, plus prospère ; un Sénégal de tous pour tous ; comme les gouvernants actuels et précédents aiment à le proclamer urbi et orbi, mais sans jamais rien faire pour le traduire en actes. Comme Cheikh Anta Diop, Mamadou Dia, pour ne citer que ces deux illustres fils du Sénégal, ABC semble avoir l’empathie de l’écrasante majorité des Sénégalais. Si c’était un référendum post-mortem, on aurait dit que le Oui a été plébiscité. Pourtant, comme ses illustres devanciers susvisés, de leur vivant, ils ont eu à se présenter à des élections, mais ont fait long feu. Ils n’étaient ni premiers ni deuxièmes. Ils venaient toujours très loin derrière ceux-là que beaucoup d’entre nous considèrent comme les moins vertueux, les moins compétents.

L’objet, ici, n’est pas de regretter la disparition de qui que ce soit. Encore moins d’Alioune Badara Cissé que nous n’avons rencontré que de très rares fois (une ou deux fois), dans le cadre des activités de la médiature de la République. Lui en tant que médiateur, nous en tant que journaliste envoyé par notre rédaction. Il s’agit surtout de s’interroger sur notre rapport avec le Bien, avec les hommes politiques qui l’incarnent le plus. Il s’agit de se demander pourquoi on a du mal à faire confiance aux meilleurs d’entre nous, pour leur confier notre destinée commune ? Pour combien de temps alors, continuerons-nous à pleurer la disparition des hommes bons, après les avoir souvent préférés à ceux que nous estimons les moins vertueux et compétents ?

Plutôt que de crier avec les loups, nous invitons à une introspection, pour identifier, parmi nous, ceux-là qui sont les plus vertueux, les plus compétents pour les mettre à la tête de notre cher pays, si tant est que nous souhaitons réellement aller de l’avant. Il nous reste de la chance. Des ABC existent encore dans le pays, même s’ils ont tendance à se raréfier.

 Gageons de les plébisciter pendant qu’ils sont encore en vie et pourraient servir leur pays, au lieu d’attendre leur mort pour pleurer sur leur tombe.

MOR AMAR 

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