Publié le 8 Sep 2017 - 12:18
COMMENTAIRE PAR IBRAHIMA KHALIL WADE

On prend (presque) les mêmes et on recommence

 

Que retenir du nouveau gouvernement de Mahammed Boun Abdallah Dionne, à part les départs de Mankeur Ndiaye, d’Awa Marie Coll Seck et la migration du contesté Abdoulaye Daouda Diallo de l’Intérieur vers les Infrastructures ? Rien n’est plus caché que le plus apparent. ‘’Faire du bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest, traverser la mer sans que le ciel le sache…’’ Il est évident que l’auteur anonyme des trente-six stratagèmes (un antique Chinois) ne faisait pas allusion au président Macky Sall. Mais, à y regarder de plus près, ce dernier est un grand stratège qui, à force de manœuvrer, risque de se perdre dans ses schémas tactiques.

Car, en réalité, plutôt qu’un remaniement, on a assisté, hier, à un jeu des chaises musicales. Conséquences : les grands changements annoncés n’ont pas eu lieu. ‘’On prend les mêmes et on recommence’’, tel semble être le slogan du chef de l’Etat. Et ce ne sont pas les créations de  nouveaux départements ministériels (Pétrole et Energies, Mines et Géologie, Protection de l’Enfance…) qui vont donner un semblant de neuf à ce deuxième gouvernement du Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. C’est un secret de Polichinelle : Macky Sall a les yeux rivés sur 2019. Ainsi, tous les actes qu’il pose sont politiques, d’où la reconduction de certains ministres qui ont pourtant perdu dans leurs localités, lors des dernières législatives. Qu’il suffise de citer Pape Abdoulaye Seck, Seydou Guèye et Abdoulaye Bibi Baldé.

 Mais, à ce niveau, se pose aussi un problème de cohérence, car un département comme Dagana où la coalition Benno Bokk Yaakaar est sortie victorieuse, lors des législatives du 30 juillet dernier, n’a aucun représentant dans le gouvernement. C’est dire que  les critères qui ont conduit à la formation de cette nouvelle équipe de Dionne ne sont pas bien définis. On a même l’impression que le président de la République a du mal à trouver la bonne formule.

Tant le profil de certains ministres laisse à désirer. Que peut apporter un ministre comme Moustapha Diop à l’Industrie ? La novice Aminata Angélique Manga à la Microfinance ? Un Yaya Abdoul Kane à l’Aménagement du territoire ? Abdoulaye Bibi Baldé à la Communication ? La liste est longue de ces canards boiteux dont la présence dans l’attelage gouvernemental s’expliquerait tout simplement par leur poids électoral supposé ou réel.

Tout compte fait, les départs de Mankeur Ndiaye,  Yakham Mbaye, Youssou Touré,  Awa Marie Coll Seck, Mansour Sy, Khadim Diop et la migration d’Abdoulaye Daouda Diallo semblent être les seuls faits marquants de ce réaménagement ministériel. Pourtant, la majorité  des Sénégalais s’attendaient à ce que le chef de l’Etat secouât de façon beaucoup plus ardu le cocotier. Mais, à l’arrivée, ils sont nombreux à être restés sur leur faim.

2019, c’est demain et nul doute que d’ici cette date, d’autres réaménagements vont suivre, car certaines erreurs de casting sont aussi flagrantes que le soleil de midi. Cependant, Macky Sall pourra-t-il rattraper le temps perdu et reconstruire une équipe de combat en enrôlant certaines figures de l’opposition ? Rien n’est moins sûr.   

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