Publié le 8 Oct 2015 - 00:33
CONSTRUCTIONS SUR LES DERNIERES RESERVES DE LA LOCALITE

Prédation foncière à Hann Maristes 2

 

La Cité Hann Maristes 2 fait l’objet d’un litige foncier. Les populations accusent des inconnus de se partager les réserves foncières de leur localité. Malgré plusieurs démarches faites auprès des autorités compétentes par le collectif des résidents, les spoliateurs continuent leur forfaiture.

 

Les problèmes fonciers récurrents à Dakar n’épargnent pas la Cité de Hann Maristes 2. Un terrain de « 80 000 m2 » oppose les résidents, des promoteurs et des propriétaires inconnus. Les habitants accusent des personnes tapies dans l’ombre de se partager toutes les réserves qui devaient abriter des infrastructures socio-éducatives publiques (postes de santé, écoles, marché et aire de jeu). Selon le collectif des résidents de Hann Maristes 2, les auteurs sont des fonctionnaires « véreux et voraces, sans scrupules ». Documents à l’appui, le président du collectif Aliou Diakhaté révèle qu’ils ont saisi toutes les autorités compétentes pour mettre fin aux constructions en cours, en vain. « Nous avons saisi le Directeur du Cadastre, la Division de la surveillance et de contrôle de l’occupation des sols (DSCOS), le directeur des domaines, le maire etc.  Nous avons même saisi le président de la République », précise-t-il. Il explique qu’il y a même toujours des procédures en cours devant les autorités compétentes.

Poursuite des constructions, malgré l’arrêté du maire

Aujourd’hui, l’inquiétude des populations de Maristes 2 est très grande. Ils ont peur de voir la dernière bande de terre qui leur reste abriter des habitations, au moment où ils n’ont pas  d’infrastructures socio-éducatives. Selon une habitante, leur cité n’a aucune école publique, ni de poste de santé. « Il n’y a rien ici. Quand on veut quelque chose, il faut aller jusqu’à Yarakh. Même pour un extrait de naissance », déplore-t-elle. Situé entre les espaces résidences « Les dunes » et l’autoroute à péage, le terrain abrite déjà des bâtiments et de nombreux chantiers en cours. Les constructions se poursuivent, malgré un arrêté du maire de la commune de Hann Bel air ordonnant l’arrêt des chantiers.

Dans le document daté du 5 mai 2015, on peut lire, dans l’article premier : « Sont arrêtés les travaux de construction à Hann Maristes 2 sur la bande de terre située entre le mur longeant l’autoroute et les immeubles des Dunes. » Dans l’article 2, il est précisé que le commandant de la brigade zonale de Dakar de la DSCOS et l’agent voyer de la commune de Hann Bel Air sont chargés de l’exécution du présent arrêté. C’est pourquoi, les habitants ne comprennent pas pourquoi cette décision n’a pas pu mettre fin aux travaux sur le site en question. « Même la DSCOS avait ordonné l’arrêt des chantiers. Suite à cette décision, ils ont suspendu pour quelques mois, mais ils ont repris de plus belle. Ils viennent surtout les week-ends construire », informe le président du collectif des résidents de Hann Maristes 2.

Qui protègent les promoteurs ?

Pourquoi toutes les démarches effectuées et les nombreuses promesses des autorités n’ont pas abouti à des résultats concrets ? C’est la question que se posent les habitants de la Cité Mariste 2. Il y aurait des lobbys très puissants et des hommes très haut placés dans l’administration derrière cette affaire. Selon M. Diakhaté, tous les terrains qui étaient réservés pour construire un marché, un poste de santé et une école sont devenus des habitations. Il affirme qu’il y a beaucoup de ventes illégales de terrains dans cette zone. Cela est assimilé par les résidents à de l’enrichissement illicite.

De l’avis de Mme Diouf, activiste de la localité, l’Office national de la lutte contre la corruption (Ofnac) doit intervenir pour démasquer ces personnes qui « s’enrichissent de manière illicite en vendant des biens communs ou appartenant à l’Etat ». Révoltées par le manque de réaction des autorités compétentes, les populations ont voulu organiser une marche, le 18 septembre passé, mais elles ont fini par faire une déclaration, après la prière du vendredi, faute d’autorisation de la manifestation par le préfet de Dakar. En attendant une réaction forte et efficace, les populations ne désarment pas. Mais au rythme où vont les choses, le site en question risque de devenir des résidences.   

Du côté des autorités municipales, on refuse de se prononcer clairement dans cette affaire qui semble être très louche. Après un rendez-vous non honoré par le Maire de la commune de Hann bel Air, Babacar Mbengue, il n’a pas donné suite à nos nombreux appels. Son téléphone sonne depuis dans le vide.

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)

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