Publié le 23 Apr 2015 - 16:49
CONTRÔLES INCESSANTS, RACKETS, COURSES-POURSUITES, RAFLES ET VIOLENCES

La galère des Sénégalais de Guinée Equatoriale

 

Nombreux sont les Sénégalais à vivre en Guinée Equatoriale. Tous espèrent trouver l’Eldorado et faire fortune. Mais l’Eldorado se transforme bien souvent en enfer. Certains se sont confiés au téléphone d’EnQuête.

 

Etre étranger et vivre normalement en Guinée Equatoriale n’est pas chose aisée. La traque des immigrés est quotidienne et sans répit, dans les rues. A l’instar de leurs compatriotes qui souffrent le martyre en Afrique du Sud pour xénophobie, les Sénégalais de la Guinée Equatoriale vivent chaque jour des instants terribles, faits de contrôles incessants, de rackets, de courses-poursuites, de rafles et de violences. Certes, la Guinée Equatoriale, grâce à la manne pétrolière, ne connaît pas la crise. L’argent coule à flot dans ce pays qui est un gigantesque chantier à ciel ouvert. Mais encore faut-il avoir un métier et surtout la fameuse carte de séjour.

Ce sésame coûte en effet 500 000 F CFA par an, et là encore, il faut user de pots-de-vin pour espérer disposer de ce précieux document. Seulement, nos compatriotes, en majorité sans papiers, flirtent chaque jour avec le danger, face à des policiers dont la seule occupation semble être la chasse à l’immigré clandestin. « Nous sommes traités comme des chiens dans ce pays », se plaint, au bout du fil, Youssou Ndiaye, un des nombreux sénégalais venus chercher le salut au pays d’Obiang N’Guéma. Il est conforté, dans ses propos, par le fils de l’ex-khalife de Darou Salam, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, de passage au pays, dans le cadre de ses visites de courtoisie aux nombreux talibés mourides établis là-bas. Il a ainsi tenu à nous joindre au téléphone pour nous faire part du calvaire des Sénégalais.

Comme s’ils s’étaient passé le mot, un autre émigré, toujours au bout du fil, raconte leur calvaire. «Nous souffrons énormément de ces contrôles. Et à chaque fois, il faut payer très cher pour éviter la prison. Lorsque vous êtes interpellé, vous payez 750 000 voire 800 000 F CFA, sans compter les 500 000 F CFA pour l’octroi de la carte de séjour que les autorités peinent à délivrer ». Et un autre de renchérir : « cette situation n’épargne pas ceux qui disposent de papiers légaux, car ici, il faut toujours se justifier et la prison n’est jamais loin. Il arrive que des immigrés remettent de l’argent à des personnes pour la carte de séjour, mais en retour, ils se font arnaquer et souvent convoquer à la police».

Nos compatriotes, excédés et très exaspérés par la situation en terre équato-guinéenne, sollicitent une réaction rapide des autorités sénégalaises. Ils veulent de l’Etat qu’il vole à leur secours, car, disent-ils, ils veulent seulement gagner dignement leur vie chez Obiang N’Guéma.

Abdou Fatah Gaye

 

Section: