Féminicides au Sénégal

Pour fustiger le nombre de femmes tuées au Sénégal depuis le début de l'année, les féministes ont tenu, avant-hier, un sit-in. Dans leur mémorandum, elles ont rappelé que le Sénégal, souvent présenté comme un havre de paix et de Téranga (hospitalité), est aujourd’hui le théâtre d’une série de violences insoutenables faites aux femmes, marquant une crise profonde et silencieuse dans la société.
Depuis le début de l’année 2025, selon elles, les féminicides se multiplient à un rythme effrayant, transformant les foyers en zones de danger mortel pour les femmes et les filles. Au total, elles ont dénombré sept féminicides depuis le début de l'année. Ces crimes, souvent perpétrés dans l’espace intime et familial, révèlent une faille systémique dans la protection des femmes. L’espace censé être sécurisant devient le premier lieu de violence.
"Face à l’urgence, nous disons : ça suffit ! Nous, organisations féministes et féminines signataires de ce mémorandum, refusons de rester silencieuses face à cette hécatombe et exigeons une réaction immédiate, ferme et structurelle des pouvoirs publics", ont-elles confié dans le document.
Avant d'exiger "la condamnation sans équivoque de tous les féminicides par les plus hautes autorités de l’État, la publication rapide et transparente des mesures concrètes prises pour prévenir, poursuivre et sanctionner ces crimes, la protection effective des femmes et des filles dans tous les espaces, en particulier au sein de la famille, la modification urgente du Code de la famille et l’abrogation de toutes les dispositions légales discriminatoires envers les femmes et la mise en place de structures d’accueil, de protection et de soutien psychologique pour les femmes victimes ou à risque, l’intégration systématique de la lutte contre les violences basées sur le genre dans les politiques publiques, les programmes éducatifs, l’adoption et l’application stricte de lois spécifiques contre les féminicides, avec des peines exemplaires pour les auteurs.
Nous appelons les citoyens du Sénégal à briser la loi du silence, à dénoncer les violences et à se solidariser avec les victimes, les organisations de la société civile à maintenir la pression pour que les violences sexistes cessent d’être tolérées, banalisées ou invisibilisées, les instances régionales et internationales (CEDEAO, Union africaine, ONU) à interpeller les autorités sénégalaises sur leurs engagements en matière de droits humains, en particulier sur les droits des femmes à la vie, à la sécurité et à la dignité. Le Sénégal ne peut prétendre à la paix sans justice pour ses femmes".