Publié le 2 Apr 2013 - 17:12
FLAGRANT DÉLIRE DE FAUX

Mariama Sarr piégée dans un jeu de transhumants

 

Comédie, forfaiture, contrevérités ! Les mots n’ont pas manqué pour caractériser ce qui s’est passé samedi soir sur l’avenue de la gare à Louga. La prise de parole de la ministre Mariama Sarr, venue accompagner les premiers pas d’un de ses collaborateurs frappant à la porte de l’Apr, a laissé bouche bée plus d’un. Induite en erreur, elle s’est laissé tailler une camisole de dindon de la farce.

 

 

Il s’est produit l’insolite samedi soir à Louga, à l’occasion du «meeting d’intégration» de Moustapha Diop, le directeur du Fonds pour l’entrepreneuriat féminin au ministère de la Femme. Poste qu’il occupe bien avant l’arrivée de Mariama Sarr à la tête de ce département.

«Certains l’avaient situé quelque part et lui prêtaient même quelques propos. Je l’ai appelé dans mon bureau pour en avoir le cœur net et lui faire comprendre qu’il ne s’agit pas de venir et balayer des personnes pour en amener d’autres. En jurant sur sa famille, il m’a dit que même si je le remplaçais par un autre, cela ne changerait rien à la loyauté et la considération qu’il me porte», a révélé le ministre de la Femme.

 

Poursuivant, elle renseigne : «Il est revenu me dire qu’il n’a jamais fait la politique. Heureusement, le député Mberry Sylla a estimé ne l’avoir jamais vu se déployer dans le champ politique. Donc, s’il ne l’avait pas dit, je pourrais même en douter. Et Moustapha m’a dit son intention de s’engager en politique à mes côtés pour soutenir le Président Macky Sall».

 

Des propos qui suscitent encore et toujours l’étonnement de certains parmi le public venu répondre à l'appel. A leurs yeux, le ministre Mariama Sarr ne semble pas bien renseignée, encore moins le secrétaire élu à l’Assemblée nationale Mberry Sylla, qui revendique pourtant «vingt-cinq années de présence dans le champ politique». Mais, si cette durée en elle-même pose problème, c’est parce que l’actuel coordonnateur de l’Apr à Louga a été vu en politique pour la première fois sous la bannière de l’Alliance des forces de progrès (AFP), un parti créé le 16 juin 1999 par Moustapha Niasse.

 

Quant à Moustapha Diop, au moment de l’arrivée au pouvoir de Me Wade en 2000, il tenait des responsabilités au sein du Comité de liaison communale (CLC) de Louga, une structure de base de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (UJTL). Sous le parapluie de Modou Diagne Fada, le jeune étudiant obtient une bourse pour la France. A son retour, il est employé à la Caisse de dépôt et de consignation (CDC) où il rencontre une certaine Seynabou Ly Mbacké. Celle-ci, devenue plus tard ministre de la Femme et de l’Entrepreneuriat féminin, lui confie alors la Direction générale du Fonds pour l’entrepreneuriat féminin.

 

S’il n’est pas actif sur le terrain politique à Louga, Moustapha Diop ne manque pas les rares occasions de se signaler. Comme lors des campagnes de Wade par exemple, pendant lesquelles ses pancartes s’ajoutaient à la mêlée. Dans les mêmes circonstances, il lui arrivait de sillonner les rues en 4x4 en compagnie de certains de ses «frères» de parti. C’est ce même Moustapha Diop qui, aujourd'hui, s’autorise à décréter là sa manière l’an zéro de sa vie politique.

 

«Macky ne peut même pas être un chef de village»

 

Pour Lakhbouss Diakhaté, coordinateur local du Réseau des enseignants de l'Apr, lui-même ancien chef de file de l'Alliance Jëf-Jël à Louga, Moustapha Diop n'est pas le seul en cause car «beaucoup de transhumants ont rallié». Dans cette «vague», le cas du dénommé Djiby Diallo, un conseiller municipal, «militant du Pds depuis 1992», est celui qui retient le plus l’attention. Il aurait déclaré avoir migré à l'Apr pour les beaux yeux de son ami Moustapha Diop.

 

«Je suis un homme aguerri. J’adhère à 200 % à Yoonu Yokkute», a-t-il laissé entendre. Mais au même moment, il ne se doutait sans doute pas de l’existence d’une vidéo le concernant, vue par certains Lougatois dont le reporter d'EnQuête. Dans laquelle il soutient avoir été témoin d’une rencontre entre Modou Diagne Fada et Macky Sall au début de la première alternance. A cette occasion, le futur président de la République demande au responsable du Pds de faire quelque chose pour lui trouver un poste de Directeur général. Le nouveau transhumant y affirme aussi que Macky Sall ne peut même pas être un chef de village...

 

 

 

 

MOUSTAPHA SECK

 

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