La diaspora dénonce le ‘’racket’’ d’Air Sénégal

Les Sénégalais de la diaspora, qui étaient en vacances au pays et qui s’étaient retrouvés bloqués par la pandémie de la Covid-19, peuvent désormais rejoindre leurs pays d’accueil. Seulement, les tarifs proposés par la compagnie nationale ont été doublés pour le voyage. Une décision inadmissible pour ces compatriotes qui se sont constitués en collectif pour exiger que les prix habituels soient respectés.
Le collectif Diaspora Nio Lank est remonté contre Air Sénégal. Pour cause, la compagnie nationale a doublé les prix des billets pour leur rapatriement. Ainsi, pour manifester leur colère face à cette situation, les membres du collectif se sont donné rendez-vous, hier, devant le siège de la compagnie pour se faire attendre. Mais dès qu’ils ont commencé à envahir le hall de l’immeuble abritant le siège de la compagnie, les agents ont aussitôt fermé les portes. Ne trouvant plus d’interlocuteur, ils se sont tournés vers la presse pour exprimer leur détresse.
‘’Les émigrés sont actuellement dans des conditions très difficiles. La hausse des prix est devenue inadmissible. Les billets coûtent aujourd’hui entre 750 mille et un million de francs pour un aller simple vers l’Europe, alors qu’en temps normal, les tarifs variaient entre 190 000, 230 000 et 250 000 F CFA. Au début, la compagnie avait justifié cette hausse par le fait qu’il n’y avait que des billets aller sans retour. Mais maintenant, avec le rapatriement de la diaspora, les vols sont remplis au retour. Et ces Sénégalais de la diaspora qui reviennent au pays ne sont pas transportés gratuitement. Ils achètent comme nous les billets retour. Donc, leur argument ne tient plus’’, a martelé, tout furieux, Baye Fall, porte-parole du collectif.
Pour lui et ses amis, ‘’la vérité est que la compagnie nationale est en train de racketter sa diaspora. Aujourd’hui, 80 % des Sénégalais qui étaient venus en vacances et qui se sont retrouvés bloqués par la pandémie, ont perdu leur boulot dans leurs pays d’accueil. Il ne reste que 20 % qui peuvent retourner dans leur travail. Il faut donc les sauver en leur facilitant le voyage. On ne demande pas la gratuité, mais que les tarifs soient respectés’’.
Occasion ratée de fidéliser sa clientèle locale
Pour ces compatriotes de la diaspora, avec ces agissements, la compagnie nationale est en train de rater une belle occasion de fidéliser sa clientèle locale. ‘’C’était une belle occasion, pour la compagnie, de conquérir la diaspora. En effet, en temps normal, on peut prendre n’importe quel vol pour voyager. Mais beaucoup de citoyens préfèrent prendre la compagnie nationale par patriotisme. Même si les tarifs des autres vols sont parfois moins chers, la plupart des émigrés sénégalais prennent Air Sénégal, parce qu’il n’y a pas d’escale. C’est un vol direct. Mais avec ces agissements, il est évident que beaucoup tourneront le dos à la compagnie’’, pense un des membres du collectif qui doit retourner en Italie.
Le collectif Diaspora Nio Lank regrette, en outre, le silence des autorités, face à cette situation. En effet, excepté les députés de la diaspora qui les soutiennent dans ce combat, les autres sont injoignables. Cette diaspora énervée peine à entrer en contact avec leur ministère de tutelle. A défaut d’une audience avec le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ba, ils réclament une rencontre avec le secrétaire d’Etat des Sénégalais de l’extérieur, Moise Sarr, pour lui soumettre leur préoccupation.
Se considérant comme des impactés de la Covid-19, vu leur blocage dans le pays qui a fait que certains d’entre eux ont déjà perdu leur travail, ces compatriotes venus de la diaspora réclament leur part des 12 milliards du plan de résilience économique fonds Force-Covid-19 destinés à la diaspora. Les camarades de Baye Fall demandent que leur part de ce fonds soit utilisé pour subventionner leurs billets retour.
ABBA BA