Publié le 2 Aug 2012 - 21:55
HILLARY CLINTON A L’UCAD II

Quand la sécurité se plie aux désirs des étudiants

 

La sécurité était au maximum à l’UCAD II hier avec la visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Mais pas suffisante pour résister à l’ardeur des étudiants qui ont tenu tête à tout le dispositif.

 

 

Les étudiants sont venus, ils ont vu et ils ont vaincu ! Sur la liste initiale, 30 parmi eux étaient invités à assister au discours de la secrétaire d’Etat américaine. ‘’Trop peu’’ et ‘’inadmissible’’ pour cette foule qui tenait absolument à assister à l’événement. Déjà à 10h, ils étaient tous là, bloqués à la première étape d’une longue chaîne d’un important dispositif sécuritaire.

Composés dans leur écrasante majorité de membres du Mouvement des élèves et étudiants républicains (MEER), les étudiants n’ont pas compris pourquoi ils ont été invités si c’est pour rester dehors. ‘’C’est par SMS que nos coordonnateurs nous ont invités à venir assister au discours. Et voilà que l’on nous retient ici, nous sommes plus de 1000 personnes, ce n’est pas sérieux’’, fulmine Assane Niang, membre du MEER.

 

«Pourquoi on ne peut pas entrer dans la salle ?»

 

Plus révoltant à leurs yeux, ils ont pu constater que leurs camarades d’une école de commerce de la place ont accédé à la salle sans difficulté. De quoi raviver une colère maîtrisée jusqu’ici. Ils ont commencé à scander : ‘’Nous voulons assister, nous devons assister’’. La tension monte, vigiles et autres agents de sécurité semblent pris de panique.

Ils multiplient les appels au calme face à des clients décidés à marquer leur territoire. A 11h passées, les étudiants sortent tous leurs cartes universitaires qu’ils brandissent tout haut. Ils sont à présent rejoints par d’autres et, ensemble, parviennent à boucher l’accès à la salle. A l’image de l’écrivain Nafissatou Dia Diouf cherchant désespérément un accès au couloir qui mène au lieu de la rencontre, plusieurs invités ont fait les frais de la perturbation estudiantine.

 

C’est dans cette ambiance que le 2e vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô, fait son apparition. Les étudiants ne tiennent plus. Ils ont crié, sauté et ont salué le député en qui ils semblent tenir un ‘’sauveur’’. Cissé Lô lève le bras, salue la foule et s’en va dans la salle sans rien dire. C’est à ce moment que la ‘’foule trouble-fête‘’ comprend peut-être que son destin est entre ses propres mains, qu’il faut se battre pour assister au discours très attendu de Mme Clinton. Comme des fourmis, ils se dispersent alors dans ce labyrinthe, rendant la tâche plus difficile aux agents de sécurité.

 

«Nous l'avons vue, pas vous !»

 

Après une course-poursuite de style chat-souris, une partie des étudiants s’engouffre dans une salle attenante et impose une projection du discours sur l’écran géant perché au mur. Ils y sont, ils y restent ! Entre-temps, un renfort déployé sur les lieux par le Groupement mobile d’intervention (GMI) parvient à déguerpir l’autre groupe dont les membres sont parqués au dehors, occupés à confectionner des listes par-ci ou à affronter les forces de l’ordre par-là. La situation risque de dégénérer mais des émissaires ont accouru de la salle pour appeler au calme et promettre à tous l’accès. A 13h pétantes, la salle accueille déjà un grand nombre d’étudiants en sueur, le visage ferme mais rassurés d’avoir eu gain de cause.

A la fin de la cérémonie, plusieurs d’entre eux sortent de la salle avec un sourire gros comme ça ! A l’endroit de leurs camarades qui n’ont pas eu la chance d’écouter Hillary Rodham Clinton, ils lachent, taquins : «nous l’avons vue mais pas vous ! Courage, les gars !»

 

AMADOU NDIAYE

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