Publié le 6 Nov 2013 - 17:09
INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL (ICS)

 Les promesses d’investissement qui cachent la décadence

 

Interpellée sur la situation des ICS, Madame le Premier Ministre s’est contentée de servir une réponse laconique aux honorables députés, lors de sa déclaration de politique générale. Celui de qui elle tient les arguments évasifs sur la situation complexe et scandaleuse des ICS, est un as de la manipulation qui n’a cure des manquements et du pilotage à vue susceptibles de plonger, une nouvelle fois, l’entreprise dans le gouffre.

C’est à croire que les autorités de la République prennent pour parole d’évangile les affirmations du repreneur, qui use et abuse de la roublardise pour tirer le maximum de nos ressources minières, sans prendre le minimum de risques pour les investissements. En vérité, la projection d’un programme d’investissements à hauteur de vingt milliards de francs CFA d’ici l’an 2015 n’est qu’un leurre de plus dans la grisaille quotidienne de l’entreprise. Depuis 2008, le repreneur ressasse, comme un disque rayé, des projets d’investissements qui ne sont pour l’instant que des châteaux en Espagne.

Il prétend diversifier ses activités (production d’électricité à base de charbon, de soude caustique, construction d’une cimenterie…), alors qu’il n’a pas encore démontré sa capacité à remettre l’entreprise sur les rails. Comme disait si bien un ancien ministre chargé de la Recherche scientifique et technique : ce repreneur cherche plus à divertir qu’à diversifier.

Pour mémoire, c’est dans le cadre d’un processus de recapitalisation qui comporte de nombreuses zones d’ombre, que l’Etat du Sénégal a cédé l’entreprise à un consortium composé du groupe Archean et du partenaire historique, la coopérative des agriculteurs indiens (IFFCO). Au motif, du reste contestable, que cette entreprise endettée n’intéressait pas les investisseurs, on a circonscrit la cession aux seules propositions de ce consortium. Comme le suggérait l’honorable député Demba DIOP alias DIOP SY, l’Etat du Sénégal  se doit d’être plus regardant dans la signature des contrats de concession minière. Les ICS, et bien d’autres entreprises, apparaissent comme une nébuleuse qui doit être éclaircie avec lucidité et courage.

Au-delà des échéances concordataires, présentées abusivement comme un joug qui plombe l’entreprise, le repreneur a l’obligation de consacrer un minimum de ressources financières au renouvellement des équipements, à l’entretien préventif et à la maintenance des installations industrielles. Autant de responsabilités ne peuvent pas être assumées, comme il se doit, à partir du cash-flow de la société dont le fonctionnement est calamiteux.

«Aucun programme de développement pour l'entreprise»

La situation actuelle est caractérisée par des dysfonctionnements dont les plus préoccupants sont : la décadence de la production minière (phosphate) sur le site de Taïba où les engins miniers ne tiennent que par le génie des travailleurs. A force de rafistoler avec de la ferraille, on en est arrivé à réduire sensiblement la capacité de fabrication d’acides (sulfurique /phosphorique) ; une dégradation continue des ateliers de production d’acides et d’engrais ; des conditions de travail en marge des normes de sécurité ; un management social sans âme, qui se distingue plus par sa promptitude à licencier des travailleurs que par une dextérité à booster leur moral et consolider leur expertise qui n’est plus à démontrer.

L’énumération ci-dessus n’est pas exhaustive ; un audit intégral (technique, financier et social) permettrait de relever bien d’autres aspects sur la situation inadmissible dans laquelle le fameux repreneur a plongé l’entreprise. Depuis 2008, il n’a pas décliné un programme de développement (business plan) attestant de sa volonté à placer l’entreprise dans une bonne dynamique de relance avec des investissements appropriés pour la durabilité des exploitations.

Pour la gouverne de Madame le Premier Ministre, et par-delà sa personne son Excellence Monsieur le Président de la République, nous disons que les travailleurs sont meurtris par la situation de leur entreprise. Ils ont à cœur le souci et la volonté de la redresser pour qu’elle contribue, étape par étape, à hisser l’économie sénégalaise au sommet de la pyramide du développement. A l’heure où le Sénégal entend dérouler une nouvelle réforme administrative et territoriale en vue de conférer plus de poids économique et financier aux terroirs, il est désolant de constater que le département de Tivaouane pourrait être privé des effets induits du redressement tant souhaité des ICS.

Angoissés, les travailleurs se demandent s’il y a bien un capitaine à la tête de cette société industrielle ; ils en appellent à la responsabilité de l’Etat pour qu’il prenne les mesures idoines avant qu’il ne soit trop tard.

damelmboro@live.fr

 

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