Publié le 20 May 2025 - 01:16
INVITÉ D'HONNEUR DU PARTI SOCIALISTE

L'engagement politique selon Samba Sy

 

À l'occasion de la rentrée solennelle de l'École du Parti socialiste, l'ancien ministre du Travail, Samba Sy, a livré une réflexion vigoureuse sur le rôle des idées dans la transformation sociale. Un plaidoyer pour la formation militante et la résistance intellectuelle aux populismes.

 

Invité d'honneur par Alioune Ndoye, ministre et responsable de l'École du Parti socialiste, Samba Sy a salué cette initiative essentielle de faire de l'école un lieu de ressourcement idéologique. "La gauche ne reprendra la main que si elle se réinvestit dans le champ de la formation", a-t-il souligné.

S'appuyant sur la célèbre formule du Manifeste du Parti communiste - "les idées deviennent des forces matérielles quand elles s'emparent des masses" - Samba Sy a rappelé que les idées n'émergent jamais du néant. Elles sont produites dans des contextes historiques précis, en réponse à des contradictions sociales concrètes. "On peut être du même monde sans vivre le même monde", a-t-il affirmé, insistant sur la diversité des perceptions sociales selon les positions économiques et sociales.

S'en prenant aux discours populistes, Samba Sy met en garde contre la facilité des raccourcis idéologiques et des solutions simplistes. "Le populisme flatte les égos et désigne des ennemis imaginaires, au lieu de penser la complexité du monde", a-t-il averti. À ses yeux, cette tentation du repli et du rejet de l'autre est une menace grave pour l'humanité commune.

Il a également dénoncé un paradoxe inquiétant : alors que les outils de formation et d'information n'ont jamais été aussi nombreux, la pensée critique recule. "Il y a une grande disponibilité des matériaux éducatifs, mais une sécheresse de la pensée", a-t-il regretté.

Reconstruire intellectuellement la gauche

Pour sortir de l'impasse, Samba Sy invite à un réinvestissement profond dans la bataille des idées. Non pas en se contentant de répéter les classiques, mais en les questionnant à la lumière du présent. Pour forcer ce changement de paradigme, l'ancien ministre évoque le marxisme qui, selon lui, n'est pas une doctrine figée, mais une boussole pour l'action. "Il nous faut actualiser nos référentiels, interroger la notion même de classe dans un monde bouleversé par la technologie, le télétravail et l'individualisation du rapport au travail", a-t-il expliqué.

Au-delà des enjeux théoriques, l'ancien ministre a plaidé pour une politique de la dignité humaine, du respect mutuel et de la solidarité. Citant Léopold Sédar Senghor, il a rappelé l'idéal d'une "civilisation du donner et du recevoir". Une manière, selon lui, de redonner à la politique son sens premier : bâtir des cités où il fait bon vivre ensemble.

Pour finir, M. Sy estime que "la bataille à venir ne sera pas seulement électorale ou sociale. Elle sera d'abord intellectuelle. L'humanité ne se pose que les problèmes qu'elle peut résoudre."

MAMADOU DIOP

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