Publié le 20 Jan 2015 - 10:15
KARIM WADE ABSENT

L’audience de la détente n’a pas eu lieu

 

Après la médiation du bâtonnier Me Ameth Bâ, le pool d’avocats de la défense avait décidé de rejoindre la salle d’audience de la Crei. Mais la séance d’hier a été ajournée. Karim Wade ne s’est pas présenté à la cour.

 

Le communiqué est laconique : ‘‘L’audience est renvoyée jusqu’ à demain (aujourd’hui) 9 heures’’. Une note placardée à la porte de la salle 4, sans plus de détails. Présentée comme l’audience de la détente, les réquisitoires d’hier n’ont finalement pas eu lieu. Le principal prévenu, Karim Wade, absent  ‘’car ne se sentant pas bien’’, selon Me Clédor Ciré Ly, le public venu nombreux a été privé de débats.

Ainsi, l’audience d’hier, qui devait commencer avec le témoignage de Véronique Manga, a accusé un retard inhabituellement long pour des séances dont la ponctualité est la marque de fabrique. Le box des accusés n’a reçu qu’un des deux prévenus dans l’affaire d’enrichissement illicite et de corruption portant sur 117 milliards, Mamadou Pouye. Ce dernier sera d’ailleurs reconduit à son lieu de détention par les éléments pénitentiaires d’intervention (EPI), après plus d’une heure d’attente infructueuse.

A 10h 35, le public n’a pu que constater la vacuité du présidium, alors que les avocats dans leurs toges noires étaient en surnombre dans les prétoires. La défense, après sa bouderie de la semaine passée, était bien présente, après la médiation du bâtonnier Me Ameth Bâ. La longue attente s’est prolongée toute la matinée, ponctuée par les animations des supporteurs libéraux. Des harangues chantées de façon intermittente pour galvaniser une salle plongée dans la torpeur. Une vive acclamation pour Me Sall, des discussions joyeuses entre avocats, les forces de l’ordre aux aguets, mais aucune nouvelle sur l’éventualité de la tenue de l’audience, à 11 heures passées.

« C’est le blackout »

C’est deux heures plus tard que le report est signifié. Ce qui a le don de mettre l’avocate de Bibo Bourgi en colère. ‘‘Nous ne sommes informés de rien pendant quatre heures, sans que l’on sache ce qui se passe. Le moindre des respects serait de prévenir le bâtonnier et les avocats de ce qui passait. Il n’y a personne dans le box, pas d’audience. On ne sait pas ce qui passe. Ce n’est pas admissible de se comporter comme ça vis-à-vis des avocats. On ne sait pas ce qui se passe, pour l’instant, c’est le blackout’’, dénonce Me Dreyfus Schmidt. La brouille de la semaine passée n’est pas totalement dissipée. ‘‘Avec l’absence de réaction de la cour ce matin, nous nous posons des questions et nous ne sommes pas sûrs de revenir sur les bancs de la défense. Pour l’instant, nous n’avons pas arrêté notre position’’, poursuit-elle.

Les modalités de la médiation du bâtonnier devaient constituer la première partie de l’audience d’hier, explique Me Ciré Clédor Ly. ‘‘On nous a informé que le différend est réglé. Le bâtonnier nous a tous demandé de rejoindre la salle, de venir continuer à exercer. Il était là pour que l’on puisse savoir comment l’incident a été réglé, c’est le droit fondamental à l’information du public. On ne peut pas tout régler en catimini sur des questions aussi importantes où on a l’impression que l’avocat est un chiffon malmené par un juge’’, déclare-t-il. De manière générale la défense n’a pas apprécié le manque de communication de la cour sur la non-tenue de l’audience. ‘‘C’est un manque de respect notoire’’, selon Me Demba Ciré Bathily.

« Karim ne se sent pas bien »

Toujours est-il que l’absence de Karim Wade a fait l’objet de toutes les spéculations. Ce qui demeure constant est que sa non-comparution est liée à des raisons médicales. La partie civile, peu prolixe, a accusé le prévenu de trop chercher à se « victimiser », après les événements de mercredi dernier. L’un d’eux a déclaré, sous l’anonymat, que Karim ‘‘fait exprès de tout mettre en œuvre pour saboter le procès. Il prétend être malade, alors qu’il refuse de se laisser consulter’’, a dénoncé la robe noire.

Cette explication a été balayée par Me Ciré Clédor Ly. ‘‘L’audience devait continuer, mais Karim n’est pas dans les conditions physiques et intellectuelles d’être présent. Il ne se sent pas bien. La cour a les moyens d’ajourner. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. 24 ou 48 heures, le temps qu’il se rétablisse. Nous ne sommes pas opposés à son inspection par un médecin. S’il a laissé faire l’administration pénitentiaire, c’est qu’il s’est effectivement fait examiner’’.

L'avocat précise que la cour ne peut pas trouver une base légale pour le forcer à comparaître. ''Nous ne sommes pas en matière d’assises. En correctionnel, cette disposition n’existe pas. On dit que les gardes doivent le conduire. La conduite en bon français, c’est accompagner pas brutaliser'', a souligné le conseiller de Karim Wade.

Ousmane Laye Diop (stagiaire)

 

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