Publié le 18 Feb 2019 - 15:09
L’ŒIL DU SCRIBE UNE CHRONIQUE DE MADOU KANE

La révélation

 

Ousmane Sonko était attendu. Le train est bien entré en gare. Comme annoncé, l’homme aura tenu ses promesses et confirmé son talent d’opposant percutant. Le leader de Pastef est resté intraitable, offensif et précis dans son argumentaire. Un sérieux candidat qui déroule les solutions à la sauce ‘’Atépa’’, qui soigneront les maux de son pays et de ses compatriotes. Avec une certaine rigidité qui traduit de fortes convictions qui sont paroles d’Evangile pour ses partisans, le missile patriote frappe partout où le régime prête le flanc.  Apôtre de la rupture, El Fenemono a tapé sur le système jusqu’à faire fuir des opposants apeurés qui ont trouvé refuge chez Idy, un rival plus fréquentable. A court de munitions, il s’est fourvoyé dans les leurres d’un soleil déclinant du côté de l’océan, pensant décrocher la pleine lune.

En guerrier spartiate, il a su esquiver les attaques en règle du régime et repoussé avec brio les vannes perfides des seconds couteaux tapis dans l’ombre translucide des media. Sonko sonne la rébellion ouverte contre une Assemblée nationale sortie, comme par miracle, d’une léthargie pour élucider un scandale financier monstre que la justice sous le coude n’a pas voulu examiner. Le parlementaire dissident de cette Assemblée d’affidés qui dépitent le peuple, est décidé à perforer un filet conventionnel tendu pour neutraliser un adversaire trop encombrant qui se présente comme un féroce piranha d’Amazonie dans une mare à crocodiles.

Dans un tout autre registre, un candidat inattendu se révèle. Il a littéralement cassé la baraque ! Comme un charmeur de serpents, Madické  Niang est en train de dérouler une campagne époustouflante. Virulent contre le régime, pour taire d’éventuelles connivences et ambiguïtés, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous le régime de Me Abdoulaye Wade tape sur la queue du serpent marron et promet de le décapiter.

Comme sorti d’une boite magique, Madické a osé briser l’immobilisme d’un parti bridé par une constante déphasée. Le fidèle a dérouté son vieil ami en déclarant une candidature de substitution. Désavoué par le Seigneur de Kébémer et sa cour, il a échappé avec brio aux mailles du parrainage. Madické séduit et déride une ambiance morose, ternie par un décor dramatique. Il apporte cette gaieté, cette légèreté dont raffolent les Sénégalais qui préfèrent le folklore et la subtilité aux discours programmatiques insipides et routiniers. Avec une générosité débordante, il promet le bonheur aux foules de Mbacké et des cités conquises, comme au public famélique de Matam et d’ailleurs. Il promet trois ministres à la seule Casamance pour réparer sans doute une injustice qui a trop duré. Le pays pulvérisé par une campagne d’enfer, il se tape un weekend à Brescia pour mettre la diaspora dans sa botte.

Avec ses épis de mil, il sème la prospérité partout où il passe. L’affable  diplomate prône la paix urbi et orbi, quitte à s’agenouiller devant le ‘’Pape’’ pour se faire pardonner son crime de lèse-majesté. A coup sûr, le peuple, sous le charme, plaidera sa cause, sans honoraires.

Jamm ak kheweul !

 

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