Publié le 3 Dec 2020 - 19:35
LUTTRE CONTRE LE VIH/SIDA

De la nécessité d’assister les ‘’travailleuses du sexe’’

 

La secrétaire exécutive de l’ONG Awa, Marème Soumaré, a appelé, hier, à une mobilisation autour des professionnelles du sexe, afin de les aider à développer des stratégies efficaces de prévention pour ne pas contracter le virus du VIH/sida.

 

Blâmées et mal accueillies par le personnel de santé, stigmatisées, souvent rejetées et pointées du doigt par la communauté dans leurs quartiers, les professionnelles du sexe souffrent le martyre. Voilà pourquoi l’ONG Awa a décidé de voler au secours de ces femmes ‘’dépourvues’’ de moyens, qui pratiquent le ‘’plus vieux métier du monde’’.

Selon la secrétaire exécutive de ladite ONG, ces ‘’travailleuses du sexe’’ méritent une assistance totale et le respect de tous. Ce n’est pas, ajoute-t-elle, une manière de les encourager, mais tout simplement une façon de les aider à prendre conscience des risques qu’elles font face au jour le jour, du fait de l’épidémie du VIH/sida toujours présente au Sénégal. C’est pourquoi toute son équipe et elle travaillent à les pousser à abandonner ce métier.

Cependant, pour y arriver, il faut un accompagnement. ‘’Quand vous demandez à une personne d’arrêter ce qu’elle fait, il faut quand même un minimum d’accompagnement. C’est pourquoi nous leur donnons un peu d’argent afin qu’elles puissent démarrer leurs propres activités et se prendre en charge financièrement. Si cela est fait, elles n’auront pas besoin de continuer ce travail. Nous travaillons à trouver des solutions juridiques’’, a rassuré hier Marème Soumaré au cours d’un atelier national de sensibilisation sur le VIH/sida organisé à Thiès et qui a vu la participation des professionnelles du sexe.

Affirmant que ces ‘’travailleuses’’ constituent un groupe vulnérable et incompris, la secrétaire exécutive de l’ONG Awa précise qu’il suffit de les fréquenter pour comprendre que ces femmes vivent un calvaire sans fin. ‘’Parmi elles, il y en a qui sont mariées. D’autres sont divorcées. Elles ont des enfants qui vont à l’école. Donc, c’est difficile, pour toutes ces femmes, de subvenir aux besoins quotidiens. Si une femme a trois ou cinq enfants, il est difficile pour elle de faire face à cette situation. Je me demande même ce que l’État a fait pour ces professionnelles du sexe ?’’, a regretté Marème Soumaré, soulignant que si ce métier existe et résiste encore, c’est parce qu’il y a une clientèle qui en fait la demande.

Poursuivant, la patronne de l’ONG Awa se dit prête à plaider pour une assistance à cette frange de la société.

Une formation professionnelle proposée

Invitée à prendre part à l’atelier national, une ex-professionnelle du sexe se dit consciente du danger qu’encourent toutes ces prostituées. Pour elle, le taux de prévalence de 0,5 % indique que le sida est toujours là. C’est dans cette logique que la prostituée à la retraite invite les plus jeunes à se mobiliser, pour ne pas choper la maladie, mais surtout pour vaincre l’épidémie. Elle conseille aux jeunes filles qui viennent d’embrasser ce métier à faire machine arrière avant qu’il ne soit trop tard.

‘’Je vois beaucoup de jeunes filles qui entrent dans ce métier à l’insu de leurs parents. A notre niveau, nous leur demandons d’arrêter. Mais comme elles sont matérialistes et veulent avoir des cheveux naturels, des téléphones de dernière génération, elles refusent d’appliquer nos conseils. Par contre, elles risquent de le regretter, dans le temps. Il est encore temps d’arrêter, parce que la fin est toujours compliquée, quand on pratique ce métier’’, prévient-elle.

Par ailleurs, elle invite la ministre de la Jeunesse, Néné Foutamata Tall, à initier des séries de formation professionnelle en faveur de ces jeunes filles professionnelles du sexe.

Créée depuis plus de vingt ans, Awa intervient aux côtés des professionnelles du sexe et aide les malades atteintes du VIH dans la prise en charge médicale, psychologique et psychosociale. Outre cet aspect, l’ONG travaille aussi à la réinsertion sociale des professionnelles du sexe.

Dans ce dessein, l’ONG Awa leur octroie un appui financier afin de leur permettre de développer des activités génératrices de revenus. Pour freiner l’épidémie du VIH/sida au Sénégal, la secrétaire exécutive de ladite organisation trouve nécessaire de sensibiliser davantage les prostituées du danger qu’elles encourent au quotidien. Aussi, rappelle-t-elle, il appartient à l’État, aux partenaires et à toute la communauté de leur donner tous les moyens de se prémunir de cette maladie.   

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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