‘’Les magistrats ne sont pas les enfants gâtés de la République’’

‘’La justice ne peut faire l’économie sur sa légitimité par rapport à la conscience publique qu’est celle des autres institutions de la République et des citoyens. L’indépendance de la justice, qui nous est si chère, ne peut être assimilée à une autorisation de faire ce que l’on veut. Elle est définie dans la Constitution qui dit que les juges ne sont soumises qu’à l’autorité de la loi’’, a lancé hier le premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, lors de la rentrée des cours et tribunaux. Selon lui, le fait d’adopter des comportements contraires à la loi pourrait nuire à la crédibilité de la justice, à sa capacité de faire face à ses missions en toute indépendance.
‘’En matière disciplinaire, la responsabilité du magistrat peut être engagée dans l’obligation de réverse qu’impose la fonction. Il y va de l’obligation légale qui découle du serment par lequel les magistrats doivent observer la réserve, l’honneur et la dignité que leurs fonctions imposent’’, renseigne-t-il. Non sans laisser entendre que ‘’les indemnités qui sont allouées aux magistrats, et qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive, constituent une contrepartie des obligations particulières qui leur incombent en vertu de la loi’’. ‘’Nous sommes au rejet de l’affirmation selon laquelle les magistrats sont les enfants gâtés de la République. Il ne peut pas en rajouter, en donnant l’impression d’agiter le chiffon rouge d’un gouvernement des juges. Ce qui ne saurait prospérer dans une démocratie’’, s’est-il expliqué. Rappelant que l’Etat de droit a pour fondement le respect de la séparation des pouvoirs.
‘’La Cour suprême a jugé 445 affaires’’
Abondant dans le même sens, le Procureur général près de la Cour suprême, Cheikh Tidiane Coulibaly, a affirmé que ‘’le magistrat ne peut être respecté que s’il reste magistrat’’. ‘’Pour que la justice reste et demeure une justice en majesté, nous devons être en capacité de défier l’évolution de notre environnement politique, social et répondre aux enjeux contemporains auxquels notre institution doit faire face et éviter ainsi de fossiliser notre temple’’, a ajouté Cheikh Tidiane Coulibaly.
Pour le bilan du précédent exercice, la Cour suprême a validé 6 projets de lois et un décret. Et conformément à ses standards de traitement définitif des dossiers dans le délai d’un an à compter de sa saisine, la Cour suprême, toutes chambres confondues, a jugé 445 affaires, selon le Procureur général près ladite Cour.
AWA FAYE