Publié le 8 May 2017 - 12:52
MANQUE D’ELECTRICITE ET D’EAU

Touba Ndawène  crie sa colère 

 

Les populations de Touba Ndawène ont fait de l’électrification de leur village un sacerdoce. Pas question, disent-elles, de regarder leur patelin fondé en 1927 demeurer toujours dans les ténèbres. Un combat que compte mener la nouvelle génération avec le soutien des anciens. Pour offrir à celles futures un meilleur cadre de vie

 

De Keur Ndiour (commune de Fandène) à Thiaoune Louwa et Ndjitté, tous ont le même mot d’ordre : accéder aux infrastructures sociales de base. Ainsi, au village de Touba Ndawène, situé dans la commune de Mérina Dakhar (Tivaouane), la principale doléance reste l’électrification même si les populations demandent aussi l’érection, au moins, d’une école publique élémentaire. Pour rallier cette localité à partir de Thiès, il faut faire du chemin. D’abord, il faut se rendre à Ngaye Mékhé, puis continuer sur Mérina Dakhar. Une fois dans cette commune, il faut soit prendre une charrette moyennant  1000 F CFA ou s’attacher les services d’un ‘’taximan clando’’ à 2000 F CFA. ‘’Pour se rendre à Ndawène, il faut se préparer à toutes les éventualités parce que tu peux tomber en panne à tout moment’’, nous explique Moundiaye le chauffeur de ''clando ''.

Pour lui, Ndawène est une zone ‘’très compliquée’’. Malgré l’hésitation, il accepte volontiers de nous conduire dans cette zone à ‘’risques’’ pour les chauffeurs. Nous avons vécu tout de même un long périple ! Car près de 60 kilomètres séparent la ville de Thiès du village de Touba Ndawène, où nous avons débarqué à 10h 07 mn dans la matinée du mercredi 26 avril. Sur place, une grande cour au milieu de laquelle trône un baobab. C’est l’espace public du village jouxtant l’école coranique, seul établissement d’enseignement dont dispose Ndawène. Non loin de là, la mosquée. Devant ce lieu de culte, les enfants jouent au football. Ils ne cessent de courir derrière  le ballon. ‘’Quand ils descendent de l’école, c’est ici leur lieu de rassemblement. Ils ne connaissent pas encore les enjeux du développement, car ils sont jeunes et ne pensent qu’à jouer’’, souligne Serigne Modou Sall trouvé à son domicile. Avec ses concitoyens, ils se battent corps et âme pour l’électrification de leur village.

‘’L’électrification est un droit’’

Toutefois, le président de l’ASC de Ndawène estime que cela est un ‘’droit’’. ‘’Certains villages de la commune sont électrifiés. Et pourquoi pas nous ? Si nous restons les bras croisés, les autorités locales et étatiques ne feront rien pour notre village’’, confie Serigne Modou Sall. Pour lui, l’heure est aux revendications et surtout à l’approche des élections législatives. ‘’C’est le moment ou jamais. Tout le village est prêt à combattre cette injustice que nous subissons. L’électricité est un besoin pour tous, une nécessité. Par manque d’électricité, nous sommes confrontés au problème de vol de bétail’’, poursuit-il.

 ‘’Tout ce que veulent les villageois, c’est disposer d’électricité et d’eau potable à gogo et se faire soigner ici même. Il y a quelques mois, le liquide précieux coulait à flot, car tout le village était alimenté par un mini-forage. C’est tout le contraire aujourd’hui. Nous n’avons plus de puits. Et les femmes sont obligées de se rendre à Baїdy à la recherche de l’eau potable’’, se désole Serigne Modou Sall tout en invitant le président de la République à inclure Touba Ndawène dans le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc). Aussi, précise-t-il, son village mérite d’avoir des infrastructures ‘’dignes de ce nom’’. Et pourtant, révèle notre interlocuteur, le village de Baїdy situé à quelque 600 mètres de son domicile a été électrifié. La preuve indique-t-il, c’est là-bas où tous les habitants de Ndawène ’’chargent leurs téléphones portables et achètent de la glace’’. Suffisant pour lui de crier à la ‘’discrimination’’.

‘’Ndawène doit changer de visage’’

Pour sa part,  le chef de village soutient que ‘’rien n’a changé’ dans sa localité’’. La preuve, ce sont quelques maisons qui sont construites en briques et le reste, toujours en paille. D’après Mor Ndaw, de 1927 à nos jours, aucune réalisation et aucun changement n’a été noté dans le village qui l’a vu naître le 31 décembre 1940. ‘’Je suis né et j’ai grandi dans ce village, mais je vous assure que rien n’est fait pour Ndawène. Nous n’avons pas d’école élémentaire publique. Et ce n’est pas normal. A l’heure où la quasi-totalité des villages ont des Collèges d’enseignement moyen (Cem), mon village peine à avoir une seule classe où le français est enseigné. Pensez-vous que c’est normal ?’’, s’interroge sans cesse le doyen Ndaw. Avant de poursuivre : ‘’Nous avons une école coranique (arabe) et c’est bien. Mais il nous faut également une école française’’, se lamente le septuagénaire. Aussi, de l’avis de ce dernier, un village aussi ‘’vieux’’ que Ndawène (90 ans) devait entrer de plain-pied dans la modernité, surtout que le vent de cette époque souffle dans leur village, avec le passage des poteaux électriques qui rallient Baїdy, le village voisin.

Si le président des jeunes fait de l’électrification son principal cheval de bataille, le chef de village par contre veut que Ndawène dispose enfin d’une école élémentaire. Selon Mor Ndaw, cela permettra aux jeunes élèves du primaire de ‘’travailler sans pression et de réussir à l’entrée en sixième’’ à domicile. ‘’Les élèves du primaire font tous les jours deux kilomètres pour aller étudier, et sous le chaud soleil. Ils marchent entre Ndawène et Mérina Dakhar. Vous imaginez ! C’est compliqué pour eux. Je demande au Président Macky Sall de nous venir en aide parce qu’il a les moyens de le faire’’, invite-t-il tout en affirmant que l’image de son village ‘’doit changer’’.

Elève en classe de Cm² à l’école publique élémentaire de Mérina Dakhar, Amy Sall confirme l’assertion de son chef de village. Ses camarades et elle vivent le supplice,  relate la jeune demoiselle. ‘’Nous sommes fatigués. Le président de la République doit nous venir en aide. Nous faisons des va-et-vient incessants. Et c’est fatigant, et en plus, nous sommes en période de chaleur. Nous voulons bien étudier, mais il faut que les conditions soient réunies. C’est le minimum’’, prône la future collégienne.

Les femmes ne sont pas en reste dans cette bataille pour l’accès aux infrastructures de base. Pour Fatim Diop, vice-présidente des femmes de Ndawène, le Président Sall doit penser également à électrifier leur village comme il l’a déjà fait avec certains villages environnants. En outre, elle sollicite l’aide de la présidente de la Fondation Servir le Sénégal, Marième Faye Sall. ‘’Nous sommes au courant de ce qu’elle fait dans d’autres localités. Marième Faye Sall fait de bonnes choses. Nous méritons également notre part. Nous ne demandons pas de l’argent, mais seulement à accéder à l’électricité et à l’eau pour pouvoir mener correctement nos activités maraîchères. C’est tout ce que nous voulons. Notre village doit changer de visage’’, lance Mme Diop, qui estime que le ‘’combat prendra fin’’ seulement le jour où ils obtiendront gain de cause.  

GAUSTIN DIATTA (THIES)

 

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