Publié le 16 Mar 2023 - 19:47
MARCHES DE L’OPPOSITION EN BANLIEUE

L’heure n’est plus à la négociation, mais à la loi du talion

 

Les départements de Pikine et de Guédiawaye ont battu, hier, le macadam, chacun de son côté. Le mot d’ordre, selon les opposants, est de sauver le projet d’Ousmane Sonko et non de négocier. Contrairement à Keur Massar où il y a eu des affrontements.

 

Sous une forte escorte policière, l’opposition du département de Pikine a marché hier. Elle a emprunté l’itinéraire Bountou Pikine - marché Savanel - Tally Icotaf et Texaco. Scandant des propos hostiles au régime de Macky Sall, les Pikinois ont répondu massivement. Pour ne pas courir le risque d’avoir une surprise, les forces de l’ordre, qui veillaient au grain, étaient en nombre sur les axes stratégiques. Et particulièrement à la devanture du magasin Auchan où se tenait une escouade en tenue de combat. Idem à la station Texaco prévue pour être le point de chute de la marche. Il y avait une forte présence policière.

Faisant l’économie de la rencontre, le directeur de l’école du parti Pastef a souligné que l’objectif de la rencontre est de sauver le projet de leur formation politique. À en croire Moustapha Sarré, ils doivent le faire avec la personne qui l’incarne. ‘’La protection de ce projet commence dès maintenant. Vous avez vu ce qui se passe dans ce pays. Depuis hier (avant-hier), on nous interdit d’exercer nos droits. Vous avez tous vu ce qui se passe actuellement à la cité Keur Gorgui. Notre devoir est de nous y rendre, pour protéger notre leader qui est l’ultime espoir de ce pays’’.

Le  responsable de Pastef dans la commune de Mbao d’ajouter : ‘’Chers banlieusards, Pikine n’a jamais raté le rendez-vous. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons le faire. Le président Ousmane Sonko a besoin du soutien du Sénégal et les Pikinois ne vont pas trainer les pieds pour lui répondre. Pour réussir cette mobilisation exceptionnelle, on doit tous se rendre chez lui pour le sécuriser et le mettre à l’abri contre toute cette injustice qu’il est en train de vivre pour qu’au soir du 25 février, à pareille heure (18 h 45), toutes les radios et télévisions annoncent la victoire d’Ousmane Sonko et qu’il a été élu au premier tour.’’

Dans la même veine, le coordonnateur adjoint de Pastef à Djiddah Thiaroye Kao a soutenu que dans les prochains jours, les responsables doivent être au-devant de cette bataille. Qu’ils n’envoient pas les jeunes et rester derrière, selon Ababacar Sadikh Faye. ‘’Le seul leader, c’est Ousmane Sonko. Si on croise les bras et que sa candidature est invalidée, son leadership sera réduit à néant. Ce sera la défaite de tout le parti. C’est la raison pour laquelle je dis que le mot d’ordre, tout le monde le sait. Il n’y a rien à expliquer. C’est la loi du talion. Si Sonko est éliminé, Macky Sall va emprisonner tous les autres leaders. C’est la raison pour laquelle il faut que vous sachiez que ce 16 (mars) est déterminant. On doit aller passer la nuit chez lui, l’accompagner jusqu’au tribunal et attendre le verdict. S’il est éliminé de la course avec ce dossier non fondé, qu’on fasse du ‘’gatsa-gatsa’’’’.

‘’La situation du pays, ajoute-t-il, est catastrophique. Il faut que tous les démocrates se lèvent pour combattre cette dictature et cette injustice sur Ousmane Sonko. Nous sommes sidérés de ce dont il vit. Son seul tort est d’avoir un projet de société. Le seul objectif de Macky est d’éliminer sa candidature. On doit faire face. On doit aller défendre Ousmane Sonko. Depuis deux ans, il est attaqué. Aujourd’hui, c’est fini. Nous allons résister. Que ce soit pacifique ou violent. C’est à lui (Macky Sall) de décider’’, a tonné M. Faye.

‘’Si les FDS ne sont pas républicaines, nous ferons face’’

Du côté de Guédiawaye, contrairement à Pikine, la mobilisation a été timide. Les manifestants ont emprunté les axes PAI - rond-point Canada - police centrale. À la fin de la marche, le maire de la ville de Guédiawaye a soutenu qu’ils ne vont plus demander à Macky Sall de respecter la Constitution, parce qu’il ne l’a jamais fait. Pour Ahmed Aidara, le leader de BBY l’a toujours bafouée et a violé les chartes fondamentales.

‘’Ce que nous demandons au peuple sénégalais, c’est de se tenir prêt, debout comme un seul homme. Le combat n’est pas celui d’Ousmane Sonko, mais du peuple. Nous devons nous dresser contre cette dictature qui n’est plus rampante, mais debout. Nous disons aux forces de défense et de sécurité qu’elles sachent qu’elles ne sont pas nos ennemis. Elles doivent faire leur job. Nous devons avoir une police, gendarmerie et armée républicaines. Si elles ne le sont pas, nous ferons face. Elles sont comme nous, car elles achètent le riz, payent l’eau, l’électricité. Elles sont plus fatiguées que nous autres. Qu’elles arrêtent leurs tortures, de massacrer les autres. Il faut que cela soit clair. Nous allons marcher de force ou de gré, tous les jours’’, a indiqué le journaliste politicien.  

À signaler que dans les deux départements, les responsables des partis politiques membres de la coalition YAW sont venus en nombre, sans oublier les autres qui ralliaient la foule, au fur et à mesure.

Ça a chauffé à Keur Massar

Du côté de Keur Massar, où la marche a été interdite, il y a eu des affrontements, des manifestations. Des pneus brûlés, des scènes de violence. Au niveau de l’ancienne brigade de gendarmerie, il y a eu des affrontements entre les tabliers et les manifestants.

Il y a aussi eu des scènes d’agressions qui ont fait des victimes.

ZIGUINCHOR - MARCHE NATIONALE

 

Les partisans d'Ousmane Sonko appellent à la résistance

 

À l'instar des autres villes du pays, de nombreux partisans et sympathisants de Pastef, constitués essentiellement de jeunes, ont battu le macadam, hier, dans différentes rues de Ziguinchor. Du populeux quartier de Lyndiane, où a démarré la marche, en passant par Grand-Dakar, la grande mosquée et avant le rond-point Aline Sitoé, lieu de chute de la marche, les militants ont scandé "gatsa-gatsa" ou "résistance".

Arborant des tee-shirts et autres gadgets aux couleurs de Pastef, les différents responsables du parti qui ont pris la parole, à la fin de la marche, ont dit "non à l'instrumentalisation de la justice pour éliminer des adversaires politiques", mais également "non à un troisième mandat".

Pour la députée Oulimata Sidibé, la ville de Ziguinchor a démontré, encore une fois, qu'elle demeure la base naturelle de Pastef. Seydou Mandiang, un autre responsable du parti a, quant à lui, dénoncé l'arrestation, la détention et l'emprisonnement arbitraires de militants ainsi que l'existence de milices privées qui opèrent aux côtés des forces de l'ordre. Toutes choses, dit-il, qui expliquent la manifestation du jour.

Selon l'adjoint au maire Alassane Diedhiou, cette marche constitue le départ d'un combat qui va durer dix mois. Il fait ainsi allusion au 22 janvier 2024, date de clôture des déclarations de candidature pour la Présidentielle.

À l'en croire, Macky Sall a programmé la liquidation politique d'Ousmane Sonko. Il a, à son tour, appelé à la résistance.

À la fin de la marche, certains jeunes ont brûlé des pneus sur l'avenue des 54 mètres et sur quelques artères du quartier Santhiaba. Soulignons que la marche de Ziguinchor a été autorisée.     HUBERT SAGNA (ZIGUiNCHOR)

CHEIKH THIAM

 

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