Publié le 28 Apr 2018 - 16:09
ME MOUSSA SARR, COORDONNATEUR DU POOL DES AVOCATS D’IMAM NDAO

‘’Le parquet tirera toutes les conséquences pour faire un réquisitoire d’acquittement’’

 

Hier, le coordonnateur du pool des avocats d’Imam Ndao a exposé le bilan, à mi-parcours, du procès des présumés terroristes. Faisant des constatations, Me Moussa Sarr espère que le parquet ne peut faire qu’un réquisitoire d’acquittement pour leur client. Selon lui, il n’y a pas d’éléments probants justifiant la culpabilité de l’accusé.

 

C’est une plaidoirie avant l’heure. Avocat du présumé terroriste Imam Alioune Ndao, Me Moussa Sarr s’est dit convaincu que les charges retenues contre son client ne reposent que sur des ‘’soupçons’’. Ainsi, il a demandé au maître des poursuites de requérir l’acquittement. ‘’Nous pensons que le parquet tirera toutes les conséquences nécessaires pour faire un réquisitoire d’acquittement contre Imam Ndao et de lui présenter ses excuses officielles, publiquement, au nom de l’Etat, pour l’humiliation qu’il a subie durant sa garde à vue. Il a été ballotté à gauche et à droite, de Saint-Louis à la prison centrale. Les libertés de notre client ont été bafouées’’, a déclaré, hier, le coordonnateur du pool des avocats d’Iman Ndao, lors d’une conférence de presse sur le bilan à mi-parcours du procès des présumés terroristes. Lequel se déroule devant la Chambre criminelle de Dakar.

Selon la robe noire, dans cette affaire, il n’y a aucun élément objectif imputable au natif de Kaolack. Alors que ‘’nous sommes à trois semaines d’interrogatoires et l’audition de 29 accusés dont seuls Ibrahima Diallo, Ibrahima Hanne, Saliou Ndiaye et les épouses de Matar Diokhané le connaissent’’. A l’en croire, Imam Ndao été le présent le plus absent. Mieux, que le choix du dossier intitulé ‘’Imam Ndao’’ n’est pas fortuit. ‘’Dans la presse, même si on interroge un accusé, on met toujours la photo d’Imam Ndao. C’est l’œuvre du parquet. Ce choix cache quelque chose, il y a un dessein derrière. L’Etat veut faire d’Imam Ndao le cerveau de cette affaire. Cette appellation ne s’imposait pas et ne se justifie pas’’, a-t-il fulminé.

‘’ Entre la présentation du dossier et la construction factuelle, il y a un décalage manifeste’’

Relativement aux procès-verbaux (Pv) de police et de gendarmerie, Me Sarr indique que des propos imputés à des accusés ont été contestés à la barre. C’est la raison pour laquelle il a sollicité la comparution des officiers de police judiciaire (Opj) et du chef d’Etat-major général des armées (Cemga). ‘’Ils ont dit qu’Imam Ndao a un camp d’endoctrinement au village de Gamboul. Tout cela est une construction factuelle des forces de l’ordre. Ils ont mentionné également que ces camps constituent le gîte de ceux qui partent et qui reviennent. Ceci pose un problème de sincérité du dossier. Nous estimons que ces accusations sont suffisamment graves. Pour la manifestation de la vérité, il faut que ces personnes viennent comparaître’’, estime le coordonnateur du pool des avocats. Me Sarr souligne que les enquêteurs ont même donné le nom d’Imam Alioune Badara Ndao ou Imam Aly à leur client. Qu’il est prêté à Moustapha Faye d’être son chauffeur.

L’avocat de soutenir que ce dernier n’a pas participé et n’était même pas informé des 5 réunions préparatoires tenues à Bambilor, à Rosso (Saint-Louis) ou encore au lac Rose. ‘’Les policiers ont aussi dit qu’il est l’un des responsables d’Ahlou Sunna. Imam Ndao est membre de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal dirigée par Imam Dame Ndiaye’’, renseigne-t-il. De plus, relève la robe noire, parmi les 31 accusés, personne n’est kaolackois. ‘’On présente quelqu’un comme le cerveau des djihadistes et aucun membre de sa famille n’est arrêté. On dit que s’il y a un projet terroriste, il sera le maître en pensée. Entre la présentation du dossier et la construction factuelle, il y a un décalage manifeste’’, affirme-t-il. Avant de poursuivre : ‘’Un lot d’accusés a été arrêté en Mauritanie, un autre au Nigeria, avant qu’ils ne soient extradés. Pour dire que la quasi-totalité n’a pas été interpellée par la police sénégalaise. S’il y avait un projet djihadiste au Sénégal, ces réseaux n’ont pas été arrêtés ici.’’

Plus loin, Me Moussa Sarr narre qu’il n’y a pas un fait matériel posé, alors qu’on est en matière pénale. ‘’On ne juge pas une opinion. La chambre criminelle n’est une juridiction de théologie où on juge la charia ou une personne pour ses convictions religieuses. Quelle que soit la liberté des uns et des autres, cela ne peut pas constituer un délit. Ici, on juge les faits. Ce qui est interdit, c’est de poser des actes contraires qui peuvent troubler l’ordre social’’, avance-t-il. A l’en croire, personne n’a dit qu’il est parti sur les instructions de leur client. Le coordonnateur du pool des avocats de préciser que ‘’le lien personnel entre les accusés qui connaissent Imam Ndao ne doit pas se transformer en lien infractionnel’’. D’autant que, dit-il, la responsabilité pénale est individuelle.

‘’Ce n’est pas parce que vous connaissez quelqu’un et qu’il a commis un crime que vous êtes aussi responsable. Le lien doit relever de faits matériels. Au regard de ces éléments, nous disons que cette affaire est l’affaire de l’Etat du Sénégal qui brandit ce dossier comme le bilan dans sa lutte contre le terrorisme’’, dénonce-t-il. Non sans noter que leur client a été présenté comme le guide spirituel des djihadistes. ‘’Ce qui est absolument faux’’, lance-t-il.

Pour lui, Imam Alioune Ndao est ‘’une victime’’. ‘’Il tient son ‘daara’ à Ngane (Kaolack) sur la route de Gossas, à quelques encablures de la police de Ndorong, et aucun rapport d’enquête n’a été établi à son encontre. S’il était djihadiste, l’Etat du Sénégal aurait fermé ce ‘daara’ qui a 500 talibés, ou les parents auraient retiré leurs enfants. Si l’établissement était un lieu d’endoctrinement, est-ce qu’il y aurait une école primaire où les enseignants sont payés par l’Etat du Sénégal ?’’, se demande-t-il.

L’avocat de révéler que les policiers ont écrit dans le Pv qu’Imam Ndao est ‘’un chef religieux pacifique’’.  

Imam Ndao à son avocat : ‘’ Je n’ai aucune rancœur, j’ai pardonné’’

Selon lui, c’est l’Etat du Sénégal qui a pris Imam Ndao ‘’en otage pour faire plaisir à la France et à l’Occident’’. ‘’Personne ne doit l’accepter, car nous sommes dans un Etat de droit. La lutte contre le terrorisme ne doit pas être arbitraire ou abusive’’, lance la robe noire. Me Sarr de soutenir que l’imam, qui est contre toute forme de violence, a été arrêté arbitrairement. ‘’Il n’a aucun lien avec le monde arabe et il n’a jamais reçu aucun financement. Cette personne devait être décorée chevalier de l’ordre du Mérite. En lieu et place, l’Etat veut la trainer dans la boue pour la salir’’, fait-il remarquer. Etayant ses propos, le conseil confie : ‘’Récemment, Imam Ndao m’a dit : ‘Quelle que soit l’issue du procès, je continuerai à faire ce que je faisais pour la jeunesse, à servir mon pays. Je n’ai aucune rancœur, j’ai pardonné. Ce régime est juste passager. Nous avons pour devoir d’éduquer. Si les gens ne sont pas dans la rue, c’est parce que nous avons des chefs religieux qui ramènent les jeunes vers la foi. Nous n’avons pas de problème avec la modernité.’

 C’est la semaine prochaine qu’Imam Ndao va faire face au juge Samba Kane de la Chambre criminelle de Dakar, pour livrer sa part de vérité dans cette affaire où il est en détention préventive depuis plus de deux ans. Un face-à-face très attendu.

AWA FAYE

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