Publié le 16 May 2023 - 22:14
MEILLEURE GESTION DES SYSTÈMES CORRECTIONNELS D’AFRIQUE

Vers une harmonisation et une mutualisation des interventions des efforts

 

Dakar abrite, depuis hier, et pour cinq jours encore, la Conférence de l’Association des services correctionnels d’Afrique (Acsa). Hier, lors de la cérémonie d’ouverture, le patron de l’Administration a fait état de leurs doléances.

 

Du 15 au 19 mai prochain, Dakar abrite la 6e Conférence de l’Association des services correctionnels d’Afrique (Acsa). Elle a pour thème ‘’Bâtir des systèmes correctionnels résilients : leçons de la pandémie de la Covid-19’’.

Hier, lors de la cérémonie d'ouverture, le directeur général de l’Administration pénitentiaire a confié que l’initiative de mettre sur pied cette organisation est pertinente à plus d’un titre. Car il y a plusieurs défis auxquels ils doivent faire face, selon le colonel Jean B. Bocandé.

En effet, ces derniers se sont accrus et il ne fait aucun doute que les services vont faire face à de nombreuses incertitudes. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, l’état de l’infrastructure pénitentiaire, la problématique du renseignement pénitentiaire, la gestion de catégories de détenus particuliers ainsi que la recrudescence de certains incidents en milieu carcéral nécessitent une réforme de leurs dispositifs juridiques et institutionnels.

Au demeurant, leur responsabilité est de se donner les moyens de gérer l’incertitude, de déterminer l’orientation, l’envergure et le rythme de nos actions de telle sorte que leurs objectifs et leurs priorités soient couverts.  ‘’Le service pénitentiaire doit occuper la place qui est la sienne dans l’architecture sécuritaire. L’épanouissement du citoyen et la sécurité de nos États sont au cœur de ses actions. Le rôle de l'Administration pénitentiaire, en plus d’assurer la sécurisation des lieux de détention pour en interdire la sortie des personnes placées sous-main de justice, est aujourd’hui de travailler à favoriser la resocialisation des détenus. Même s’il s’avère difficile avec une menace diffuse de déterminer une frontière nette entre les notions de défense, de sécurité et de sûreté. La nécessité est de mieux faire connaître le service pénitentiaire et d'identifier ses particularités pour une meilleure efficacité. Au lendemain des indépendances, le service pénitentiaire, pour la plupart de nos États, était assuré par des forces de police ou militaires. Aujourd’hui encore, peu de pays disposent d’une force spécifiquement dédiée à la gestion des prisons’’, a confié le colonel Bocandé.

En outre, il a soutenu que la rencontre de Dakar va sans nul doute sonner une prise de conscience collective de l'importance pour leurs États de la place du service pénitentiaire dans l'architecture sécuritaire. Le service pénitentiaire doit, pour éviter tout déséquilibre sécuritaire, se développer pour être au même niveau que les autres forces de sécurité et de défense pour ne guère constituer le maillon faible du dispositif. Le cadre de coopération et d’échanges fructueux que préfigure, l’Acsa se veut une réponse adaptée à tous ces défis, nombreux et variés, auxquels doit faire face l’Afrique, notamment au plan sécuritaire. Il traduit, en d’autres termes, leur engagement indéfectible à accompagner nos dirigeants dans leur volonté de faire de l’Afrique un continent émergent.

‘’À ce titre, nos capacités d’adaptation et d’anticipation sont nos meilleures armes pour remplir nos missions. C’est pourquoi nous devrons œuvrer pour faire de notre organisation un outil souple avec de réelles capacités d’adaptation. Pour le progrès, ayons en bandoulière la modernisation de notre outil de travail. J’ai confiance, car je connais la grande capacité de nos administrations pénitentiaires à s’adapter aux exigences de son époque.  C’est pourquoi j’ai la ferme conviction que la 6e Conférence biennale de l’Acsa à Dakar demeure une occasion rêvée pour harmoniser nos interventions et mutualiser nos efforts en vue d’une meilleure gestion des systèmes correctionnels d’Afrique, mais également pour sensibiliser nos gouvernants à promouvoir la collaboration entre les acteurs du système de justice pénale, s’efforcer d’améliorer les services de santé dans les établissements correctionnels, impliquer davantage la communauté dans la réhabilitation et la réinsertion des détenus, continuer à impliquer la société civile dans les efforts d’amélioration des services correctionnels, placer les services correctionnels sur une bonne base en termes de financement et d’appui pour assurer un développement et une paix sociale’’, a souhaité le patron de l’Administration pénitentiaire. 

‘’Nous devons continuer à investir dans nos prisons’’

Venu présider la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre a rappelé que, sur instruction du chef de l’État, le gouvernement du Sénégal travaille sans relâche pour augmenter continuellement la qualité de notre système correctionnel, à travers l’amélioration de la sécurité et la réinsertion sociale des personnes placées dans les liens de la détention.

‘’Les prisons sont un élément essentiel d'un système démocratique et jouent un rôle crucial dans la protection de nos communautés, la réadaptation des détenus, l'application de la loi et le maintien de l'ordre. Nous devons continuer à investir dans nos prisons, pour assurer leur efficacité et leur capacité à remplir ces fonctions importantes. Dans une société démocratique, il est essentiel de garantir que tous les citoyens soient traités équitablement devant la loi et que les infractions commises soient punies de manière appropriée. Les prisons servent de lieu de détention pour les personnes qui ont été jugées coupables d'infractions et qui ont été condamnées à une peine de prison. Les détenus doivent être traités de manière équitable et leurs droits protégés par la loi. Les programmes de formation professionnelle, de soutien émotionnel et de traitement médical sont autant d'initiatives qui peuvent aider les détenus à acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour mener une vie productive et saine après leur libération’’, a confié Amadou Ba.

Selon lui, le système pénitentiaire demeure une préoccupation constante, car il est essentiel pour tous les États du monde de l’adapter constamment, surtout dans le contexte actuel marqué par des crises sécuritaires et sanitaires. Le Sénégal, à l’image de tous les pays d’Afrique et du monde, selon lui, est amené à bâtir un système correctionnel résilient, en tirant les leçons de la pandémie de la Covid-19. Ils ont été témoins de l'impact dévastateur de cette pandémie sur nos vies et nos économies. Mais dans des moments de crise comme celui-ci, c'est la force et la résilience de nos systèmes qui se révèlent. Et la présente conférence constitue une occasion pour en faire une évaluation objective. ‘’En investissant massivement dans les systèmes correctionnels du pays, le chef de l’État a montré qu'il était déterminé à préparer le Sénégal à faire face aux défis de l'avenir. Grâce à ces investissements, notre pays est mieux équipé pour faire face aux crises futures, qu'elles soient sanitaires, économiques ou autres.

Le président de la République Macky Sall a également montré une grande préoccupation pour le bien-être des citoyens, en mettant en place des programmes de soutien pour aider les plus vulnérables de la société à traverser cette période difficile. Cette compassion et cette détermination se sont manifestées à travers la résilience de notre pays à la pandémie de Covid-19. Au demeurant, la mise en place de systèmes correctionnels résilients suppose un État de droit et des institutions fortes dans un environnement de paix et de sécurité. Notre pays s’est inscrit dans cette dynamique en plaçant la dimension ‘bonne gouvernance et droits humains’ au cœur de son modèle de développement politique et social. À cet effet, le gouvernement du Sénégal a adopté, depuis 2013, une stratégie nationale de bonne gouvernance qui constitue un référentiel et le cadre général de mise en œuvre des initiatives dans ce domaine’’, a indiqué Amadou Ba.

Le PM est d’avis que les progrès réalisés dans le domaine de l’amélioration des conditions de vie et du respect des droits des personnes privées de liberté ont permis au système pénitentiaire sénégalais d’être résilient durant la période de la pandémie de la Covid-19.

‘’Fort de tout cela, j’ose espérer que durant cette 6e Conférence biennale de l’Acsa, l’expérience sénégalaise conjuguée avec celle des autres pays pourra servir de modèle afin de faire face aux nombreux défis du continent.  La crise de la pandémie de la Covid-19 a fini de mettre en exergue les défis auxquels nos administrations pénitentiaires sont confrontées telles que la vétusté et l’étroitesse, la surpopulation carcérale, la prise en charge des personnes placées dans les lieux de détention, le respect de leurs droits et leur accès à la justice.

Nous sommes heureux d'accueillir des experts en services correctionnels venant de différents pays africains. Cette conférence est une opportunité pour partager des connaissances, apprendre les uns des autres et renforcer nos liens. Nous sommes convaincus que cette conférence sera une réussite et qu'elle permettra de renforcer la collaboration entre les différents acteurs des services correctionnels en Afrique. Les conclusions et recommandations permettront aux administrations pénitentiaires de trouver des solutions pour bâtir des services correctionnels résilients, afin de pouvoir face à des situations de crises sécuritaires et sanitaires’’, a ajouté le Premier ministre.

CHEIKH THIAM

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