Un appel à un changement de paradigme

Le Sénégal, à l’instar des autres pays membres de l’Organisation des Nations Unies, célèbre chaque année la Journée mondiale de lutte contre la lèpre. Pour cette année, la cérémonie officielle de la 72e édition, célébrée dans la région de Thiès, plus précisément dans le département de Mbour, a constitué un moment privilégié pour dresser le bilan des interventions médicales et sociales, d’en mesurer les défis afin de dégager les perspectives nécessaires. Cet événement a été aussi une opportunité pour sensibiliser la communauté sur les facteurs de développement de la maladie et renforcer l’élan de solidarité envers les personnes qui en sont affectées.
‘’Unissons-nous. Agissons. Éliminons‘’. C’est le thème de la 72e édition de la Journée mondiale de lutte contre la lèpre. Au Sénégal, l’événement a été célébré ce mercredi 25 juin à Mbour, en présence d’autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale, d’autorités administratives à la tête desquelles l’adjoint au gouverneur de Thiès chargé du développement, d’hommes politiques et divers acteurs de la communauté actifs dans le combat contre la maladie de la lèpre au Sénégal.
‘’La lèpre, bien qu’étant une maladie ancienne, continue aujourd’hui de frapper silencieusement des hommes, des femmes et des enfants au Sénégal. Si la science a permis de la soigner efficacement, elle n’a pas encore réussi à éradiquer ce que nous, personnes affectées, considérons comme le plus lourd fardeau : la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion sociale. Une attention particulière devrait être accordée à ces groupes vulnérables’’, a déclaré Pape Mamadou Diagne, président de l’Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les maladies tropicales négligées (ASLP/MTN), parlant au nom des associations de personnes affectées par la lèpre.
‘’Les personnes touchées par la lèpre ont besoin d’accéder à des services de réadaptation intégrés et communautaires axés sur l’atténuation des effets et des déficiences, la création de moyens de subsistance et l’optimisation de l’inclusion dans la communauté. L’accès aux droits sociaux et à d’autres mesures de protection sociale est également essentiel pour réduire les conséquences socioéconomiques négatives et garantir des soins appropriés aux personnes âgées vivant avec une incapacité liée à la lèpre’’, a-t-il ajouté.
De la nécessaire synergie d’actions des acteurs
Le thème de la Journée mondiale de cette année – ‘’Unissons-nous. Agissons. Éliminons’’ - illustre parfaitement qu’il faut une synergie d’action de tous les acteurs, à son avis. Le slogan est un appel à un changement de paradigme visant à mener des actions de sensibilisation et de plaidoyer sur la lèpre et à créer une synergie des acteurs vers l’élimination de la maladie.
Cependant, malgré les performances médicales et les transformations sociales visibles dans les ex-villages de reclassement social, de nouveaux cas sont dépistés chaque année.
Sur le plan médical, des avancées significatives ont été réalisées, notamment avec l’introduction de la polychimiothérapie (PCT) en 1992 pour le traitement des personnes atteintes de la lèpre. Cette stratégie s’est accompagnée d’un renforcement de capacités par la dotation en médicaments, la prévention des invalidités, la réadaptation fonctionnelle, la formation du personnel de santé, ainsi que le suivi, le contrôle et la surveillance épidémiologique.
Sur le plan social, les interventions ont été orientées vers des stratégies de lutte contre la pauvreté et la stigmatisation ainsi que des stratégies d’intégration des villages de reclassement social dans leurs communautés de base.
Et malgré les performances médicales et les transformations sociales visibles dans les ex-VRS, de nouveaux cas sont dépistés chaque année. L’analyse de l’environnement dans lequel évolue la lutte contre la lèpre permet de dégager des enjeux et défis liés : au dépistage précoce des cas de lèpre ; à la mise en œuvre de la prophylaxie post-exposition (PEP) ; au changement du statut des ex-VRS devenus des villages de droit commun et la lutte contre la pauvreté dans ces localités ; à la mobilisation des organisations des personnes affectées par la lèpre et de la communauté tout entière.
Il s’avère nécessaire de renforcer les activités de communication pour le changement social et comportemental afin de lutter contre l’exclusion, la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes affectées par la lèpre.
Pour ce faire, il faut davantage renforcer l’engagement de tous les acteurs et mettre en commun nos efforts pour lutter contre la fatalité, la peur et l’ignorance face à cette maladie.
Pape Mbar Faye (MBOUR)