Publié le 27 Jul 2016 - 20:18
MEURTRE DE L’APPRENTI IBRAHIMA SAMB

Le policier Thiendella Ndiaye et ses collègues prennent 10 ans 

 

Les quatre policiers accusés de la mort de l’apprenti chauffeur Ibrahima Samb ont été jugés hier, devant la Chambre criminelle délocalisée à Mbacké. Thiendella Ndiaye et ses collègues ont écopé d ’une peine de 10 ans ferme. Quant à l’Etat, il est condamné à payer 20 millions à la famille de la victime.

 

10 ans ferme. C’est la peine que la Chambre criminelle délocalisée de Mbacké a infligée aux quatre policiers reconnus coupables de la mort du jeune apprenti chauffeur Ibrahima Samb. Les policiers Thiendella Ndiaye, Waly Almamy Touré, Mame Kor Ndong et Ousmane Ndao, initialement inculpés pour meurtre suivi de torture et d’acte de barbarie, ont été finalement condamnés pour violences et voies de faits ayant entraînant la mort sans intention de la donner. Il faut rappeler que le premier nommé avait bénéficié d’un non-lieu pour le meurtre de l’étudiant Balla Gaye.

La mort d’Ibrahima Samb, un apprenti chauffeur de 18 ans, tué en novembre 2013, à l’issue d’une opération de sécurité dans le département de Mbacké, est à l’origine de l’emprisonnement des policiers. Lors de ladite opération, les accusés avaient interpellé la victime et l’avaient mise dans la malle arrière du véhicule d’Almamy qu’ils avaient utilisé pour ne pas se faire repérer par les malfrats et autres. Seulement, ils l’y ont oubliée. Ce n’est que le lendemain, aux environs de 13h 30mn, qu’Ibrahima Samb a été découvert par un laveur de voiture. Il résulte de la procédure qu’Almamy avait donné des pastèques au laveur, en lui demandant de les mettre sur le siège arrière de son véhicule. Seulement, le laveur a plutôt ouvert la malle arrière et découvert Ibrahima Samb très mal en point.

Informé, Almamy a, d’après toujours l’accusation, fait appeler ses collègues. Ensemble, ils ont mûri un plan en conduisant la victime dans une structure sanitaire, sous le prétexte que le patient a eu un malaise. Malheureusement, le patient a rendu l’âme, puisqu’il avait inhalé une forte dose d’hydrogène. L’enquête ouverte a abouti à l’arrestation des policiers.

Exceptions

Hier, dès l’entame du procès à 10 heures, la défense a tenté de faire annuler la procédure, en soulevant des exceptions de nullité. Mes Ciré Clédor Ly, Abdoulaye Babou et Oumar Diop ont estimé que leurs clients devaient être libérés, puisque ‘’le juge d'instruction avait violé les droits des accusés, en procédant à leur inculpation sans la présence de leurs avocats’’. Or, ont-ils poursuivi, ils devaient être consultés auparavant.

Le premier substitut Baye Thiam et l'avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye, ont écarté toute violation, tout en affirmant que la loi a été respectée, car le juge a joint au téléphone la défense. Ainsi, les exceptions ont été rejetées par les juges qui ont ordonné l’ouverture des débats. Ceux-ci ont permis de revenir sur les circonstances de la mort du jeune apprenti chauffeur Ibrahima Samb dont le cadavre a été retrouvé dans la malle du véhicule de police.

Le film du meurtre

Le film a été retracé par Serigne Diop, ami et compagnon de la victime, lors de son interpellation. Au cours de sa déposition à la barre, le témoin oculaire est resté constant. Il a déclaré avoir formellement identifié le policier Thiendella Ndiaye empoigner la victime, la gifler et la jeter dans la malle arrière du véhicule. Mais les quatre policiers ont battu en brèche son témoignage. Ils ont tous clamé leur innocence. Thiendella Ndiaye, Mame Kor Ndong et Waly Almamy Touré ont tenté de jeter la responsabilité sur Ousmane Ndao, le moins gradé du groupe. Mais ce dernier a soutenu avoir obéi aux ordres de ses supérieurs.

 A cet effet, il a reconnu avoir arrêté Ibrahima Samb, mais affirme que c’est Thiendella qui l’a mis dans la malle. Almamy a laissé entendre qu’il conduisait et est resté dans le véhicule avec Mame Kor. Ainsi, tous les deux ont déclaré qu’ils ignoraient la présence de la victime dans la malle. Pour Me Assane Dioma Ndiaye, les accusés ont fait montre ‘’d’un acte inhumain et dégradant’’. ‘’Ils étaient en service commandé, mais ils ont pris la responsabilité de prendre un véhicule particulier, dépourvu de police d’assurance et surchargé pour introduire dans la malle une personne qui n’avait pas commis une effraction délictuelle encore moins criminelle’’, a-t-il asséné, avant de réclamer la somme de 100 millions de F CFA au titre de dommages et intérêts. Une demande jugée exagérée par l’agent judiciaire de l’Etat.

La défense va faire appel

Mais le substitut Baye Thiam a abondé dans le même sens que le conseil de la partie civile, en laissant entendre que les accusés ont porté atteinte à la dignité humaine de la victime. ‘’Ibrahima Samb est mort de façon atroce et violente avec une sauvagerie, après avoir passé plus de 16 heures dans la malle du véhicule par la faute de ces gens qui ne sont pas des policiers, mais plutôt des bandits, des brigands’’, a-t-il fulminé. Il a ajouté que les accusés, ‘’qui faisaient le roi dans les rues de Mbacké pendant près de trois ans’’, ne méritent aucune circonstance atténuante. Ainsi, il a demandé que le quatuor passe le restant de leur vie en prison, en requérant les travaux forcés à perpétuité, sous le regard avisé du Procureur général de la Cour d'appel de Thiès, Boubacar Albert Gaye et Premier président de ladite Cour, le juge Henri Grégoire Diop, par ailleurs, président de la CREI, qui ont assisté au procès.

A la suite du maître des poursuites, la défense a pris la parole pour dire que les policiers n’avaient aucune intention de donner la mort et qu’il s’agit d’un accident. Un accident qui leur vaut 10 ans de prison et la radiation. C’est pourquoi leurs avocats ont décidé d’interjeter appel.

FATOU SY

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