Publié le 22 Jul 2020 - 18:21
OUSSEYNOU DIOP, MEURTRIER DU TAXIMAN IBRAHIMA SAMB

‘’Le coup de feu est parti tout seul’’

 

Après plusieurs revois, le procès d’Ousseynou Diop pour le meurtre du chauffeur de taxi Ibrahima Samb, s’est tenu hier, devant la chambre criminelle. Il risque 20 ans de réclusion criminelle.

 

‘’Qui se frotte à lui, s’y pique’’. Voilà comment la famille proche d’Ousseynou Diop le voit, d’après l’enquête de moralité. Le businessman et réalisateur du téléfilm ‘’Nandité Yi’’ s’est certainement cru dans une de ses œuvres cinématographiques. Ceci dit, le scénario serait plutôt dans la catégorie drame. Pour avoir fait un tir de sommation suivi d’un autre dans le pneu du taxi de la victime Ibrahima Samb, avant de lui loger une troisième balle dans la tête. Il a répondu de ses actes, hier, devant la chambre criminelle.

Revenant sur les faits qui se sont déroulés le soir du 27 octobre 2016, vers 21 h, à la station Shell de Yoff, sur la route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, Ousseynou Diop explique : ‘’On a eu un choc à la station. Je suis descendu de mon véhicule pour voir l’état des dégâts et je lui ai balancé qu’il devait faire plus attention à sa façon de conduire. Sur ces remarques, il m’a insulté de mère et m’a empoigné pour me dire que la route ne m’appartenait pas.’’ Il poursuit : ‘’Ne supportant pas ces injures, je lui ai donné un coup de tête et de poing, et j’ai constaté que je l’avais blessé à l’arcade droite. La bagarre s’est enchaînée de plus belle et d’autres chauffeurs de taxi sont venus nous séparer. Pendant que l’un d’eux me poussait dans ma voiture, les autres disaient qu’il était trop facile de me laisser partir. Le taxi d’Ibrahima me barrait le passage et deux autres derrière pour m’empêcher de faire marche arrière.’’

C’est dans ces circonstances, selon Ousseynou, qu’il a pris l’arme qu’il gardait dans sa boite à gants, pour faire un tir de sommation qui a fait fuir les autres chauffeurs et un autre dans l’un des pneus du taxi d’Ibrahima. Le président de la chambre lui a demandé, pourquoi il avait tiré dans le pneu, puisqu’il pouvait juste faire marche arrière, le passage étant dégagé. L’accusé de répondre qu’il voulait éviter qu’Ibrahima le poursuive.

Le juge l’a également interrogé sur sa lucidité, au moment des faits. Le prévenu s’est défendu qu’il était en pleine possession de toutes ses facultés, sans préciser s’il avait consommé de l’alcool ou pas.

Et pour ce qui est du tir fatal, Ousseynou a prétendu qu’il regagnait sa voiture, mais a entendu la victime hurler qu’il allait le tuer et pendant qu’il se retournait, la balle est partie toute seule et il s’est affalé : ‘’Je n’ai pas expressément tiré sur lui. Mon doigt était encore sur la gâchette. Le coup est parti tout seul. Je n’ai jamais eu l’intention de lui ôter la vie’’, a regretté l’accusé.

Or, les témoins appelés à la barre ne sont pas du même avis. Le pompiste Ousseynou Senghor a déclaré sous serment les avoir, à plusieurs reprises, séparés et qu’ils étaient tous les deux déterminés à se battre. Il a aussi soutenu avoir vu Ousseynou tenir en respect Ibrahima avec son arme sur la tempe, le menaçant de l’abattre et n’a vu aucun autre chauffeur venir prendre part à la bagarre. Pour finir, le témoin a expliqué qu’il a entendu le coup de feu et s’est automatiquement retourné pour voir que le chauffeur était à terre.

Selon Bassirou Diakhaté, Ousseynou puait l’alcool et a insulté en premier le taximan. Il a témoigné que seuls leurs pneus s’étaient touchés, puisqu’ils avaient freiné à temps. Lui, soutient avoir vu l’accusé tirer sur son protagoniste à la tempe. Il a ajouté que les autres chauffeurs de taxi n’y étaient pas, au moment du crime, qu’ils sont venus après. Sur la même lancée, Bécaye Ndiaye a soutenu avoir vu l’accusé abattre Ibrahima Samb.

Amadou Sow, lui, dit qu’il y était au moment de la bagarre, mais avait quitté les lieux avant les coups de feu. Il en est de même pour Diamacor Faye.

La partie civile réclame 500 millions

Après avoir commis son crime, Ousseynou est remonté dans sa voiture pour rentrer chez lui, a relaté les faits à son épouse, pour ensuite, accompagné de sa maman, aller à la brigade de la Foire faire une déclaration. Il raconte qu’une fois sur place, l’agent de permanence l’a entendu et retenu sur place pour prévenir le commandant de brigade. Le chef de poste lui a également laissé passer un coup de fil à son frère, qui lui a ramené l’arme du crime ainsi que son autorisation de port d’arme encore en cours de validité, au moment des faits.

Le mis en cause a ajouté qu’environ 20 minutes après, les sapeurs-pompiers sont venus à la brigade et l’un d’eux lui a annoncé le décès d’Ibrahima Samb.

Un décès qui a détruit plusieurs espoirs. Thiane Faye, la maman éplorée de la victime, qui se dit morte à l’intérieur, pour avoir perdu le seul fils qu’elle avait. Aïssatou Samb et Ndèye Fatou Samb, les sœurs d’Ibrahima. Sans oublier une fiancée avec qui la victime devait se marier, alors que la date avait déjà été fixée.

Les conseils de la partie civile ont réclamé 500 millions dont 300 millions pour la mère et le reste pour ses sœurs, ainsi que le franc symbolique pour le syndicat des chauffeurs de taxi.

Le parquet, dans ses observations, a souligné que l’intention de tuer était manifeste, puisque, selon lui, l’accusé pouvait juste s’en aller, mais s’est senti offensé. ‘’La victime n’était pas armée et la route était dégagée. Mais il a préféré aller prendre son arme pour donner un coup à bout portant sur Ibrahima’’. Le procureur a ajouté qu’Ousseynou, comme l’a décrit sa mère et son frère, ne se laisse pas faire et ne laisse rien passer. Donc, n’a pas de retenue. L’avocat général a qualifié l’homicide de volontaire et a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Cependant, la défense a tenté d’écarter la préméditation et l’intention coupable. Elle a sollicité de disqualifier l’assassinat en coups mortels. Ousseynou Diop sera édifié sur son sort, le 4 août.

FAMA TALL

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